Tout le monde a déjà entendu une fois cette phrase : « Carpe Diem : fais ce que tu veux et aime ». Célèbre phrase qui fut reprise par le groupe les Frangines dans une de leurs chansons, et si ce n’est pas le cas, tout le monde devrait se souvenir du Cercle des Poètes Disparus, sorti en 1993 qui illustrer déjà ce propos. Eh bien on peut dire que vingt-cinq ans (35 au moment de l’écriture de la critique) : la réalisatrice Lone Scherfig, qui a réalisé les drames Un Jour et Une Education, décide de reprendre le concept et adapte à l’occasion la pièce culte « Posh » de Laura Wade.
Le film tout comme la pièce raconte l’histoire de dix jeunes fils de riche, étudiant à la prestigieuse université d’Oxford et qui font partie d’un cercle très secret à la réputation non-moins sulfureuse, intitulé The Riot Club. En hommage à leurs fondateurs. Un aristocrate égocentré et luxurieux. La maxime du groupe est de vivre une vie de débauchée avant de se « ranger ». Parmi eux : un nouveau Miles Richard, qui rêve d’intégrer le cercle pour perpétuer la tradition familiale mais qui va vite se raviver. *
Ce qui étonne déjà au début de ce film, c’est le ton au début très humoristique du long-métrage qui colle bien à cette ambiance teen-movie. Ou tout serait parfais, rose bonbon, voir nunuche. Mais plus, on avance dans le temps, et plus les rouages de l’enfer se mettent en place. Notre héros rentre dans une spirale infernale, dont déçu il essaye de sortir s’en réussir. Inutile de revenir sur les différentes « épreuves » qui mettent en place ce côté malsain (sexe, alcool, vulgarité, violence sont au rendez-vous. Et le cocktail, est assez arrosé). L’ambiance d’abord joyeuse devient finalement glauque voir malaisante. Et l’on est dans une descente aux enfers émotionnels autant qu’on assiste à celle des personnages. Pour tout de même revivre un peu à la fin. Mais, je ne dirais rien de plus. Heureusement la « love story » quoi que pas très exploiter et trop furtive, apporte un peu de légèreté.
L’autre aspect scénaristique de The Riot Club est qu’il livre un portrait très véridique de ces « fils à papa » qui ont tout, casse tout, règle leurs soucis par l’argent et considère les personnes de classe moyenne comme des sous-races. D’ailleurs, il est très amusant de voir la nouvelle clique du cinéma américain réunit dans un seul et même film.
Et puisque que l’on parle du casting, il est à noter qu’il est composé de Max Irons (fils de Jermey Irons et vedette de la mini-série The White Queen), Douglas Booth (révéler en 2009 et 2013 par Julian Fellowes, créateur de la non-moins prestigieuse série Downton Abbey, dans les films Roméo et Juliette, Le Secret de Green Knowe.), Jack Farthing (méchant culte de Poldark), Ben Schnetzer (vu dans Goat et chez Xavier Dolan dans Ma Vie avec John F. Donovan), Holliday Grainger (Cendrillon, Game Of Thrones), Jessica Brown-Findlay (la lady Sibyl de Downton Abbey, justement), Sam Claffin (Enola Holmes) et un petit dernier pour la route Josh O’Connor (The Crown, La Famille Durell). Caricature d’eux même ou pas ? Ce casting est à lui seul un coup de maître, qui renforce le film.
Il y a en effet de quoi nous faire rougir. Sans rentrez dans trop de détails, ils sont tous parfait dans leurs rôles. Mais trois sont vraiment à saluer : Ben Schnetzer, complètement fou et drôle à souhait dans son rôle. On sent qu’il prend du plaisir à jouer son personnage à fond. Douglas Booth que j’avais particulièrement aimer dans Le Secret de Green Knowe, joue à nouveau un rôle arrogant. Et si c’est son personnage qu’on déteste le plus, sa performance n’en reste pas moins brillante et pleine de nuance.
Après la révélation du film, c’est Mix Irons qui démontre clairement qu’il n’a rien à envier à son père. Déjà, je l’avais grandement aimé dans The White Queen, mais ici il m’épate, me bluffe de bout en bout. Son personnage est le moins caricaturale de tous. Parce que la performance est toujours pleine de justesse et remplie d’émotion. On a de la pitié pour lui et beaucoup d’empathie.
Pour le reste le montage s’enchaine trop vite, on ne profite pas assez. La réalisation donne un côté trop académique, la scène du début semble inutile et d’ailleurs le scénario a un côté bancal. Les personnages sont bien dépeints mais trop caricatural froid et antipathique. Et la musique aurait mériter à davantage mettre en valeurs les moments d’émotion. Même la photographie n’est pas hyper belle.
Pourtant malgré tout ces défauts THE RIOT CLUB est l’un des films les plus violents, matures et bouleversant que j’ai pu voir depuis longtemps. Le casting masculin est formidable et porte le film sur des sommets rarement atteint pour un film d’ados. Quoiqu’il faille être assez mature pour le comprendre et en apprécier les saveurs. Je dirais une énorme claque cinématographique, taillée dans le même bois que le Cercle des Poètes Disparus. Mais en plus trash, et plus adulte. Donc, oui je recommande. Si ce n’est pour sa très bonne critique de cette génération de « fils à papa », qui ne connaît pas vraiment la vraie vie.
*inspiré du Bulldington Club