Muriel est un film que je voulais voir depuis longtemps, sans avoir jamais eu l’occasion, ayant entendu sa réputation très positive.
Et bien, si je ne parlerai pas du tout d’un « feel-good movie » comme certains le dise, en revanche je soulignerai que c’est en effet un excellent film.
D’abord le casting est mémorable de bout en bout. Le duo Toni Collette-Rachel Griffiths est énorme, et la première est géniale. Elle apporte tellement de subtilité à son rôle. Elle parvient à merveille à le rendre sympathique même lorsqu’elle est amenée à faire de vraies bourdes qui ne sont pas juste de petites bêtises, et que la naïveté seulement ne pourrait pas excuser. Drôle, touchante, elle porte à merveille ce personnage éponyme et lui apporte aussi une surprenante sensualité. Bref, c’est fin, et elle est entourée de solides interprètes qui ne déçoivent pas non plus. Evidemment Rachel Griffiths, au personnage non moins intéressant et qui offre une interprétation non moins remarquable, mais encore tout ce casting d’acteurs restés dans l’anonymat, injustement d’ailleurs. Il faut avouer qu’Hogan propose pour chaque personnage, même secondaire, une écriture brillante et que chacun présente un intérêt.
Le scénario de Muriel pourrait apparaître basique, et on pourrait imaginer une bête comédie romantique, un film à la Bridget Jones… Mais non. Muriel est bien plus complexe que cela, et pourra déconcerter par son mélange constant de drame et de comédie. Car oui, Muriel c’est à la fois la couleur pimpante, la naïveté enfantine et les rires et la poésie qui vont avec, mais c’est aussi une tonalité plus sérieuse, celle du monde dans lequel évolue Muriel en fait. Il y a de vrais moments graves dans ce métrage, et une reflexion profonde sur la vie, le temps qui passe, les imprévus, bref, le film est tout le temps entre enchantement et désenchantement. Très dynamique, fluide à souhait, Muriel se laisse suivre avec un plaisir certain dès lors qu’on est prévenu que l’on ne va pas seulement rire ici ! Mais il y a tout de même des passages très cocasses.
Formellement Muriel c’est déjà une bande son excellente. Rythmé par une grande galerie de tube pop et surtout par ABBA, elle est une actrice directe du film et vient surligner à merveille les scènes importantes et les sentiments du personnage. Mais Hogan signe plus généralement un film haut en couleur, généreux, doté d’une mise en scène brillante (par exemple la scène avec le taxi dehors est un bijou de non-dit !). C’est à l’image de la bande son, à la fois plein de finesse et de délicatesse et de rythme et de nervosité.
Clairement, Muriel est un film qui appartient à ces rares réussites de l’éclectisme des genres. Aussi bon dans la comédie que dans le drame, c’est une chronique surprenante, détonante, poétique et grave qui donne envie de réfléchir sur soi-même, sur ses proches, sur la vie et la mort, bref, sur plein de choses. 5