Je te salue, toi, étudiant, qui lira cette critique. Et même si tu n’es pas étudiant, ce n’est pas grave, tu peux lire quand même ! Sachant qu’il s’agit d’un film traitant du monde étudiant, le fait de l’être, ou pas, risque tout de même d’influer énormément sur le regard que l’on peut porter sur The Riot Club. Je me rappelle que je n’avais pas été, une fois n’est pas coutume, très tendre et assez catégorique sur le cas de La Crème de la Crème, qui traitait lui aussi du monde étudiant. Pour diverses raisons explicitées dans la suite de cet article, je ferai davantage dans la finesse, une chose bien étrangère aux protagonistes du dit film.
Alors, qu’est-ce que le Riot Club ? C’est un petit comité d’étudiants fondé au XVIIIe siècle dans la plus que prestigieuse université d’Oxford, en hommage à l’un de leurs camarades surnommé Lord Riot. Celui-ci était un modèle de débauche et d’hédonisme, un esprit vif et extrêmement séducteur, un point qui, d’ailleurs, va causer sa perte lors d’une prise en flagrant délit d’adultère. Trois siècles plus tard, l’institution persiste, représentée par huit membres, lesquels cherchent deux nouveaux pour compléter leurs rangs avec l’arrivée de la nouvelle année. Sans trop rentrer dans les détails, ils jettent leur dévolu sur Alistair, un étudiant d’apparence renfermé sur lui-même, très tête d’ampoule et timide, et sur Miles, d’emblée plus sympathique et plus confiant. On va donc suivre leur intégration dans le Riot Club, avec toutes les contraintes que cela implique.
Nous voici confrontés à une intrigue classique et sans grande surprise. Je relis l’affiche, avec l’extrait de critique accrocheur indiquant : “Enivrant. A voir absolument.” Bien entendu, il est stupide de prendre ce genre de commentaire ostensiblement affiché, au pied de la lettre. Malheureusement, bien que le film soit loin d’être déplaisant, on ne peut le considérer comme un classique révolutionnaire. Il s’agit d’une nouvelle critique assez stéréotypée du monde étudiant, où la place de l’individu dans la société et l’appartenance à un groupe sont des préoccupations majeures. C’est un schéma que nous avons déjà eu l’occasion de voir à de nombreuses reprises au cinéma, nous en conviendrons.
Le traitement ici suggéré nous fait suivre l’évolution de deux nouveaux membres du Riot Club, aux tempéraments bien différents, et dont les différences vont justement s’accentuer au fur et à mesure de leur intégration dans le groupe. On va constater que, petit à petit, le plus faible va se renforcer, et le plus fort va se retrouver confronté à des conflits d’intérêt entre le besoin d’appartenir au groupe et celui de penser à lui-même. A l’image de leur intégration dans le groupe, on s’enfonce dans la débauche et les excès au gré du film, passant des bizutages classiques et peu dangereux, à des situations bien plus graves et dérangeantes.
En dépit du fait que tous les membres du groupe se ressemblent étrangement, on parvient à discerner leurs différences et à cerner leur caractère, ainsi que leurs peurs. En effet, bien qu’ils soient tous des étudiants apparemment très confiants, forts d’esprit et invincibles, ils ont peur pour leur avenir et sont obsédés par leur carrière et par la nécessité d’être reconnus pour réussir par la suite. En somme, ce film repose sur des clichés classiques sans révolutionner le genre, mais se laisse regarder, en dépit de passages, il faut le dire, gênants.