La seule vertu de ce film est de nous rappeler que si, parfois (rarement), le talent peut se transmettre de père en fils – à condition de changer d’activité, voir les Renoir ou les Guitry –, cela ne marche pas au cinéma : fils d’un excellent réalisateur, Pierre Schoendoerffer, qui faisait des films sérieux et beaux, son fils Frédéric est un incapable sur tous les plans.
D’abord, un bon réalisateur n’aurait jamais imposé à son acteur principal un jeu de scène inutile et voyant, comme de lui faire mâchouiller une allumette tout au long du film. Très vite, le spectateur ne voit plus que cela et cesse de s’intéresser à l’histoire. Ensuite, aucun bon réalisateur n’accepterait de tout filmer en gros plans, jusqu’à la caricature (les yeux, le nez, les mâchoires de ses acteurs), et saurait qu’on doit économiser aussi bien les gros plans que les plans généraux, afin de les utiliser à bon escient. Enfin, aucun bon réalisateur d’admettrait des images constamment instables, inconvénient résultant directement de cette manie de filmer en caméra portée. Revoyez quelques grands films classiques, jamais vous n’y verrez ce style de prise de vue.
Et le scénario, qu’il n’a pas écrit mais a certainement supervisé ? À force de le vouloir ingénieux, on l’a fait tarabiscoté, jusqu’au ridicule. Jugez-en : un commissaire de la Brigade de Répression du Banditisme, sous la menace que des truands font peser sur sa femme
(qu’il trompe, d’ailleurs, comme dans TOUS les films policiers)
et sur sa fille étudiante, est obligé, via un dossier fabriqué par lesdits truands, de sortir de sa prison le patron de ces malfrats. La loi permet, nous dit-on de le garder à vue quatre jours, mais c’est le commissaire qui sera gardé à vue par les bandits, et la hiérarchie policière, ne sachant rien de tout cela, ne bougera pas
– sauf une de ses collègues, qui a tout compris
. À la fin du film
, le chef des bandits, ayant successivement abattu son propre avocat et ses quatre complices, sera flingué par... sa propre fille, qui se trouve être la maîtresse du policier.
Le but de toute cette machination : faire parler le commissaire, afin qu’il donne le nom de l’indicateur qui a dénoncé à la police l’horrible malfaiteur.
Et on appréciera le retournement de situation : personne ne l’avait dénoncé, mais le policier avait entendu une conversation téléphonique du malfrat à... son petit-fils de six ans, où il s’excusait de ne pouvoir venir à sa fête d’anniversaire, parce qu’il avait « quelque chose d’important à faire » – comprenez : un hold-up. On ne nous dit pas comment la police a su où et à quelle heure le hold-up aurait lieu, petit détail pourtant indispensable pour l’arrêter...
Autre détail qui montre comme la mise en scène a été bâclée : le prisonnier est gardé enchaîné à son lit de camp, mais rien n’a été prévu – ce qui aurait été capital dans la réalité – pour qu’il puisse satisfaire ses besoins naturels : pas le moindre saut hygiénique dans les environs. Quatre jours dans cette situation ? Je sais, le détail est trivial, mais quand on prétend filmer une histoire réaliste, on veille à tout. Ou alors, on filme une comédie musicale.
Et puis, Sylvie Testud ne devrait plus accepter de rôle de policier. Déjà, dans « Avant l’aube », en 2011, son personnage était le seul qui trimballait son pesant de comique involontaire.