Une nouvelle fois, Hirokazu Kore-eda, offre dans son dernier film, les rôles essentiels à des enfants. Ils sont rois. Le réalisateur excelle depuis longtemps dans son étude des rapports humains, familiaux aussi. (Nobody knows, le magnifique Still Walking et plus récemment I wish).
Ici, deux familles que tout oppose, vont devoir composer, suite à un malencontreux coup du destin. Les images, souvent glaciales, parfois dérangeantes se succèdent, ponctuant ainsi des tranches de vie qui n'auraient jamais du se croiser. Aucun jugement et encore moins de leçon de morale de la part du réalisateur.
Il y a des moments de doutes, d'incertitudes, de calculs aussi, que rencontre l'un de deux pères, rôle essentiel du film, interprété par Masaharu Fukuyama. À sa froideur, doublée d'une rigidité extrême, viennent s'ajouter les rapports à l'argent. Il va voir ses certitudes s'envoler d'un coup d'un seul. Les liens entre un père et un fils n'existent-ils que par le sang, sont-ils plus forts que tout ? Quand la réponse viendra s'imposer, s'en suivront une magnifique leçon de vie et l'un des moments le plus intense du film.
Les femmes sont bien présentes et ne sont pas réduites aux sourires et à l'inclinaison quasi obligatoire devant leurs interlocuteurs. Fortes de leur amour maternel, deux mères vont finir par se rapprocher en se confiant l'une à l'autre. La moins perturbée n'est pas forcément celle qui semblait avoir un avantage au départ. L'une des deux grand-mères affirme avec simplicité que les liens affectifs restent primordiaux face à ceux du sang. Des femmes justes, respectables, étonnantes de vérité.
Deux mondes. Deux époques, aussi. Mais plus que tout, deux enfants, Shôgen Hwang et Keita Ninomiya, qui eux, sont les plus forts et vaincront là, où les parents ont trébuché.