Un "film à sketches", genre bien oublié et dans la tradition italienne, de "Les Monstres" (1963) et "Les nouveaux Monstres" (1978), que "Relatos Salvajes" ("Récits Sauvages" - platement traduit, mais avec clin d'oeil aux Transalpins, en "Les Nouveaux Sauvages"), réalisé comme le modèle le plus ancien, par un seul metteur en scène ("Les Monstres" était dû au seul Dino Risi). Une tragi-comédie en... 6 tableaux, d'une rare férocité de trait (pour moi, le "2" le moins bon, et le "6", de loin, le meilleur). Une chronique sans pitié de la société argentine (plutôt du côté des nantis), façon Danse macabre, montrant combien la plus policée des collectivités peut, à tout moment, faire "déraper" ses membres, la plupart du temps les plus inoffensifs, les rendre esclaves, pour un instant (ou beaucoup plus), de leurs instincts élémentaires les moins recommandables (vengeance, colère, passion, jalousie, appât du lucre, etc.), les muer de citoyens respectueux, à primitifs déchaînés. C'est du brut, voire du "brutal", pas vraiment un "conte moral", en tout cas classique.... C'est jubilatoire dans l'"hénaurme", admirablement maîtrisé et diversifié - d'un humour délicieusement noir. Le à peine quadra Damiàn Szifron réussit (aussi, seul, à l'écriture, et même, en partie, au montage - excellent) des petits bijoux de cinéma, aussi incorrects (ne pas y emmener un jeune public - risques de "1er degré" !), que revigorants.
La distribution est impeccable - que du bonheur.