Kiyoshi Kurosawa is back! Réalisateur inégal avec un goût marqué pour le fantastique. Qui, dans cette oeuvre majeure, revient au premier plan des cinéastes japonais -même s'il nous fait souvent penser plutôt au coréen Park Chan-Wook....
Un jour, alors qu'elle jouait dans la cour de son école avec quatre amies de son âge, une petite fille, Emili, est entraînée par un inconnu, qui la viole, et la tue. A t-elle été choisie au hasard? Ou l'assassin voulait il assouvir une vengeance? Cela, vous le saurez au bout...... de trois heures et demi, et de deux séances de cinéma puisque le film a été scindé en deux parties. Celles qui voulaient se souvenir, Celles qui voulaient oublier, de façon assez artificielle d'ailleurs. Car l'existence des quatre petites filles, même celles qui sont censées vouloir oublier, est à jamais marquée par cet épouvantable épisode.
Lorsqu'elles ont découvert le corps d'Emili, les quatre petites ont réagi avec beaucoup de maturité, l'une courant à la police, l'autre cherchant l'institutrice, une troisième restant pres du corps..... mais le lendemain, quand les inspecteurs les ont interrogé: rien. Pas un mot. Elles ne se rappellent rien. Rien de l'agresseur, de son allure, de son visage, alors qu'elles l'ont bien regardé, puisqu'elles étaient toutes disposées à lui rendre service. Pourquoi cette amnésie? peur? refoulement? En tous cas, la mère d'Emili, Asako (élégante silhouette vêtue de sombre sur très hauts talons, interprétée par l'inquiétante Kyôko Koizumi -magnifique actrice), ne le supporte pas. Elle convoque les fillettes, leur imposant une sorte de malédiction: elles sont comptables devant la mère; si elles n'apportent les éléments nécessaires à l'identification de l'assassin, elles devront lui donner une compensation.
Celles qui voulaient se souvenir, ce sont donc Sae, la faible, et Maki, la forte. Pour Sae (Yû Aoi), la vie s'est arrêtée. Elle n'a jamais eu ses règles. Elle n'imagine pas se marier. Pourtant, elle est demandée par un jeune homme d'affaire -un fétichiste de la poupée! celui qui, enfant, volait les poupées françaises, [vous savez, ces poupées en porcelaine à la perruque blonde bouclée habillées de robes cucul]- Le mariage sera blanc, bien sûr, il ne demande à Sae qu'une chose: que le soir, elle s'habille d'une robe de poupée et reste immobile jusqu'à ce qu'il s'endorme.... Ca finira mal. En présence d'Asako.
Maki (Eiko Koike) aussi a été marquée, mais au contraire elle s'est promis de défendre les enfants. Institutrice, toujours en baskets, elle pratique le kendo avec conviction. Mais les parents ne l'aiment guère. Ils lui reprochent d'être rigoriste, de ne tolérer aucune coquetterie chez les petites filles..... Le jour où un cinglé muni d'un couteau s'introduit dans la piscine où les enfants prennent leur cours de natation, elle terrasse l'intrus avec un baton, devenant l'héroïne du jour.... jusqu'à ce qu'on se demande si elle n'a pas surréagi. Etait il nécessaire qu'elle traumatise les enfants en massacrant le cinglé? Ca finira mal. En présence d'Asako. Mais cet épisode est quand même égayé par les séquences de conseil de classe: voir les enseignants s'incliner respectueusement devant l'assemblée des parents pour déplorer leur insuffisance, ça vaut son pesant de crottins secs!
Arrivés à ce point, on n'a plus qu'une envie:être à demain pour voir la suite!