Le Cabinet du docteur Caligari est un classique du cinéma muet, et du cinéma expressionniste allemand en particulier. C’est en effet un métrage audacieux sur la forme, et avec un retournement dans le récit original, mais on est nettement en-dessous de l’excellent Golem par exemple, pour une période et une aire géographique similaire.
Le scénario est un peu terne. L’histoire n’est pas vraiment passionnante en soit. Ça se laisse suivre, puisque le film est court, mais ça reste trop elliptique, il manque de vrais moments forts, sauf peut-être la fin, la fin qui reste le meilleur moment du film. On se rend compte en effet que le récit est audacieux, surtout pour l’époque. Cela n’enlève pas grand-chose au fait que pendant 1 heure on suit un récit qui manque de relief et de force. Il aurait sans doute fallu plus de longueurs, et faire en sorte que les rebondissements s’enchainent de façon plus fluide, et avec davantage de relief.
Le casting est correct, mais ce n’est pas un atout majeur pour le métrage. Il y a quelques célébrités du temps comme Conrad Veidt, et dans l’ensemble les acteurs sans retenir outre mesure l’attention joue avec assez de force pour convaincre. Surtout, le réalisateur insiste beaucoup sur les visages, ce qui de suite permet davantage de percevoir les émotions, les expressions. Il y a un léger surjeu parfois, mais c’est un aspect plutôt positif dans le cinéma muet. Je préfère cela que la tendance bien plus gênante du monolithisme, ce qui affadi rapidement un film où les paroles ne peuvent rien apporter.
Le meilleur aspect du Cabinet du docteur Caligari ça reste la forme, très réussie, quoiqu’elle m’a moins convaincu, là aussi, que d’autres films expressionnistes allemands, dont Le Golem. La photographie est bonne, les décors originaux, tout en obliques et en diagonales, mais ça manque de finesse dans les détails, et la mise en scène, bien que souvent ingénieuse, a une tendance un peu frustrante de trop privilégier les gros plans. Si cela a le mérite de mieux percevoir le travail des acteurs, en revanche on a un peu de mal à sentir l’ambiance urbaine, à profiter des décors, et il y a souvent cette sensation un peu pénible de se trouver à l’étroit dans le cadre ! Cela étant, il faut avouer que ce film a une vraie esthétique originale, une ambiance sombre bien installée, des atouts certains.
En clair, Le Cabinet du docteur Caligari est un film singulier, mais n’est pas le meilleur du genre. C’est sûr que le rebondissement final est un grand moment, qui donnerait des leçons à pas mal de suspens actuels et qui explique finalement bien des choses dans le métrage, et puis l’esthétique est audacieuse. Mais il manque une narration plus fluide, plus d’intensité, le film aurait pu davantage exister sur 1 heure 10 plutôt que de concentrer son effort sur la fin. Je donne 3, compte tenu des bons et mauvais points évoqués.