J'ai découvert ce film sur Arte il y a quelques jours, je ne connaissait pas du tout ce film, j'avais juste vu dans un programme télé qu'il s'agissait d'un film Japonais réalisé par Kurosawa (pas celui quia fait les 7 samourais) et étant un grand fan de la culture nippone j'ai naturellement été intrigué par ce film qui mélange drame et thriller. "Shokuzai" est un film qui a fait grand bruit à Cannes en 2013 et double adaptation, du roman d'origine et d'une série tv japonaise.
Shokuzai raconte l'histoire de 4 petites filles: Sae, Maki, Akiko et Yuna, traumatisées par l'assassinat d'une de leur camarade qui s'est produit sous leurs yeux et dont la mère de la victime, Asako Adachi, bouleversée et bien vengeresse, va éxiger d'elles des informations concernant le mystérieux assassin ou une certaine compensation de leur part. Ainsi le film raconte les histoires de chacunes des filles 15 ans après l'évènement et comment elles vivent et luttent contre ce traumatisme qui les hante. Voilà dans les détails l'histoires de Shokuzai. Avant d'entamer le gros de la critique je tient à préciser que comme, l'histoire se découpe en 2 films, je ferais 2 critiques, 1 pour film.
Commençons avec le premier film dont le sous titre est "Celles qui voulaient se souvenir".
Déjà je ne suis pas un grand amateur de ce genre de film, je n'ai pas vu beaucoup de thrillers donc ce film était vraiment quelque chose de nouveau pour moi et je dois dire que j'ai été bien agréablement surpris à aimer, le synopsis nous laisse entendre un film qui aborde une enquête autour d'un fait divers mais ça va bien plus loin qu'une simple enquête, ici l'enquête est l'outil principal pour entrer dans la psychologie des personnage et pouvoir analyser leur comportement.
Bien que simpliste, l'histoire est très bien construite d'un point de vue narratif, le réalisateur ne passe pas trop de temps à introduire le drame au début, il a lieux dès les 15 premières minutes du film, donc une introduction assez rapide, après le réalisateur met en scène les personnages de manière ingénieuse puisque l'histoire est structurée en chapitre et chaque chapitre se focalise sur une fille dont on suit l'évolution de sa situation en rapport avec la promesse faite à la mère; du coup le développement est équilibré d'un personnage à l'autre et aucune des filles du groupe ne passe au second plan. Avant le visionnage, je pensait que les 4 héroïnes allaient êtres mises en scène en même temps mais finalement c'est beaucoup mieux ainsi car on a l'occasion d'étudier en détail leurs diverses réaction face au drame qui s'est produit et aux réactions engendrées.
Dans cette première partie de l'histoire, on suit les personnages de Sae et Maki qui comme le laisse entendre le titre, tente de surmonter le drame en se rappelant leurs erreurs et en tentant de ne plus jamais les refaire. C'est une réaction tout a fait naturelle et le spectateur peut le comprendre à travers l'idée véhiculée:"apprendre de ses erreurs pour aller de l'avant", c'est le but de ces deux filles.
Néanmoin, ce film n'est pas mais alors pas du tout gaie, c'est du pessimisme au possible, chaque instant semble vide d'espoir et sans aucunes joie de vivre. Mais le film ne l'a nullement prétendu dans son synopsis alors il n'y a pas de quoi être déçu, c'est avant tout une histoire dramatique mais du coup on évite vraiment les clichés scénaristique avec lesquels on va dans la facilité et on arrive toujours à une happy end, non, c'est pas du tout ce genre de délire avec Shokuzai.
Kurosawa utilise bien les codes du genre pour dresser le portrait d'une société effrayante, pleine d'injustices de toutes sortes avec ce sentiment permanent d'insécurité, l'ambiance du film arrive à être vraiment inquiétante et assez malsaine et ça, Kurosawa nous le fait ressentir par les techniques de filmage, la caméra est toujours près des personnages qui sont oppressés par le cadre, souvent filmés en gros plan, ou alors les plan larges on un décor vide, de plus l'angoisse monte assez facilement chez le spectateur avec le jeu sur les lumières, qui varie entre des couleurs très claires (blanc) mais plus aveuglante que rassurante et l'omniprésence de l'obscurité, une absence total de lumière par moment qui a vite fait de nous faire paniquer. Ainsi le spectateur peut s'identifier aux héroïnes dans la mesure ou il découvre l'histoire au fur et à mesure avec elles.
Ce film en lui même est quand même assez choquant car le réalisateur ne va pas censurer ce qui peut l'être du coup on a des moments particulièrement glauques comme au début
après l'incident, au moment du cauchemar de Sae ou on voit brièvement, émily (la victime) se faire frapper et aussi son corps inerte et dénudé avec un plan sur le visage cassé d'une poupée,
ce moment là m'a particulièrement mit mal à l'aise. En fait ce qui fait la force et toute la tension émotionnelle du film c'est qu'il soit justement réaliste dans ce qu'il raconte, ça pourrait très bien être un fait divers car il existe malheureusement dans la réalité des enfants innocents qui se font enlever et subissent multiples atrocités; c'est pour ça que le spectateur est ému sans efforts. Mais ce côté angoissant du thriller n'est pas rebutant mais au contraire rajoute une touche de gravité dans le ton.
Passons à l'histoire des personnages en elle même, d'abords Sae qui suite au traumatisme,
a développée une peur considérable des hommes
et qui
se marie avec un homme aux graves problèmes de sociabilité et atteint d'un fétichisme pour les poupées Française, il fera de Sae une véritable poupée humaine et ira jusqu'à brutalisé celle ci lorsqu'elle commencera à avoir ces règles
, la réaction de Sae est naturellement compréhensible pour nous spectateur et à travers sa soumission imposée par son mari, Kurosawa se permet de dénoncer la violence des hommes à l'égard des femmes et ainsi la mentalité des hommes à considérer ces dernières comme inférieures; on voit vraiment un bon exemple de la folie humaine car Hotsuki (le marie), en faisant de sa femme une poupée va jusqu'à lui retirer, lui interdire son statut d'humaine, de plus
le fait que Sae finisse par tuer son mari marque peut être aussi la fin de son humanité, un renoncement, ainsi elle considère avoir payer sa dette par rapport à Asako
.
Ensuite dans la deuxième partie du film on se concentre sur Maki, devenue institutrice et adepte du Kendo, elle aussi est intéressante car
en exerçant la profession d'institutrice, elle souhaite protéger ses élèves à l'inverse des professeurs de son époques qui n'ont pas pu sauver son amie
et elle se réfugie derrière le Kendo pour attaquer et ainsi relâcher toute sa colère et atténuer sa culpabilité. Par sa volonté à protéger les autres, son comportement va indirectement critiquer et même remettre en cause la sécurité des écoles et le rôle des professeurs. Mais le fait qu'a un moment,
elle attaque sans raisons un des élèves, croyant qu'il s'agit du criminel
montre bien qu'elle est totalement désorientée et ne sais plus quoi faire de cette force. Sinon
A la fin de cette deuxième partie et donc du premier film, Maki meurt (?) après avoir été violemment frappée par un autre professeur
, j'ai pas trop comprit ce moment parce qu'en plus tous deux n'étaient à ma connaissance pas en conflit, sinon encore une fois, c'est l'homme qui va brutaliser la femme.
Pour revenir à un point plus général, l'histoire me fait indirectement penser à celle d'un conte ("4 filles qui se voit liées par une promesse qu'elles ont faîtes), du coup j'ai alors rapproché la figure de la mère en question à celle d'une "sorcière" qui aurait jeter une sorte de "malédiction" à ces 4 filles, un côté limite fantastique que l'on peu rapprocher avec le fait que certaines fois la victime apparaît brièvement à l'écran puis disparaît comme un fantôme qui hante l'existence des héroïnes.
Bon pour conclure sur ce premier film: une bonne première partie avec beaucoup de mystères mit en place et une histoire très macabre qui donne ce côté intriguant à l'histoire qui nous tient en haleine grâce à cette plongé dans la psychanalyse de personnages bien développés et vecteurs d'une vraie émotion qui ne nous laisse pas indifférent ,personnellement j'ai pas vu les 2 heures passer.
A suivre dans ma critique du 2è film: "Celles qui voulaient oublier". Ma note de ce premier film: 14/20.