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Max Rss
196 abonnés
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1,0
Publiée le 23 mars 2019
En six ou sept ans d'intérêt certain pour le cinéma, jamais je n'avais un film de Luis Bunuel. Alors je m'étais dit que dés que l'occasion se présenterai, je la saisirai en vol. Chose faite et mes yeux ce sont posés sur ce « Charme discret de la bourgeoisie » un des films les plus connus du cinéaste espagnol. Et que ma déception fut grande face à un objet aussi mal fichu. D'accord, Bunuel fustige les mœurs des grands bourgeois et se plaît à les tourner en ridicule, mais que c'est mal fait. Ce film n'est sauvé que par son casting au diapason : de Paul Frankeur à Fernando Rey en passant par Jean-Pierre Cassel. Des comédiens ; aussi bons soient-ils ne peuvent pas faire grand chose s'il n'y a pas de matière gravitant autour de leurs personnages. Bunuel a t-il fait de meilleurs films que celui-ci ? Sans doute, et je l'espère même... Me voilà assez refroidi...
Alors bien entendu, les bourgeois en prennent plein la tronche, les militaires sont des atrophiés du bulbe, et le clergé est d'une hypocrisie sans nom. Des lieux communs me direz-vous. Mais que voulez-vous, Bunuel a du mordant et son surréalisme, qui ferait presque penser à un Beckett euphorique (impensable, me direz-vous!), permet de lever la pesanteur potentielle qui frappe souvent les critiques sociales. Une vraie réussite.
Étrange film.... Pourtant on se plaît à suivre le déroulé de leur vie. C'est un mélange assez baroque de fantastique, d'humour britannique et de comédie bouffonne. Il y a certainement des messages cachés qu'il faut décrypter: par exemple lorsque le groupe des 6 marche sur la route sans un mot, d'un pas décidé. Assez incompréhensible mais loufoque.
C’est le bréviaire surréaliste et anarchiste de la critique de la bourgeoisie au cinéma. D’une liberté absolue, d’une audace folle. Totalement déroutant et pas toujours saisissable. Luis Buñuel (accompagné au scénario par Jean-Claude Carrière) opte pour une forme de radicalité narrative qui a ses fulgurances géniales et ses écueils. Pas de psychologie, pas de sociologie, pas de vraisemblance, pas de frontière nette entre rêve et réalité. Les personnages sont sans consistance, simples pantins ridicules, manipulés dans le cadre d’une satire caustique voire féroce des conventions et mœurs bourgeoises. Pas de progression dramatique classique, mais une suite d’épisodes qui répondent à différentes formules : répétitions (le rituel du dîner mondain), récits à tiroirs… L’anarchie de la narration vient déstructurer un ordre social qui existe sans fondement véritable. Et le surréalisme vient mettre à nu par l’absurde des codes sociaux qui ne sont que vanité et vacuité, représentation et hypocrisie. Et qui cachent bien des petitesses. Cette mise à nu donne des scènes mémorables (notamment celle où les bourgeois se retrouvent sur une scène de théâtre) mais tourne aussi parfois au jeu de massacre gratuit. Quant à l’intrusion de récits de rêves, elle est d’un impact certain, souvent sidérant de violence, mais renforce aussi le côté décousu et fourre-tout du film. Cela dit, l’ensemble demeure absolument cohérent dans la filmographie du réalisateur, plus précisément dans le sillage artistique et thématique de L’Âge d’or et de L’Ange exterminateur.
Drôle de satire, qui a largement influencé "le sens de la vie" des Monty Python, où d'insupportables bourgeois tentent de dîner malgré divers imprévus. Au début c'est amusant mais le principe devient rébarbatif et ennuyeux. Critiquer les bourges ok, sans raconter de réelle histoire pourquoi pas. Mais en noyant le spectateur dans d'incompréhensibles méandres anti-tout, c'est finalement pénible. Dommage.
Ce film de Bunuel est très français,par ces acteurs et des lieux de filmage très banlieue ouest de Paris des années 70. La réputation d'être un pamphlet corrosif contre la bourgeoisie, et pourquoi pas au passage contre l'armée et l'église, n'est plus justifiée aujourd'hui. D'autres films ont attaqué de manière beaucoup plus frontale ces institutions depuis cette époque. Il reste donc une comédie agréable, avec quelques trouvailles hilarantes (l'aubergiste récemment décédé, Pieplu expliquant l'usage de la marijuana dans ses troupes), et un traitement habile des frontières floues entre le rêve et la réalité. Il y a même un rêve dans le rêve, ce n'est toutefois pas Inception de Nolan, avec trois niveaux de rêves imbriqués les uns dans les autres! Comparaison n'est pas raison, mais la même année, sortait Le Parrain... Le nouvel Hollywwood avait pris un train d'avance sur le cinéma européen post-soixante huitard. Cinéclub - janvier 18
En ce qui me concerne, peut-être que trop d'absurde tue l'absurde. C'est en tous cas ce qui s'est passé avec le film de Luis Buñuel, qui malgré une idée de départ intéressante ne ma jamais transporté.
Un regard acerbe sur la bourgeoiserie mais dont la forme ne parle qu'à certains intellectuels pour qui chaque scène est métaphorique à une idée politico-social. Moi je n'y ai vu qu'un film sympathique mais sans plus, un peu prétentieux sur les bords et dont on en ressort un peu lessivé de n'y avoir pas tout compris. Une impression un peu désagréable de passer pour un abruti...
Cet opus de Buñuel a débouché de deux pannes d'écriture ; une sur le titre, sans importance, et l'autre, plus grave, sur le scénario. Cela explique le léger n'importe quoi et les cahots de l'histoire. Le réalisateur a comme toujours plein de choses fascinantes à dire, mais le peu de clarté du propos combiné à cette maladresse rend la forme assez ennuyeuse.
Le titre est un spoiler – difficile de prévenir pour celui-là. Le film va nous parler d'un charme tellement discret qu'on ne le voit que de l'intérieur. Pour le spectateur, le « charme discret » va prendre toutes les formes imaginables de l'hypocrisie, au point que les personnages sont aveuglés par elle. Ils ne se rendent plus compte des griefs légitimes qu'ils pourraient porter, et sont anesthésiées à la beauté. Alors s'il y a un mort dans la salle voisine du restaurant, si un autre restaurant n'a plus ni café ni thé ni rien d'autre que de l'eau, ou bien si un militaire leur avoue un meurtre sous la forme d'une histoire fascinante au demeurant, la réaction appropriée ne peut être qu'un calme poli. C'est là qu'il faut être affûté lors du visionnage, car malgré l'analyse géniale que cela force, l'explicité n'est pas au rendez-vous et les répétitions du petit manège distingué des protagonistes sont vraiment rébarbatives.
Quand à l'apport d'explicité amené par le mémorable rêve du théâtre (où les bourgeois en question se retrouvent pour dîner mais découvrent qu'ils sont sur la scène d'un théâtre et oublient leurs lignes), il est discutable ; trop de détail tue le détail, point trop n'en faut, et caetera. L'image est belle, mais il y en a d'autres qui nous suffisent largement ; par exemple, le prêtre dont la vertu et la gentillesse ne sont pas discutables qui asssasine le meurtrier de ses parents après lui avoir donné l'absolution, c'est une scène quasiment indécryptable ; était-ce justice ? Était-ce meurtre ? Était-ce pêché ? Était-ce vertu ? Après tout, il absolvait l'homme, qui était promis à la mort, alors l'accélérer n'importait pas... mais alors quelle utilité ?
Le Charme discret de la bourgeoisie est peut-être un peu trop forcé pour sonner juste, mais peut-être Buñuel se rendait-il compte de l'intérêt qu'il y avait de le sortir quand même. En tout cas, moi, je l'ai vu. La métaphore finale, accompagnée de bruits de pas dignes d'une sesssion d'ASMR, de la prison des bourgeois qui tournent en rond dans leur élégance, je l'ai vue aussi. Une œuvre difficile à noter.
Je connais peu Bunuel et je voulais, depuis longtemps,découvrir ce film. Grosse surprise. Bunuel est un joueur! S'écartant de la simple critique sociale qui pourrait peser sur le film, le réalisateur nous ballade dans un univers fait de fantaisie, d'onirisme, de légèreté en suivant toujours la même trame : un groupe d'amis essaye, en vain, de terminer un repas. Jean-Claude Carrière, grand ordonnateur scénaristique de ce banquet jouissif, rivalise de saynettes toutes aussi cocasses et inattendues, et nous régale de ses dialogues faussement candides. Ce film est un régal jubilatoire à consommer sans modération.
Ce film a bientôt cinquante ans !! Il n'a pas vieilli d'un cil. Absurde, incroyablement drôle et désinvolte (bunuel se fout totalement des règles narratives) le film réjouit sans cesse. Ce qui est le plus génial c'est qu'on a même pas besoin de chercher de sens au récit. Casting : quasi tous les meilleurs acteurs de l'époque. Indispensables.
Un des derniers film de Buñuel, dans la tradition surréaliste ou plutôt celle de « l’absurde » , qui lui était cher . Mais l’effet de surprise n’est plus là, et la faiblesse du scénario nous donne une sensation de « déjà vu », voire une odeur de naphtaline. Un groupe de bourgeois un peu déluré cherche à organiser un dîner ensemble, mais les occasions seront manquées ou souvent rêvées et elles partent alors en délire, sensées nous surprendre ou nous choquer. Avec en apothéose un des dîners où la grande table fait face à un grand rideau rouge, que l’hôtesse va soudain ouvrir et qui dévoilera une scène de théâtre , où les invités font face à un public : probablement la meilleure scène du film, devenue culte. Les hommes semblent bien sous tous rapports mais sont en fait des grand trafiquants de cocaïne, et ainsi de suite. Satire de la bourgeoisie, de l’église, un archevêque ouvrier /paysan ridicule, de la bienpensance , mais tout cela ne parait pas bien méchant, un peu mollasson , avec un air de « déjà vu ». Les acteurs sont tous excellents, prouvant la grande capacité de directeur d’acteur de Buñuel ; on a plaisir à retrouver les excellentes actrices : Stéphane Audran , Bulle Ogier et Delphine Seyrig un peu oubliées aujourd’hui, formidables dans leur posture de fausse rigidité. Piccoli et surtout Pieplu et Jean -Pierre Cassel (quel grand acteur, son fils à de qui tenir) , sont excellents et tous les seconds rôles sont formidables. Pas un des meilleurs Buñuel, mais typique et représentatif de sa personnalité.
Luis Bunuel nous sort un film comme il en existe peu, sorte de satire bourgeoise réel ou irréel? On ne sait pas trop sur quel pied danser. En effet, les aller et retour entre réalité et chimère sont incessants et nous perdent littéralement mais que c'est amusant!! Enormément d'humour jalonne de nombreuses scènes du film, j'ai vraiment passé de bons moments. De plus, nous avons une production de rêve avec des acteurs renommés tels que Delphine Seyrig, Bulle Ogier, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Michel Piccoli et l'excellent Claude Piéplu. Ce long métrage de Bunuel est empli d'une inventivité incroyable, c'est vraiment rafraichissant car vraiment novateur. Une très belle oeuvre signé Bunuel
« Le charme discret de la bourgeoisie » est une dissection entomologiste de la bourgeoisie, ses rites et ses castes associées que sont l’église et l’armée. Suivant la tentative de tenir un repas entre amis, annulé à chaque fois pour des raisons ou évènements plus ou moins absurdes, Luis Buñuel et Jean-Claude Carrère livrent une suite de séquences d’une drôlerie parfois irrésistible, le sommet étant la scène du théâtre avec le chapeau de Napoléon, le rideau qui s’ouvre sur la salle, se terminant avec Henri Sénéchal (Jean-Pierre Cassel) soufflant et suant : « Je ne connais pas le texte ». Non seulement le propos est constamment pertinent dans son ironie mordante, mais le film est remarquablement inventif, poétique dans l’onirisme, drôle, enlevé et parfaitement maîtrisé. Cette construction très méticuleuse et très travaillée du script s’accompagne d’une mise en scène au minutage parfait. Mélangeant le fantastique (la mort, les fantômes, le décor) à la réalité du quotidien avec une soudaineté surprenante, il n’hésite pas à aborder hypocrisies et paradoxes. Ainsi sa galerie comprend l’ambassadeur trafiquant de drogue, la nymphomane et son mari catalogue vivant de truismes, la femme adultère et son monsieur je sais tout de mari, la sœur intellectuelle donneuse de leçon, le prêtre-jardinier, le militaire épicurien et le ministre gardant l’entre soi du pouvoir. Ils sont interprétés par un casting haut de gamme (Fernando Rey, Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Delphine Seyrig, Paul Frankeur, Bulle Ogier, Julien Bertheau, Claude Piéplu, Michel Piccoli) parfaitement dirigé par le réalisateur. Sur le principe de la répétition cher au cartoons et plus tard à Blake Edwards dans les Pink Panther, le cinéaste n’hésite pas a mélanger tous les genres : politique, social, sociétal, militaire, érotisme, théâtre filmé, comédie, fantastique, film noir, onirisme, poésie et enfin road movie, errance à pied au milieu de nulle part. Le tout dans un dosage qui frise la perfection. Ce chef d’œuvre n’amène qu’un seul regret : au bout des 102 minutes nous en voulions encore.