Le huitième film de la réalisatrice danoise Lone Scherfig, The Riot Club, prend le contre-pied complet du dégoûtant La crème de la crème, sorti l’année dernière et dont l’avant-première nous avait laissé nauséeux. Sur le même sujet, bien que souffrant de longueurs interminables au début du film, The Riot Club finit par frapper fort et ne se cache pas derrière un humour prétendu pour cacher la part d’inhumanité du milieu qu’il décrit.
Miles Richards (Max Irons), au caractère réservé et Alistair Ryle (Sam Claflin) , jeune homme prétentieux et désinvolte ont réussi à accéder à l’Université d’Oxford. En tant que représentant de l’aristocratie anglaise, leur seul but est d’intégrer le secret Riot Club qui a fait de la débauche son credo.
Saluons déjà l’initiative de Lone Scherfig de présenter un film sur les congrégations étudiantes sans les tourner en ridicule dans une comédie pour adolescents prépubères type American Pie ni dans une parodie de satires en faisant l’apologie déguisée comme La crème de la crème. Effectivement, ce n’est pas un sujet à traiter à la légère. Nous savons l’intérêt limité que ces mouvements ont pour le bien commun organisant de dispendieuses fêtes mais s’assurant bien peu du bien-être étudiant, phagocytant les subventions par copinage et surtout, de temps à autre, défrayant la chronique avec des bizutages qui tournent mal et laisse un membre sur le carreau. Il ne s’agit pas de dire ici que le marché libre est une loi inaliénable transcendant toutes les autres libertés et donnant même le droit de cracher sur la dignité humaine, non, il s’agit de dénoncer le cynisme effarant avec lequel certaines élites capitalistes s’en accommodent et les défendent, même sous le vernis des apparences.
On ne sait pas grand-chose, durant la longue première partie du film où il ne se passe rien, qu’elles sont les ambitions sociales et politiques des jeunes aristocratiques qui constituent le Riot Club. Si ce n’est que la scène d’ouverture a donné le ton avec la mort ridicule de Lord Ryot, celui qui a inspiré trois siècles plus tôt la création du club, on ne sait pas trop où veut en venir Lone Scherfig. C’est après une interminable attente, où l’on manque de s’assoupir, que la jeunesse dorée dévoile son vrai visage : mépris de classe, sexisme crasse et pulsions violentes refoulées. Comme dans La crème de la crème, les protagonistes considèrent que toutes les femmes prolétaires sont des prostitués et peuvent s’acheter pour quelques billets. Ils poussent l’ignominie jusqu’à s’arroger le droit de tout saccager dans un restaurant sous prétexte qu’ils payent, que le client serait roi… Mais dans The Riot Club, le peuple sait dire non à cette racaille en costume luxueux. Et dans une certaine mesure, la fin offre une alternative aux moins idiots de la troupe pour retrouver un semblant d’humanité en tournant le dos aux principes écœurants du Club.
Là où La crème de la crème faisait l’apologie du proxénétisme et considérer sans second degré que la loi du marché prévaut sur tout, The Riot Club envoie valser ces pervers ambitieux, qui croient tenir le monde entre leur main, à leurs responsabilités, ne cherchant jamais à les dédouaner ou à porter un regard compréhensif sur eux. Un regard qu’il ne mérite pas.
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