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mazou31
98 abonnés
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2,5
Publiée le 15 août 2013
C’est Buñuel, alors on lui pardonne beaucoup mais il n’empêche qu’il a été meilleur ! Ce film reste très surfait et démodé. Critique débridée et loufoque de la bourgeoisie, de ses conventions et ses lourdeurs sociales — mais fallait-il imposer ces lourdeurs au film et à la mise en scène —, le film s’étire péniblement dans des situations, réelles ou oniriques, à peine drôles et des jeux d’acteurs cabotins. Buñuel y flingue toutes ses obsessions (l’Église, l’armée, le fascisme, le sexe) sans grand brio et la satire tombe dans l’ennui. Comme on dit dans le Sud-Ouest, « ça eut plu » !
Un film curieux et terriblement prétentieux, mais qui ne manque pas d'intérêt. Sans jamais perdre de vue son objectif principal, qui est de n'en avoir aucun, Bunuel réalise un film sans aucun sens, qui erre et se perd, sans tenue et constamment déroutant. Tout cela est fait avec une certaine lourdeur, et souvent de façon maladroite. Cette lourdeur est-elle le reflet de la bourgeoisie dont les conventions et l'ignorance sont ici acidement dénoncées ? Est-ce une volonté du cinéaste ?... bah, on s'en fout et lui aussi.... ou plutôt non, il met un point d'honneur à ce qu'on y comprenne rien, ce qui relève d'un narcissisme éprouvant. Je préfère quand Bunuel explore la névrose et la déviance en laissant la part belle à ses personnages. Au final, le film se contente ici de son dispositif,plutôt intéressant il est vrai, mais assez vain.
Une œuvre corrosive et totalement surréaliste,qui intervint dans la fin de carrière en France de Luis Bunuel. Michel Piccoli,Bulle Ogier et Stéphane Audran par exemple,sont présents dans "Le Charme discret de la bourgeoisie"(1972). Trois couples n'arrivent jamais à dîner ensemble pour des raisons plus absurdes les unes que les autres. Des personnages prennent la parole à des moments incongrues. Des images perturbantes sortent de nulle part. Bunuel semble dire qu'il ne s'agit que d'une pièce de théâtre grandeur nature. Il n'y a pas grand chose à comprendre. Cette abstraction n'est clairement pas pour moi la garantie d'un grand film.
Venu dans l'Hexagone finir sa filmographie (après un retour d'exil du Mexique et alors que Franco, dirigeant de sa patrie, était à l'agonie), Luis Bunuel réalisa en 1972 "Le charme discret de la bourgeoisie", satire décapante des moeurs de personnages hautement placés dans la société, le tout teinté d'un surréalisme inspiré. Tout commence comme une comédie noire et grinçante un peu théâtrale où les dialogues remarquablement écrits s'enchaînent à un rythme élevé. La mise en scène se veut prudente au premier abord, reculée jusqu'à revendiquer un académisme à l'ancienne, celui des films bavards des années 40. On peut trouver cela sommaire tout en appréciant à leur juste valeur des situations croustillantes servant un propos anti-bourgeois virulent et cynique dont beaucoup se délecteront (moi le premier). Puis, les cibles se diversifieront et comme d'habitude, l'Eglise comme l'armée prendront quelques savoureux bons coups derrière les oreilles. Ce qui ne devait être qu'une comédie sociale devient tout à coup une formidable fable surréaliste narrant une succession de rêves tous plus absurdes et savoureux les uns que les autres. Pas effrayé par l'excès ni les redondances (bien lui en a pris, autant s'assumer tel que l'on est), Bunuel parsème son récit d'ellipses et retours en arrières troublants, quitte à tomber (pour ceux qui ne seraient pas fans) dans la lassitude. Idem en ce qui concerne quelques révélations masquées par un "truc" primaire et utilisé trop facilement. "Le charme discret de la bourgeoisie" traîne sans aucun doute de petites lacunes. Il n'empêche qu'il demeure l'un des films les plus réussis et les plus emblématiques de son auteur, ne serait-ce que par la finesse des flèches tranchantes qu'il distribue sans arrêt ou par la beauté de ses images donnant une poésie touchante et honnête à d'intelligentes séquences maniant enjeux esthétiques et psychologie un peu tordue avec un brio indéniable. Idéal pour se lancer dans la riche filmo du grand L. Bunuel.
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1,0
Publiée le 26 février 2014
Qu'il semble loin le temps où la camèra de Luis Bunuel ètait en ce sens impitoyable! Dans "Le charme discret de la bourgeoisie", les situations classiques du thèâtre bourgeois, les conversations de salon et l'adultère nous sont montrès dans leur « naturel » , avec une fèrocitè tranquille! Reste que ce film inclassable de 1972 paraît bien surestimè! Comme quoi un immense metteur en scène et un casting prestigieux (Fernando Rey, Jean-Pierre Cassel, Michel Piccoli, Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Stèphane Audran...) ne font pas toujours un grand film car derrière les civilitès de bourgeois attablès se cachent la froideur, l'ègoïsme, la mèchancetè...et la dèception! Mais où classer cette oeuvre et ces incessants va-et-vient dans l'imaginaire que reprèsente ce pètard mouillè ? Peut-on donc, dans ces conditions, ignorer Bunuel au chapitre de l'humour noir, de la comèdie grinçante espagnole ? Certes pas depuis ses deux derniers films que sont "Le charme discret de la bourgeoisie" et "Le fantôme de la libertè" qui rèvèlent un Bunuel toujours iconoclaste mais dont les armes ont malheureusement changè! A la fureur provocante de jeune surrèaliste en colère du "Chien andalou" et de "L'âge d'or" en 1928-1929, aux convulsions morbides et fantastiques d'une sociètè en agonie dans "L'ange exterminateur", "Le charme discret de la bourgeoisie" substitue le registre familier du thèâtre de Boulevard, en situant la bourgeoisie et sa morale de bazar dans leur perspective et en choisissant d'en faire rire! Mouais [...] Rèel, irrèel, surrèel se mêlent ici et ne font pas bon mènage, comme pour montrer que tout ce petit monde ne doit finalement pas être pris plus au sèrieux qu'il ne convient, et qu'avec ses rites, ses codes, ses lieux privilègiès, son fonctionnement autocaricatural dans la non-action, la non-conversation et la non pensèe, il se dètruit lui-même par le ridicule...
Inspiré du surréalisme et du culte de l'absurde, Bunuel réalise un film choral nettement supérieur aux semblables du genre, qui plus est dans un huit clos constant ( dans plusieurs salles à manger ) ; il dresse une moquerie des classes bourgeoises, reprochant l'hypocrisie ( la dispute entre Piéplu et Ray ), le mauvais goût ( le chapeau de Napoléon ). Il brise les séparations entre le réel et le rêve, où finalement, à la fin, nous ne savons plus quelle situation s'est vraiment déroulée. Il use également du son comme élément perturbateur, dont il se sert pour cacher l'absence de raisons aux actes. Au delà des dialogues et gags farfelus, il y a une critique de l'armée et des comportements snobs. Le film n'a pas d'histoire à raconter, il n y a que ce charme de la critique, du rabaissage des hautes classes et une réalisation efficace.
Voici un veritable OFNI dans lequel je n'ai strictement rien compris si ce n'est que 6 bourgeois n'arrivent jamais a diner ensemble : si c'est ca la critique ascerbe de Bunuel envers cette classe sociale bah soit je suis un vrai debile qui n'a aucune education ni la moindre connaissance sur la vie ou alors il ne sait pas transmettre ses idees.Quel gachis tous ces bons acteurs qui se retrouvent dans des roles raides a debiter un texte sans interet.Peut etre que dans le contexte de l'epoque (1972) ce film a eu une portée + grande et une certaine puissance contestataire mais franchement aujourd'hui voir un militaire fumé un joint n'a plus rien de choquant.Aucun humour,pas de rythme et ce repas qui se repete sans cesse ,a oublier tres vite.
Certes, "Le charme discret de la bourgeoisie" est une caricature de la bourgeoisie, de l’armée et de l’église. A cet égard, le film est moins réussi que ne pouvait l’être "L’ange exterminateur": la caricature y est souvent simpliste et l’on y retrouve pas la finesse de ton et d’esprit du film mexicain. On sent bien que c’est autre chose, au-delà de la satire, que veut exprimer le cinéaste. Malgré que les personnages soient détestables (trafiquants, méprisant envers les couches sociales plus modestes, assassins même), Buñuel les filme avec empathie, ce qui nous les rend malgré tout assez sympathiques. Plus le film avance, plus les situations cocasses se succèdent: les rêves s’enchaînent (qu’ils soient racontés ou directement transposés à l’écran), et un motif récurent semble se dessiner nettement: la mort. La mort hante "Le charme discret de la bourgeoisie", elle est de chaque séquence, si bien que tout le film peut se voir comme le passage dans la mort d’un groupe d’amis bourgeois, peut-être assassinés (comme la dernière scène du film le laisse penser). Un plan "hors contexte" qui apparaît à 3 reprises, et qui montre les 6 personnages marchant sur une route de campagne serait alors représentatif de ce passage vers la mort. Ces personnages n’auraient pas tout à fait conscience de leur mort et habiteraient une sphère mentale commune dans laquelle ils tenteraient désespérément de vivre, ce qui se matérialiserait par cette obsession de se nourrir. L’omniprésence de la mort s’accompagne de la volonté des personnages de s’alimenter, de boire, de baiser même. Ce rapport nourriture/mort évoque un autre film italien, "La grande bouffe" de Marco Ferreri. Mais là où le film de Ferreri était une vaste métaphore sociale, très virulente, le film de Buñuel se veut onirique, si bien que la dimension artistique, surréaliste et même poétique de l’œuvre devient largement prépondérante, pour notre plus grand plaisir. A mon sens, le meilleur film de la période française de Buñuel.
Quelle moquette a donc fumé Buñuel pour nous infliger un tel ratage ? Buñuel se trompe de cible en critiquant la bourgeoisie, ce n'est pas la bourgeoisie qui est exaspérante, c'est le genre humain dans son ensemble, mais on lui aurait volontiers pardonné ce parti pris si cela avait été fait avec efficacité, or ce n'est pas le cas. C'est bavard, lourd (voire lourdingue et le recours au rêve comme procédé de narration est pénible), ça ne va nulle part et on a aucune empathie pour les protagonistes (même si c'est fait exprès), et certaines scènes sont carrément aussi inutiles qu'ennuyeuses (les rêves des militaires). Un film qui n'apporte rien. A sauver la scène de galipettes entre Audran et Cassel et juste un doigt d'humour surréaliste (ce qui ne fait pas grand-chose)
Souvent dans le viseur du cinéma décalé de Luis Buñuel, les conventions sociales de la bourgeoisie sont ici traitées à travers une série de saynètes où l’on retrouve à chaque fois trois couples de nantis sur le point de passer à table. Des situations toutes plus abracadabrantes les unes que les autres vont donc empêcher ces six individus antipathiques, tous interprétés par des acteurs habitués aux extravagances du réalisateur espagnol, de commencer à manger. Un concept singulier et une mise en scène à la fois surréaliste et théâtrale qui font de cette comédie une curiosité qui semble intéressante à découvrir mais qui, malheureusement, ne tient pas ses promesses en matière d’humour. Aussi surprenantes soient-elles, aucune des histoires n’est réellement drôle et seuls les quelques dialogues qui soulignent l’hypocrisie des personnages donnent un peu de mordant à cette chronique sociale où l'on se perd entre rêve et réalité.
Buñuel présente ici avec cynisme et non sans succès les derrières de la bourgeoisie. Il manie très bien le comique de situation en créant une histoire sans queue ni tête qui réussi plus ou moins à faire perdre pied au spectateur. Les tréfonds des âmes de ces bourgeois coincés, révélé par leur rêve le plus fou. On sourit de nombreuses fois. Le film est plaisant et passe comme une lettre à la poste. Ni plus ni moins.
"Le charme discret de la bourgeoisie" est un excellent Buñuel constituant une belle critique des habitudes bourgeoises et d'une certaine frustration. Le film est parfois difficile à cerner tant l'intrigue peut apparaître comme étant insensée mais c'est le surréalisme qu'il balade dans sa filmographie qui fait le charme du réalisateur, avec une réalisation minutieuse.
Bunuel ausculte avec humour et une pointe d’acidité les travers d’une certaine bourgeoisie proprette sur elle en façade et qui derrière… Pour ça, il s’entoure d’un beau casting international avec une belle floppée d’acteurs français, l’italienne Milena Vukotic, l’espagnol Fernando Rey. Tous sont excellents dans leurs rôles, hauts en couleurs, détestables pour la plupart mais sympathiques malgré tout, avec, pour ma part, une mention spéciale pour Stéphane Audran, Milena Vukotic (laquelle tire son épingle du jeu avec un simple second rôle) et Fernando Rey, qui s’amuse avec gourmandise en ambassadeur corrompu d’une dictature bananière. Même les seconds rôles ont une vraie folie qui leur permet d’exister. Cette galerie de personnages apportent tout le sel d’un film qui par ailleurs est souvent drôle, quoiqu’assez décousu. En réalité, on est presque plus dans un film à sketch, enchainant des situations qui vont explorer les travers de ce groupe d’amis très douteux en vrai ! Leurs mœurs sont décortiquées le long d’un fil conducteur autour d’un repas qu’ils n’arrivent jamais prendre. C’est amusant, léger, un peu fantastique, souvent pertinent. On passe un bon moment. Maintenant, faut avouer que ça manque un peu de fluidité, que la narration imbriquée avec des films dans le film complique un peu les choses et c’est sans parler de l’intervention de l’absurde à plusieurs reprises. Le film est un peu foutraque, et on pourra parfois se trouver un peu lasser des flash-backs qui reviennent de plus en plus souvent au fil du film. Formellement, c’est très efficace. Les décors sont beaux, variés, on plonge aisément dans ce petit monde bourgeois. C’est beaucoup filmé en intérieur, mais ça ne pose pas souci. Bunuel s’amuse avec gourmandise du côté vaudevillesque de certaines scènes, et apporte tout son savoir faire en la matière. En revanche, il faut reconnaître que la bande son ne retient pas l’attention. En conclusion, je dirais que ce film très sympathique s’appuie quand même beaucoup sur sa galerie de personnages pour convaincre. On appréciera de même son humour, sa dénonciation légère des mœurs bourgeoises, son ton satirique qui font du film un objet divertissant. Maintenant, on ne peut s’empêcher de voir une certaine légèreté dans l’écriture générale, de voir parfois les procédés amusants tomber dans la redondance facile, avec une multiplication de scènes inutiles qui, relevant d’un théâtre de l’absurde rigolo au début, semble, à la longue, être là pour faire durer le film plus de 90 mn. 3.5
Au tournant des années soixante-dix, Luis Buñuel qui n'est pas sans ignorer que le temps lui est compté de pouvoir parachever son œuvre, profite à plein de son retour en France et de sa collaboration avec Jean-Claude Carrière pour laisser libre cours à l'inspiration surréaliste qui lui avait permis d'éclore au monde en 1929 avec "Un chien andalou". Si le réalisateur ne s'en est jamais vraiment laissé compter, il a toujours admirablement su se fondre dans les cinémas que son nomadisme l'a amené à côtoyer. En France justement, la Nouvelle Vague et mai 68 ont laissé la place avec l'arrivée de Pompidou au pouvoir à une bourgeoisie certes à nouveau légitimée mais tout de même encore un peu chancelante. Le cinéma n'est bien sûr pas en reste pour humer et retranscrire l'air du temps. C'est la grande époque de deux cinéastes très concernés par les tourments de cette classe sociale malaimée à laquelle personne n'admet vraiment appartenir. Claude Sautet venu de l'assistanat et passé à côté de la Nouvelle Vague met parfaitement en scène ses états d'âmes tandis que Claude Chabrol issu du mouvement précité auquel il a activement contribué avec Truffaut, Godard et Rohmer, ausculte de manière caustique et souvent féroce les petites perversions de la bourgeoisie provinciale qu'il connaît bien. Buñuel qui outre ses obsessions liées à l'onirisme et au fétichisme s'est constamment dressé en pourfendeur de la bourgeoisie qu'il associe étroitement au pouvoir dans sa volonté de museler l'expression des classes populaires, ne peut que se retrouver dans le cinéma des deux hommes. Il va donc en épouser les contours pour faire éclore une trilogie, fruit d'un cinéaste en pleine maturité qui se libère de toute contrainte. Pour être complet, il faut rappeler qu'au même moment l'Italie n'est pas en reste avec des cinéastes comme Elio Petri ("Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon" en 1970) ou Marco Ferreri ("L'audience" en 1971, "La grande bouffe" en 1973) qui livrent des pamphlets incendiaires sur la corruption, la morgue et l'inanité des institutions de leur pays. C'est le producteur Serge Silberman qui donne au réalisateur une totale liberté pour ces trois films foisonnants aux retombées commerciales plus qu'incertaines et parfaitement inenvisageables dans le système de production actuel. "Le charme discret de la bourgeoisie" est le deuxième de la trilogie et sans aucun doute le plus célèbre grâce à l'Oscar du film étranger qu'il récolta en 1973. Toujours fidèle à sa marotte d'observer la frustration à travers un homme ou un groupe "N'arrivant pas à ....", Buñuel à partir d'une anecdote livrée par Serge Silberman imagine trois couples de bourgeois incapables de mener à son terme un repas toujours empêché ou interrompu par un évènement aussi impromptu qu'iconoclaste. Ici ce sera le couple d'hôtes pris d'une irrésistible envie de faire l'amour qui provoque le départ des deux autres couples, là ce sera un militaire en campagne qui débarque à l'improviste dans le salon, ailleurs ce sera un restaurant où le cadavre du patron qui vient de mourir trône à côté de la salle de réception. Entouré de toute la garde rapprochée de Chabrol et Sautet que sont les Piccoli, Audran et Cassel, de son acteur fétiche Fernando Rey ou de Paul Frankeur le vieux complice de Gabin, Buñuel en profite pour moquer gentiment ses trois institutions favorites que sont l'église, l'armée et la police. Le ton franchouillard au possible, reflet du mauvais goût vestimentaire et décoratif de l'époque révèle un Buñuel caméléon, capable de s'approprier tous les univers cinématographiques ambiants allant de Mocky à Fellini en passant par Chabrol, Sautet jusqu'à Oury ou même Jacques Besnard et Jean Girault, pour faire éclore un feu d'artifice typiquement bunuélien qui brave le temps. En effet, Nombre d'émissions télévisuelles de divertissement actuelles ne nous montrent-elles pas ces anciens bourgeois devenus "bobo", livrant des anecdotes croustillantes sur leurs vies libérées de toute contrainte tout en se restaurant, contribuant ainsi à faire monter la rancœur d'une frange de la population condamnée à rester derrière la vitrine ? Une morgue tellement consubstantielle à cette classe dominante qu'elle en devient inconsciente au point de prendre le risque de générer par elle-même une lutte des classes qu'elle redoute tant. Buñuel n'aura eu de cesse sous tous les auspices et sous tous les horizons de dénoncer ce comportement qu'il exécrait. Comme des canards sans tête, les six bourgeois du "Charme discret de la bourgeoisie" marchent comme de pauvres hères perdus sur une route de campagne à la fin du film de Buñuel. Quarante cinq ans plus tard, ils ne semblent toujours pas avoir trouvé leur chemin.
Un des sommets de la dernière période -française- de la carrière de Luis Bunuel. Même au bout de 40 ans le film n'a pas perdu de sa force corrosive. Dénonciation tragi-comique de l'hypocrisie du monde bourgeois, Bunuel met en scène un intelligent ballet entre scènes réalistes au bord de l'absurde et incursions dans le monde du rêve, dont on ne se demande toujours s'il s'agit de la réalité ou pas. Certaines situations restent gravés en mémoire: l'échappée "crapuleuse" de Stéphane Audran et Jean-Pierre Cassel, alors que les invités attendent au salon, la visite de l’évêque (Julien Bertheau) qui demande a être embauché comme jardinier, les derniers sacrements ordonnés par l'évéque à un jardinier qui s'avère être l'assassin des parents du premier, le cocktail chez le colonel (Claude Piéplu), l'arrestation de tout ce petit monde pour trafic de drogue, et la dernière scène impayable... Comme d'habitude Bunuel égratigne en règle l'église au travers du personnage de l'évèque, incarné avec malice et talent par Julien Bertheau, lui-même soumis aux conventions et à au propre égoïsme de sa caste d'origine, "en assassinant son propre rêve" ... Chaque personnage est très bien écrit, leur psychologie personnelle dénonçant un ou plusieurs travers que Bunuel et Carrière veulent dénoncer: le couple Audran/Cassel, prétentieux et conformiste, reçoivent toujours dans le seul but d'afficher leur "réussite sociale", le couple Seyrig/Frankeur, toujours accompagné de Bulle Ogier, soeur de Delphine Seyrig, sont à eux trois de véritables pique-assiettes mondains, Bulle Ogier, elle, caractèrise l'alcoolique mondaine un peu "blonde" qui n'a pas grand chose à dire d'intéressant et Fernando Rey, l'ambassadeur/trafiquant de drogue, a finalement le personnage le plus détestable, le plus veule et le plus comique, en fanfaronnant à qui veut l'entendre que son pays est une démocratie, voir un paradis, alors qu'on y assassine a tour de bras et qu'on y accueil des criminels nazis en fuite qu'il "trouve" raffiné... A travers lui, Bunuel règle ses comptes avec les dictatures sud-américaines voir l’Espagne, décrites comme des républiques bananières et corrompues... Le personnage le plus riche ?! Certainement, avec l’évêque... Au delà de la bourgeoisie, il s'agit surtout d'une farce féroce sur ceux qui détiennent le pouvoir et les institutions dirigeantes (église, politique et armée), à milles lieux des préoccupations du "petit peuple" que tous méprisent au plus haut point...