4,0
Publiée le 25 octobre 2014
Si l'on a beau avoir eu quelques doutes à propos de Xavier Dolan après la vision de certains de ses films par le passé, force est de reconnaitre qu'avec "Mommy", il frappe un grand coup. Et même si l'on y retrouve la plupart de ses thèmes fétiches (notamment l'ineffable mère), on ne peut en sortir sans ressentir l'effet d'une nette innovation, d'un virage artistique se mettant soudainement en place. Fait significatif, le cinéaste signe un long-métrage où d'une part pour l'une des rares fois il ne figure pas (ou très peu) et d'autre part à la durée beaucoup plus longue que les précédents, laissant ainsi la place à une plus ample construction de son récit. Beaucoup plus sobre et posé, celui-ci est un modèle de rythme et d'écriture, comportant à la fois de belles tranches d'émotions, mais surtout une cruelle faculté à instiller à la gorge le malaise et la rogne. Si l'ensemble n'est pas parfait et contient encore quelques dérives pathos, que ce soit sur le plan dramatique ou esthétique, on reste quand même stupéfait par sa grande audace libertaire. Son meilleur film et sans doute un tournant dans sa carrière.
4,0
Publiée le 8 octobre 2014
« J’ai tué ma mère », « Les Amours imaginaires », « Laurence Anyways » et « Tom à la ferme ». A 25 ans, le réalisateur québécois Xavier Dolan dispose de ce carré d’as impressionnant et réussi comme filmographie. Aucun n’est un chef d’œuvre, aucun n’est parfait mais tous sont bons, sincères et ont une âme et un style cohérents qui n’appartiennent qu’à lui. Son dernier opus, sélectionné à Cannes, va certainement le mettre à la lumière et le sortir du carcan du cinéma auteuriste branché mais limité dans son exploitation au grand public. Il est tout aussi bon que les précédents, mais non empreint de quelques défauts. Notamment, dans un trop-plein de générosité, il a du mal à couper au montage, surtout dans la dernière partie, et la psychologie des trois personnages peut sonner cliché quand bien même elle passe bien et nous émeut. Un fils malade et imprévisible, une mère fantasque mais aimante et une voisine qui devient seconde mère pour pallier à un trauma difficile : ce triangle relationnel à géométrie variable est beau, touchant, vrai. Les trois acteurs qui les incarnent y sont pour beaucoup et donnent tout à la caméra de Xavier Dolan. Les actrices Suzanne Clément et Anne Dorval, fidèles du jeune homme, ont confiance en lui et cela se sent. On sourit également beaucoup grâce à l’excellence de dialogues vulgaires parfois, mais tellement drôles et naturels. Certains reprochent au jeune prodige des affèteries de style comme ces longs passages clippesques au ralenti sur de la musique pop. Mais ils sont tellement réussis, mélangeant poésie et mélancolie, qu’ils en deviennent partie intégrante de son œuvre. On ne peut donc lui en vouloir. C’est comme si on reprochait à Woody Allen ses personnages misanthropes et psycho-rigides ou ses génériques sur fond de jazz ! « Mommy » est juste un beau film doté d’imperfections qui le rendent maladroit parfois mais toujours attendrissant. Une tragédie fragile sur une double relation mère-fils qui augure du meilleur pour l’avenir du réalisateur et très certainement bientôt son chef d’œuvre.
4,0
Publiée le 12 décembre 2024
Prix du jury (Cannes 2014), " Mommy" reprend vaguement le scénario du premier titre du jeune prodige du cinéma canadien, Xavier Dolan " j'ai tué ma mère" (2009).

Ici, une mère de famille élève seule un fils adolescent. On comprend que l'agitation extrême de ce dernier, ses sautes d'humeur sont certainement dûes à un trauma lié au couple dysfonctionnel de ses parents.

Plus policé que " j'ai tué ma mère" ( Anne Dorval interprète la mère dans les deux titres : elle y est excellente), " Mommy" est aussi mieux filmé et monté.

Aucun temps mort, de nombreuses scènes sont absolument formidables, on a ici affaire à un très grand film sur le sujet.

Xavier Dolan n'est ici pas loin de certains opus majeurs de Maurice Pialat, dans cette capacité à traduire, avec une précision ontologique, l'instabilité de caractère et des troubles de la personnalité.

Voilà un titre à propos duquel mon avis à varié. En le revoyant, je me demande encore comment j'ai pu passer à côté en le visionnant lors de sa sortie en salles. Vraiment très fort.
4,0
Publiée le 15 septembre 2015
Un très bon film canadien réalisé par Xavier Dolan. Une histoire tragique et émouvante, un trio d'acteur excellent, un film à voir tout simplement.
4,5
Publiée le 26 octobre 2014
Après un petit temps d'adaptation au format 1/1 qui est vraiment magnifiquement utilisé par Dolan, on tombe sous le charme de ce trio DIE/Steve/Kyla, interprétés par des acteurs au top. Kyla qui est vraiment pour moi Le personnage principal du film tant la prestation de Suzanne Clément au bégaiement si charmant m'est restée en mémoire même longtemps après la vision du film. Une merveille, on passe du rire aux larmes et on ne voit pas les 2h20 passer et surtout, on se met à écouter honteusement Céline Dion "On ne change pas" (la séquence l'utilisant étant un des nombreux sommets du film). Génial.
4,0
Publiée le 13 octobre 2014
Il faut avouer une chose, Xavier a du talent, incontestablement. Ce film peut ne paraître pas très original sur le fond mais si on s'y penche d'un peu plus près, on peut se dire que ce n'est pas le cas. Histoire à la fois très touchante et à la fois très dure car les scènes sont mélangées. Donc d'un moment à l'autre, tout peut éclater. La ou le réalisateur est fort, c'est qu'il arrive avec n'importe quelle situation, à nous identifier à celles ci. En ce qui concerne les acteurs, franchement je ne crois pas avoir vu un jeu d'acteur aussi bon depuis au moins 5 ans et pourtant j'ai vu une ch*er de films dans ma vie de tous genres et de toutes époque. Ils sont naturels, spontanés, perçants ... en fait ils sont tous, vraiment impressionnants. Bande originale se mêlant parfaitement avec toutes les scènes malgré, parfois, un manque d'originalité (mais c'est pas très grave). Superbes images avec de beaux plans, des ralentis, un format de filmage qui n'est pas standard, enfin bref techniquement c'est du grand art. Là ou je suis étonné c'est que Dolan est encore très jeune et qu'il est né pour faire ça. Même moi qui ne me laisse jamais submergé par les émotions, ni par la violence, le sang ou n'importe quoi ... j'avoue que certains passages ne m'ont pas laissé indifférent et je dirai même que j'avais des fois les yeux qui brillaient. Pour me faire faire ça, il faut y aller donc il a tapé très fort et surtout là ou ça fait mal. De plus, d'un côté nous avons la relation mère-fils très fusionnelle et très spéciale à cause d'un tas d’événements et en plus la relation qu'ils entretiennent avec la voisine qui devient leur amie est très décalé et à la fois pas tant que ça. En fait "Mommy" m'a fait penser à ma (jeune) vie et celle que j'ai pu mené avec ma mère (qui n'a pas été de tout repos même si ce n'est pas le même contexte) et je pense que j'ai été imprégné à cause/grâce à ça. Je reproche une seule chose à ce long métrage, le fait que vers la fin, il y a quelques scènes en trop car je pense que l'on aurait pu réduire et rester sur quelque chose de fort. Vous comprendrez quand vous l'aurez vu car il mérite d'être vu sincèrement. Un très bon film sans aucun doute/ 14/20.
4,0
Publiée le 23 juillet 2017
Un film qui fait parler et un réalisateur adoubé par les critiques: le spectateur est prévenu. Il pourra apprécier dans celui-ci des acteurs bouleversants de sincérité, une musique parfaitement choisie, une histoire difficile qui soulève des problèmes de société mais pourra être énervé par ces personnages qui fatiguent et une histoire qui piétinent. A voir malgré tout.
4,5
Publiée le 26 décembre 2014
Xavier Dolan fait du Xavier Dolan. A savoir, rien comme les autres. La tête dure et l'insolence, c'est lui. Céline Dion et Andréa Bocelli remis au goût du jour. Tellement pittoresque que çà en devient généralissime. La distribution y est on ne peut plus parfaite, mais le style lui, n'ai qu'à son éclosion. C'est puissant avec amertume, un peu comme l'effet d'un shoot de vodka. Mais une fois passé, c'est reboostant. Bravo monsieur Dolan. *TOP 4 FILM 2014*
4,0
Publiée le 19 octobre 2014
Après le sidérant « Tom à la ferme », un deuxième film de Xavier Dolan sort sur nos écrans cette année. Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, « Mommy » n’est pourtant pas exempt de maladresses dans sa réalisation (notamment dans le montage de certaines scènes) et baisse légèrement en intensité dans sa deuxième heure. Mais le film parvient à séduire grâce à un élan de générosité hors du commun et à une sincérité incontestable. L’utilisation fréquente de musique pop n’est d’ailleurs jamais là pour relancer un récit qui s’essoufflerait, mais parce qu’elle colle aux états d’âme (parfois extrêmes) des personnages. Ces derniers sont le cœur du film, ceux que Dolan ne contredit jamais et aussi ceux qui nous font vibrer. Et ce qui rend « Mommy » si fort, c’est qu’il traite d’un sujet grave à la fois avec une douleur inévitable mais aussi avec un humour rafraîchissant et jamais cynique. Enfin (et surtout), le film doit beaucoup à ses trois principaux comédiens, d’une justesse parfois bouleversante, avec une mention spéciale à la magnifique Suzanne Clément. Imparfait, original et audacieux: un bloc d’émotion précieux et enivrant.
4,0
Publiée le 27 mars 2015
Une réalisation propre et efficace, un jeu d'acteur sublime, une histoire troublant d'humanité. Les critiques sont unanimes mais justifiées. Bref, un réalisateur au talent exceptionnel.
Si un petit bémol pouvait être apporté à mes élogieux propos, une vingtaine de minutes en moins n'aurait pas du tout nuit à la qualité de l'ensemble, mais aurait certainement apporté une plus-value dynamique.
4,5
Publiée le 12 septembre 2014
J'ai vu un film... en avant-première qui m'a littéralement scotché à mon siège... J'ai été subjugué par cette histoire si émouvante portée par des comédiens exceptionnels et un réalisateur d'un talent rare... Les choix de l'image, des cadrages, et de la perception des personnages au plus près de leurs émotions m'a littéralement catapulté dans un univers où l'amour, la normalité et la folie se côtoient de manière successives... la BO donne une énergie folle à ce film qui déborde de force et de puissance émotionnelle. Les acteurs sont fabuleux et donnent tout à leurs personnages... Anne Dorval, Suzanne Clément, Antoine-Olivier Pilon occupent chaque plan que le réalisateur met à leur disposition. Xavier Dolan est vraiment un maître de la camera, de la lumière et du rythme... Il joue avec nos émotions et notre sensibilité. Bravo et je souhaite à ce film difficile de rencontrer le succès public qu'il mérite.
4,5
Publiée le 26 juin 2014
Le meilleur film du petit génie du cinéma québécois. Dolan fait la synthèse de ses précédentes œuvres et offre une chronique familiale drôle et poignante, qui joue avec tous les clichés pour mieux les transcender.
4,5
Publiée le 6 mai 2016
Critique : Mommy.
Un film touchant, poignant, surprenant. Une histoire crédible avec des acteurs principaux au caractère fort et attachant. Les seconds rôles sont aussi intéressants. Les scènes s'enchaînent et nous emportent de manière efficace. Les plans sont magnifiques, la bande originale est parfaite. Le format écran 1x1 m'agacait au début, mais je m'y suis fait assez rapidement.
4,5/5
4,0
Publiée le 18 novembre 2014
Juste un poil de fiction type anticipation avec un panneau à l’entame du film annonce la couleur. Comment une société doit traiter ses enfants et adolescents violents, impulsifs souffrant de troubles psychologiques ? Comment aider les parents dans leurs difficultés éducatives face à des jeunes difficiles ? Xavier Dolan donne la réponse dans les premières secondes du film avec la possibilité laissée par la loi de faire interner ses enfants sans aucune forme de procès.
La trame narrative, ensuite, met en scène une jeune femme isolée avec la garde retrouvée d’un fils aux troubles violents manifestes et réguliers. Entre difficultés financières, difficultés à se comprendre et difficultés à s’aimer au travers d’autant d’excès d’humeur ; mère et fils vont être aidé, de manière inattendue par une voisine bienveillante elle-même psychologiquement fragile. Ce trio semblable à un champ de ruine fonctionne vraiment bien, chacun pouvant apporter à l’autre une aide dans sa reconstruction. Et oui, c’est du Dolan, il se plaît à charger la mule au maximum. Le pitch est à l’image de son cinéma fait d’exubérances, de performances, du bruits, d’astuces cinématographiques fournies jusqu’à la saturation visuelle, acoustique et émotive. Dans « Mommy » ; il a le mérite, lui l’égocentrique XXL, de ne pas nous porter jusqu’à la nausée de la démonstration grandiloquente de tout son talent dont il a usé dans « Laurence Anyways ». Même si la patte est la même, ce film affiche plus de maturité. Le gars n’a que 25 ans et déjà 5 films à son actif sur des sujets pas faciles. Une telle précocité, énergie, générosité se rapprocherait de ce que l’on a pu voir chez « Baudelaire » ou « Rimbaud » dans un autre domaine.
Ce film plus épuré que « Laurence… » conduit le spectateur dans une grande machine à laver émotive durant plus de 2heures sans alourdir le propos de pathos excessif avec un scénario toujours crédible. Ce triangle amoureux d’un nouveau type nous bouleverse bien souvent ; au plus près des personnages, le spectateur capte tout ce trop plein de sentiments. Dur, cru surtout dans les dialogues et le scénario ; leurs vies sont aussi faites d’espoir et ‘émotions ; tout cela passe bien à l’écran. Auréolé du Prix du Jury à Cannes, le prix vient acter un vrai talent singulier chez lui de faiseur de films plutôt que de metteur en scène. Beaucoup parlent de l’astuce sur la taille du cadre, mais çà reste anecdotique même si très ludique dans la symbolique portée par ces changements de cadre.
Et comment ne pas finir par le trio d’acteur et surtout le duo d’actrice nous entrainant dans un tohu bohu d’émotions crues. Anne Dorval et surtout Suzanne Clément que j’avais découverte et beaucoup aimé dans « Laurence… » auraient bien mérité le Prix d’interprétation à Cannes.
« Bande de filles » et « Mommy » ou comment faire deux films avec deux parties pris artistiques radicalement différents. Taiseux et braillard, distancé et immergé, visuellement soft et m’as-tu vu ; pour servir des sujets de société…
A voir pour répondre à la question suivante : trois existences brisées peuvent-elles par synergie s’aider à leurs reconstructions ? Et c’est aussi ce qui est dur dans le film, les gens brisés n’attirent que leurs semblables mais cela peut-il marcher.
4,0
Publiée le 8 octobre 2014
L’âge ne fait donc rien à l’affaire, car la maturité de cette œuvre est proprement ahurissante. Dolan cerne au plus près (et le cadre ne fait pas tout) les égarements d’un ado, impulsif et violent. Il les inscrit parfaitement dans un cadre familial où les emportements fréquents et de plus en plus insoutenables, de Steve, mais aussi de sa mère, tourbillonnent dans une mise en scène totalement habitée.L'humeur est pourtant parfois drôle, et même légère, car la vie se rattrape toujours d'une manière ou d'une autre. Antoine-Olivier Pilon (le fils), Anne Dorval (la mère), Suzanne Clément (la voisine) constituent ce trio incroyablement vrai, acteurs de ce mélodrame qui affleure toujours, mais ne sombre jamais dans le pathétique. Incroyablement vrais, Cannes auraient pu aussi les distinguer …
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