Le Riot Club, société secrète composée de la crème de la crème des garçons les plus riches et débauchés d’Oxford, fondée par Lord Riot, avatar du Don Juan byronien, a pour principe de s’adonner à tous les excès, au-delà de la plus écœurante satiété.
A travers l’itinéraire de deux jeunes hommes intégrant une société secrète d’Oxford, l’une des meilleures universités au monde, The Riot Club nous montre les afres d’un système corrompu, et d’une société sclérosée par des élites endogames et verrouillées dans leur suprématie. Tandis qu’Alistair Ryle, archétype de la froideur british conservatrice, s’intègre au groupe avec le plus grand zèle, laissant ainsi s’exprimer toute sa violence physique et politique, Miles Richard, plus américain dans sa composition, beau, sympathique, gentillet, voire lisse, incarne la vertu aux prises avec ses principes, face à un déferlement de débauche et de violence qui culmine dans la (très) longue scène du dîner dans le pub.
Cette duplicité a du bon, dans le sens où elle donne au film une bi-dimensionnalité, d’un côté le pur plaisir visuel (sexuel ?) pour midinettes de 15 ans, de l’autre la critique sociale et politique d’une élite méprisante et abusant de ses privilèges. Mais cette duplicité prend également la forme d’un simplisme binaire qui oppose les méchants conservateurs qui haïssent les pauvres, et le gentil progressiste victime de sa naïveté (Miles).
La démonstration est efficace quoique victime de son épaisseur. Elle désoriente le public venu pour le régal des yeux, et peut susciter le scepticisme de ceux qui attendait, à défaut d’une véritable réflexion, un juste exposé sur la réalité mystérieuse de ces sociétés de moins en moins secrètes. On ne sort pas du film indifférent, troublé par une violence en apparence gratuite, mais qui accompagne une (re)valorisation du mérite républicain mêlé à un féminisme de bon aloi (les personnages les plus intelligents du films sont les femmes, toutes issues de milieux moins favorisées, mais dont l’esprit détonne avec les abominables petits fils à papa, perdus au fond d’un abîme de concupiscence et de cruauté).
Le film, sous-tendu par l’honorable intention de nous désintoxiquer du désir de richesse et de luxe, en nous dressant l’ignoble portrait des ravages psychologiques et spirituels de l’argent sur de jeunes aristocrates anglais, pêche par le manque de clarté de sa démarche et un marketing approximatif, mi-comédie pour ados attardés fans de Projet X, mi satire à gros traits de l’ upper class britannique, le film déçoit les uns et laisse l’autre partie du public sur leur faim.