David Ayer, avant de sortir le pétard mouillé qu'est "Suicide Squad", a sorti "Fury", un film de guerre intense. Avec ce long-métrage, David Ayer change la mise en scène qu'il avait pour "End of Watch" et offre une œuvre vraiment cinématographique avec des travellings et plans fixes contemplatifs. Toutefois, la réalisation ne bouleverse pas le genre et devient vite redondante. La caméra ne fait pas de folie, mais David Ayer exploite très bien son parti pris. Il filme l'horreur de la guerre comme on l'a rarement vu au cinéma, certaines scènes sont d'ailleurs assez gores. Le film montre que la guerre est dure, choquante et sans concessions, et cela fait du bien. David Ayer distingue son long-métrage des autres œuvres de ce genre et le classe parmi les meilleurs.
Nous suivons donc une équipe de soldats américains dans un tank (représentant une certaine société dans laquelle s'entraident les hommes), nous immergeant dans cette seconde guerre mondiale. L'histoire nous happe et change ses personnages. En tant que spectateur, on s'identifie plus au jeune Norman (incarné par Logan Lerman), nouveau perdu au sein de ces déchirements humains. Brad Pitt ("World War Z"), Shia LaBeouf ("Nymphomaniac"), Jon Bernthal ("Daredevil") et Michael Peña ("Gangster Squad") l'accompagnent et le subordonnent, chaque acteur maitrise parfaitement son rôle, livrant des séquences fortes et dures. Si le film est pourvu de quelques longueurs et la fin est quelque peu irréaliste, l'ensemble reste fascinant à suivre de bout en bout. Les scènes de combats sont très bien retranscrites et d'un réalisme hallucinant, la tension est parfois à son paroxysme. Cependant, David Ayer pose son œuvre avec des scènes plus intimistes et légères, notamment avec les deux jeunes allemandes. "Fury" est intense, impressionnant et pour ma part d'une force mémorable ; ne tombant pas dans un manichéisme brute (la dernière scène). Si le message religieux est lui aussi très fortement appuyé avec les antihéros que nous suivons, il ne m'a pas pour autant dérangé lors du visionnage. Reste néanmoins que le message que veut faire passer le metteur en scène est confus. La guerre n'a pas de sens, elle est sanglante et détruit des vies certes, mais le chemin de réflexion qu'amène "Fury" ne me parait pas posé.
La musique contribue aussi à cette atmosphère immersive et pesante que propose le long-métrage. Composée par Steven Price (II), cette musique accompagne bien le film et est bien utilisée. Si les scènes de combats misent sur le silence et la tension, ainsi que quelques bruitages sonores, la BO s'insère parfaitement dans les autres séquences. Malheureusement, les thèmes ne marquent pas, excepté celui de la bande annonce. Les effets spéciaux et maquillages sont quant à eux saisissants, la retranscription de l'époque est remarquable.
"Fury" est émouvant, bien mise en scène et va au bout de son parti pris, je me suis pris une claque visuelle intense. Si quelques défauts sont présent, il ne reste pas moins très bon et à regarder, notamment pour se réconcilier avec David Ayer et voir qu'il est un bon réalisateur.