4,5
Publiée le 7 décembre 2014
Bardé de lourdeurs, d'évidences, de clichés et de clinquant, "Mommy" est malgré tout un grand film par la manière énergique, vivante dont Xavier Dolan se permet de tout se réapproprier. Dès lors, sa jeunesse n'a rien à voir avec un quelconque génie précoce, mais avec un plaisir et un besoin vital de filmer qu'on ne ressent plus tellement dans nos salles.
4,5
Publiée le 19 octobre 2014
Dire que Mommy, le film choc de la rentrée cinématographique, est l'oeuvre d'un cinéaste de 25 ans à la maturité d'un réalisateur accompli est un euphémisme. Xavier Dolan montre sa force dans la description d'une psychologie féminine parfaitement cernée à travers deux personnages féminins qui existent vraiment. Leur ambiguîté ne sera d'ailleurs jamais totalement levée : la voisine au mystérieux traumatisme passé qu'elle garde en elle mais qui est près de sortir, dévoilé par des troubles d'expression du langage, une mère au coeur d'or toujours prêt à aimer mais si fragile et dont l'ultime pathétique explosion est exceptionnelle.. Les deux actrices jouant ces rôles auraient pu repartir avec le prix d'interprétation à Cannes. Ce qui fait aussi la force de ce film brillant, digne d'un John Cassavetes, est l'alternance permanente entre les nombreuses scènes de violences physiques et verbales et l'humour qui provient principalement d'un langage très travaillé. Un langage navigant entre le français, la patois québécois et l'américain. Cette alternance donne toute sa force au film en boostant un rythme quasiment jamais démenti. La volonté d'un format carré, inhabituel, provient de la volonté de Xavier Dolan de filmer au plus près ses acteurs, de les cadrer en exacerbent l'émotion ressentie par le cinéphile. Seul l'onirisme vecteur du bohneur élargit le cadre. L'amour est ce qui compte le plus mais, comme il est dit lors d'une scène capitale du début de Mommy, il ne peut pas tout. Mommy est un film majeur qui donne autant envie de pleurer de rires que d'émotion, le meilleur de son cinéaste si attachant.
4,5
Publiée le 7 octobre 2014
C'est impossible de parler de Mommy sans en réduire l'impact. Les émotions débordent le cadre des mots, les sensations vaporeuses ne se laissent pas attraper en quelques voyelles ou en quelques consonnes, Mommy est un film qui dépasse le cadre de l'explication posée, il y a ce qu'on peut en dire, il y a ce qu'on peut en écrire, il y a les résumés qu'on peut en faire ou les avis qu'on peut en donner mais rien, jamais rien, ne permettra de rendre la nuance, la richesse, la profondeur, la beauté, la violence, l'humanité, les sentiments, tout se mélange, explose, devient poussière et se dissipe entre les mots, toute l'essence du film se faufile entre ce qu'on en dira et ce qu'on en a ressenti, jusqu'à ce que les larmes vous pétrifient, par surprise, sur Céline Dion ou sur le choix entre une tarte ou un crumble.

Toute tentative de rationalisation est vaine parce qu'elle est vouée à l'échec. Tout explication posée et argumentée ne sera qu'une trahison de tout ce que vous avez pleuré, ri. Mommy est de cette race, rare, de cette race dont les mots ne suffisent pas. Vivez Mommy. Célébrez Mommy. Eprouvez Mommy, laissez les émotions s'envoler, laissez les flotter en vous, laissez-les s'insinuer, laissez leur une place, sans jamais chercher à les réduire, à les nommer ou à les classer, et puis regardez la lumière qui les traverse : c'est sombre, c'est lumineux, c'est infiniment triste, c'est prodigieusement drôle.
4,0
Publiée le 10 octobre 2014
Dans un chapitre intitulé "hyperkinésie et absentéisme", un psychanalyste théorisait le lien entre ce que l'on place sous le vocable de l'hyperactivité et une possible dépression maternelle sous-jacente à l'agitation forcenée de l'enfant cherchant à réanimer sa mère. Ce que nous montre Xavier Dolan dans ce film émouvant, poignant, brusque, remuant semble accréditer la thèse de cet analyste. Derrière l'agitation se loge souvent la mort, le désespoir et la volonté de lutter. La bande annonce était finalement très bien faite, en nous montrant Xavier Dolan à Cannes, c'est comme si on allait le voir comme personnage principal du film, il n'en est rien. Le cinéaste recourt à un acteur, qui incarne remarquablement son rôle. Ce qui est bouleversant dans ce film, c'est l'importance des mimiques faciales des personnages : le fils, la mère et l'amie, dont le bégaiement entraine également des manifestations faciales. Là où Dolan vise juste également, c'est dans l'irrespect prêté aux symptômes de chacun, dans la violence, qui dissimile l'humanité derrière les manifestations de prestance. C'est bien d'avoir entendu à travers la bande annonce du film le message d'espoir prononcé à Cannes, cela impulse un élan pour le spectateur. Mommy, c'est aussi l'éclairage porté sur le traitement et sur la crainte, pour ne pas dire la terreur de la violence au Canada. Enfin, j'entendais en entrant dans la salle une spectatrice se plaignant de l'orthographe du titre, que ne permettait pas de dire "Mummy" et où l'on entendait "momie"...
4,0
Publiée le 17 septembre 2014
La mère (Anne Dorval) et son fils (Antoine-Olivier Pilon) sont deux personnages hauts en couleurs, qui vivent leurs vies avec intensité. Plein d’énergie, ils parlent fort, communiquent avec franchise, quitte parfois à choquer. Ils sont bourrés d'énergie, ce sont deux volcans en éruption.
Ils vont sympathiser avec leur voisine (Suzanne Clément), qui elle est plutôt dans le genre volcan d'Auvergne, c'est à dire introvertie, et plutôt solitaire : même au sein de sa propre famille, elle semble effacée, non indispensable.
L'une a besoin d'un coup de main pour gérer son fils, l'autre y trouve l'occasion de se sentir utile, de reprendre confiance en elle et de se sociabiliser. C'est ainsi qu'ils vont sympathiser..

Ces trois personnages vont donc faire connaissance, se lier, vivre des moments d'euphorie (comme lors d'une soirée 'Celine Dion') et des moments plus difficiles lorsqu'il va falloir gérer les réactions imprévisibles du jeune, et faire face aux conséquences de ses actes.

Oui. Vous avez bien lu. Céline Dion est dans la bande-son en effet. Il fallait le préciser car curieusement aucune mention d'avertissement à ce sujet ne figure sur les affiches (et pourtant nombreux sont les phobiques de Céline Dion).
C'est sans doute un moyen pour Xavier Dolan de revendiquer son patriotisme. Ajoutons à cela les expressions locales et le fort accent, nous n'avons plus aucune doute sur la Quebecoiserie de l'oeuvre (heureusement d'ailleurs qu'il y a les sous-titres).

Pour revenir au sujet du film, c'est une histoire humaine, une histoire d'amour mère-fils, de solidarité, où l'héroïne est incontestablement cette mère courage, qui fait tout ce qu'elle peut pour s'en sortir.
On ne peut que l'admirer, même si on se doute que son tempérament de fonceuse un peu vulgaire puisse être en partie à l'origine des problèmes psychologiques de son fils.

J'ai bien aimé le scénario, assez simple et réaliste, avec un montage qui laisse une part de suspense.
Réaliste oui, sauf pour l'hôpital psychiatrique, où l'usage de la camisole est à priori révolu tout de même.

Le format d'image vertical est un peu surprenant au début, mais on s'y fait.
La plupart du temps, la magie opère (comme dans cette scène située dans le futur qui fait penser au final mythique de Six Feet Under), mais la bande son est parfois un peu lourde avec des vieux "tubes" radiophoniques un peu ringard comme White Flag de Dido, Blue de Eiffel 65, ou Wonderwall de Oasis.. Il faut aimer..

En tout cas, Xavier Dolan est un réalisateur à suivre.
Il a seulement 25 ans, et ce film (son cinquième) est bluffant de maturité.
4,0
Publiée le 11 octobre 2014
Dans une interview à Télérama, le jeune prodige du cinéma québecois Xavier Dolan affirmait être hypocondriaque, avoir "tout le temps peur de mourir ou de ne plus pouvoir [s']exprimer". Est-ce la raison pour laquelle il enchaîne les films à une cadence effrénée et qu'à 25 ans seulement il présentait au dernier festival de Cannes son cinquième opus filmique, "Mommy", à présent sur nos écrans? Quoi qu'il en soit, ce qui est sûr, c'est que la profusion de ses réalisations ne nuit en rien à leur qualité. "Mommy" est un film impressionnant de maîtrise et de virtuosité, qui méritait amplement le prix du jury qui lui fut accordé à Cannes.
C'est aussi un film qui passionne par le sujet qu'il aborde, celui de la filiation, des rapports compliqués entre mère et fils. Dans un Canada légèrement anticipé, où l'on a promulgué une loi autorisant les parents à placer en institution leur enfant turbulent, Diane (Anne Dorval) doit récupérer son fils adolescent Steve (Antoine-Olivier Pilon), un garçon perturbé, hyperactif, capable de soudains accès de violence et usant sans complexe du dialecte local (le joual), un mélange de français et d'argot des plus truculents!
Etrange "famille", d'autant plus étrange qu'intervient, assez rapidement, une énigmatique voisine, Kyla (Suzanne Clément), qui, délaissant quelque peu son mari et son enfant, s'attache à nos deux éclopés au point de s'incruster, comme on dit, dans leur vie. Son calme et sa présence apaisante la font non seulement accepter mais désirer. Ainsi se forme le curieux trio que Xavier Dolan fait évoluer dans des scènes contrastées, faisant alterner de grandes crises avec de grands bonheurs, des larmes et des joies, des angoisses et du bonheur (ou un semblant de bonheur).
L'amour est là, bien présent, mais, comme on s'y attend quand on a affaire à des écorchés vifs, il s'exprime souvent de façon maladroite et non sans ambiguïté. Tout au long du film, on s'interroge, par exemple, au sujet de l'amour réel de Kyla pour Diana et son fils: comment peut-elle aimer à ce point ces deux-là alors que, dans le même temps, elle semble délaisser presque totalement sa propre famille?
Xavier Dolan, en réalisateur malin et talentueux, donne des pistes mais se garde d'infliger des explications. Il enchaîne scènes fortes et scènes plus paisibles, le plus souvent avec bonheur, mais avec, de temps à autre, une scène un peu trop étirée, nous laissant nous débrouiller avec ses personnages truculents et énigmatiques. Il use d'un cadre étroit qui enserre les personnages, mais qui soudain s'élargit pour faire place aux scènes les plus heureuses du film. Il ose des scènes lyriques d'une grande beauté à la fois visuelle et sonore. Il impose des scènes violentes et des dialogues très verts... Son talent de metteur en scène est indéniable et il séduit, même quand il est quelque peu excessif! 8,5/10
4,0
Publiée le 11 avril 2019
Mommy montre les relations d'une mère et son films atteint de TDAH. C'est un film profond et fort émotionnellement.
On voit les moments d'espoir de la mère qui aimerait que la situation change puis on revient à la dure réalité.

Il faut regarder ce film pour les sentiments qui y sont développés et pas pour l'histoire en elle-même (dès le début, on connait ou plutôt on se doute de la fin).
4,5
Publiée le 28 octobre 2014
Brillant. Xavier Dolan a du talent et il nous le montre entièrement dans Mommy, un long-métrage à la fois émouvant et perturbant. Ce réalisateur a toujours eu le don d'accorder beaucoup d'importance à tous ces petits détails trop souvent oubliés par les gros studios et qui font pourtant la beauté du cinéma. Un bon éclairage, de bons acteurs, des dialogues minimalistes, un bon directeur de la photographie et j'en passe. Mommy est donc simple, il est beau, il est passionnant et il est vrai. L'idée du 4:3 transformée pendant la projection en fonction de l'état psychologique de la famille est formidable. Je ne l'aurais pas reproduit, ou en tout cas je ne l'aurais fait qu'une seule fois, et il est probable que je n'aurais pas fini de la même manière (c'est un peu long à certains moments) et que j'aurais davantage développé le troisième personnage qui me paraît crucial mais qu'importe, Mommy reste un des meilleurs films de l'année, si ce n'est le meilleur. A voir absolument. 4,5/5
Retrouvez moi désormais sur sens critique ! /Rotten_Tomatoes
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 28 octobre 2014
Et pourtant tout part de rien. Un simple film revendicatif, visant à "prouver" qu'une loi récemment passée n'est qu'une abominable erreur, les vicissitudes d'une vie de famille complètement perturbée, le retour d'un enfant qui n'a pas grandi, une mère qui, elle-même, semble dépassée par son rôle, et dont on ne sait plus très bien qui d'elle ou de son fils est le plus atteint, et est le plus dangereux pour l'autre. Mais la caméra de Dolan exaspère, filme à grands traits, à coups de plans fixes audacieux, de gros plans agités, de mouvements déséquilibrés, jusqu'à procurer, dès le départ, face au gouffre qui s'offre à nous, matérialisé par un écran resserré, une impression de vertige. Avec la platitude d'un récit soumis, dès le départ, par une simple indication scénaristique, à l'absence de surprise, se marient les cris de joie, et de désespoir, l'extravagance du jeu, et des sentiments, l'impression d'un tourbillon dans lequel nous sommes pris, et auquel il nous sera désormais impossible d'échapper. Le génie de "Mommy" est là: il n'y a pas opposition entre ces deux tendances, il pourrait même apparaître complètement inapproprié de les exhiber ainsi. Le film opère un fantastique mélange, auquel l'on peine encore à croire, révélant l'extraordinaire spectacle dissimulé sous la réalité des choses. Mieux, bien plus qu'un mélange, il s'agit d'une réconciliation,, réconciliation entre la vie et la réalité, entre l'amour et la haine, entre l'oppression de femmes complètement écrasées sous le poids du rôle social qui leur est conféré, et les magnifiques rôles qui pour elles ont été écrit, des rôles qui rappellent, au hasard, le génie d'un Mizoguchi. "Mommy" est une explosion poétique.
4,5
Publiée le 12 août 2016
Un véritable petit chef d'oeuvre.
La réalisation est parfaite, le jeu du trio de tête est bluffant.
Tout est réussi, sur le fond et la forme.
Bravo.
4,0
Publiée le 25 juin 2015
Un très beau film qui traite de sujets forts tels que la tolérance, l'émancipation et la difficulté d'une mère à élever son enfant TDAH. Je ne connais aucun film à ce jour qui traite du TDAH. Xavier Dolan est le premier à avoir entrepris cette démarche et il le fait avec beaucoup de talent, ce film est touchant et très juste dans sa manière de montrer les rapports mère-fils et ce besoin irrépressible du fils d'être accepté tel qu'il est dans une société où justement la différence est une tare.
4,0
Publiée le 29 avril 2015
Superbe film, émouvant et singulier. On notera en priorité le jeu exceptionnel des acteurs et en particulier A.-O. Pilon. La réalisation est très soignée et le cadre 1:1 s'offre plutôt bien à ce qu'en a fait Xavier Dolan, à savoir surtout embellir les portraits. C'est original, étonnant à voir comme cela, mais j'espère qu'il s'agira d'un essai unique qui ne deviendra pas sa nouvelle marque de fabrique. Il ne faudrait pas commencer à solliciter le syndrome de la vidéo verticale si tristement en vogue avec les smartphones...
4,5
Publiée le 10 août 2015
Que ça fait du bien de voir un grand film. Une B.O. très belle. des acteurs naturel et cela fait mouche. Un scénario très touchant. Des plans et des choix artistiques originaux et talentueux. Un film absolument à voir
4,0
Publiée le 5 septembre 2015
beaucoup d'émotion tout le long du film, tant dans la bonne humeur que la tristesse. le portrait de cette Québécoise face à son fils instable et violent est mis en scène de belle manière. les 3 acteurs principaux sont à la hauteur d'une œuvre pas comme les autres.
4,0
Publiée le 12 août 2015
Un film osé sur un sujet difficile, des acteurs de qualité et une mise en scène permettant de faire passer une bonne palette d'émotions, on en redemande.
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