24 heures de la vie d'un (jeune) homme. Un film d'apprentissage en accéléré. Niko Fischer, 24 ans, n'a jamais manqué de rien, et a même vécu dans une grande aisance, au fur et à mesure de l'ascension sociale d'un père dont il s'est éloigné quand ses parents se sont séparés, et qui n'est plus que celui qui lui verse sa rente mensuelle d'"étudiant". Intelligent, mais marginalisé et dilettante, il vit en fait sous nos yeux ses derniers instants d'insouciance : son père qui a appris fortuitement qu'il avait abandonné le droit depuis déjà 2 ans s'étant décidé (dans son intérêt !) à lui couper les vivres. Niko, le garçon qui voulait boire un café, et n'y arrivait pas ! Chacun des obstacles à cette modeste envie fait l'objet d'une saynète (en général fort réussie), et le conduit tout au long de la journée à multiplier les rencontres, souvent insolites (un psy vétilleux qui l'empêche de récupérer son permis de conduire, une serveuse intransigeante de café "bio", un voisin éploré exilé dans sa cave, une camarade de classe ex-obèse devenue comédienne d'avant-garde, des contrôleurs en curieux tandem voulant lui dresser PV pour défaut de titre de transport... la grand-mère d'un jeune dealer dans le fauteuil électrique de laquelle il s'assoupit...). Au coeur de la nuit qui suit cette folle journée, il est abordé dans un bar où il finit de s'alcooliser par un très vieil homme qui lui raconte la terrible Reichkristallnacht de novembre 1938 qu'il vécut enfant précisément dans le même pâté de maisons, quand le peuple entier soutenait le régime nazi, et qu'il revit dans la douleur, après 60 ans passés loin d'Allemagne
. L'homme a une attaque devant le café en le quittant. Le garçon le suit aux urgences, où il décédera à l'aube.
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Conclusion en forme de twist : tous les Allemands s'appelaient Heinrich....(prolongement par une curieuse ironie du sort d'une fiction romantico-historique au tournage de laquelle Niko avait assisté dans l'après-midi précédente avec son ami comédien Matze).
Un Berlin plutôt sale, loin des endroits pour touristes, prolongé par des banlieues tristes, auquel va bien le noir et blanc : voilà où est la scène. Un scénario très construit - sans en avoir l'air, un style personnel (pourquoi chercher des références à tel ou tel courant, à tel ou tel devancier ?), des dialogues savoureux, une mise en scène légère, des personnages "croqués" avec vivacité (voire malice), un interprète principal remarquable : un premier film qui est une vraie réussite !