Du japonais Kore-Eda, dont l'univers me paraît à la fois subtil et universel au visionnement de Tel père tel fils, je n'avais encore rien vu. Et pourtant je suis un fan de cinéma japonais, dont je vois chaque année environ une dizaine de films. Et je rêve toujours d'un voyage au Japon, ne serait-ce que pour devenir un peu plus radio-réactif ! Un film sur la paternité, donc. Le film a obtenu à cannes le Prix du Jury, comme souvent amplement mérité. Kore-Eda nous dévoile les faces diverses d'un Japon ultra-moderne (culte de la performance du père, qui en est presque inhumain), tout autant que traditionnel (soumission de la mère, humanité de la grand-mère, qui rappelle que les parents nourriciers sont plus parents que les simples géniteurs), au bord de la rupture dès que le paraître s'effondre. C'est ainsi que le jeune Keita, six ans, poli (lisse autant que gentil), avec des parents attentifs (enfin, le père, Ryota, esclave de son travail, n'est pas très présent, mais il n'en est que plus oppressant), voit sa vie bouleversée lorsqu'il doit d'abord pour une nuit hebdomadaire, puis pour une plus longue durée, partir vivre dans une autre famille. C'est que les parents viennent d'apprendre que Keita n'est pas leur fils, il y a eu échange de bébé à l'hôpital. « Ainsi tout s’explique », s'exclame Ryota qui n'a jamais compris pourquoi son Keita lui a toujours semblé un autre être, par trop différent de lui. Keita rencontre donc sa famille biologique, sans qu'on lui explique d'ailleurs de quoi il s'agit : c'est bien connu, les enfants n'ont pas droit à savoir. Inversement, Ryusei, l'autre garçon, fait son entrée dans la famille de Ryota. Keita fait connaissance d'une autre vie, plus pauvre, mais tellement plus vivante, même si aucun père n'est un saint. Une superbe réflexion sur la paternité, les liens du sang…