[Scénario: 4/5]
Nouvelle adaptation d'un roman de Gillian Flynn (que j'ai découvert personnellement avec Gone Girl qui m'avait alors beaucoup séduit), toujours dans le même registre de thriller noir mais sur un sujet différent: Il s'agit d'un fait divers; Celui du meurtre, en 1985, de la quasi-totalité de la famille Day à leur domicile, dans une ferme du Kansas. A l'époque les suspicions et le témoignage de Libby Day, 8 ans, font de son grand-frère, Ben, le principal suspect et le mènent tout droit en prison. Trente ans plus tard alors que l'affaire est classée, un club d'enquêteurs amateurs, le "Kill Club", insiste pour que Libby reprenne contact avec son grand-frère afin de faire lumière sur ce qu'ils considèrent comme une grossière erreur judiciaire.
Si le scénario n'est pas fondamentalement novateur (certains se souviendront de la série "Cold Case" dont c'était la spécialité que de faire remonter de vieux dossiers poussiéreux à la surface) la plume de Gillian Flynn est, sachez-le, très joueuse et nous propose de résoudre une affaire qui prend vite des allures labyrinthiques.
[Mise en scène: 5/5]
Le principal atout de cette mise en scène, c'est son incroyable maîtrise de la chronologie en même temps qu'elle la déstructure complètement: un peu comme ce jeu où il faut deviner sous quel pot se cache la bille après les avoirs mélangé habilement les uns avec les autres. Pour en revenir à cette histoire de chronologie, le fait est que le film se construit sur une succession de flash-backs (l'époque du meurtre aujourd'hui et vice-versa) qui ne sont pas forcément déroulés dans l'ordre des événements, ce qui a pour but de semer les indices au compte-goutte et de nous faire beaucoup réfléchir pour trouver un semblant de vraie piste: c'est simple même les têtes d'ampoules de la résolution de crimes du "Kill Club" ont du mal à tomber d'accord sur une hypothèse plausible.
Dans ce film il faut aussi parler du rythme, relativement lent, qui aura peut-être sur certain un effet soporifique mais qui permet aussi de souligner le caractère extrêmement laborieux et incertain de l'enquête, chose donc tout à fait justifiée.
[Acteurs: 4/5]
Qui dit flash-backs dit forcément deux sets d'acteurs pour interpréter la "version jeune" et la "version adulte" de chaque personnage et c'est par cela que je commencerais tant j'ai trouvé la ressemblance entre les deux sets troublante: pas tant dans le physique que dans le jeu de rôle, on retrouve cet espèce de mimétisme dans les expressions et les attitudes qui fait que l'on reconnaît facilement qui est qui (et c'est important car au vu du nombre de flash-backs il faut suivre !).
C'est donc principalement sur les épaules de Charlize Theron que retombe le poids de l'intrigue. Je dois dire que sa métamorphose, en tom-boy enragé cachant une profonde tristesse, sonne assez juste, néanmoins je pense que ce rôle aurait pu être un peu plus touchant, un peu plus intense. Nicholas Hoult joue, lui, un geek de la résolution de crimes, un rôle assez drôle qui apporte un peu de légèreté dans ce drame très sombre mais qui se fait tout de même très vite éjecter du centre du tableau...
Pour moi les acteurs tirant réellement leur épingle du jeu se nomment: Tye Sheridan (Ben Day Jeune), Christina Hendricks (Patty Day, la mère) et surtout Chloë Grace Moretz (Diondra Jeune) qui donne plutôt bien le change dans son rôle de jeune bimbo psychotique et manipulatrice.
[Photographie: 4/5]
Sur ce point deux éléments marquants: le premier c'est ce rapport à l'obscurité, beaucoup de scènes sont tournées dans le noir quasi-total (en même temps le film s'appelle "Dark Places" ce n'est pas pour rien) donnant un côté très inquiétant au film et empêchant le spectateur de lire chaque plan à 100% (on pourrait s'imaginer que l'obscurité cache des secrets que nos yeux ne nous autorisent pas à voir mais c'est peut-être juste de la parano). Le deuxième point c'est cet espèce de filtre granuleux qui est utilisé par moment (notamment pendant les scènes de flash-backs) et qui vient renforcer cette idée que l'on cherche à opacifier l'image afin de nous cacher certaines choses. En gros pour bien comprendre ce qui se passe à l’écran, ouvrez grand les yeux !
[Bande Originale: 2/5]
Je pense que c'est ce qui manque le plus à "Dark Places": une vraie BO poignante et perforante comme celle dont avait bénéficié "Gone Girl" par exemple. Ici les thèmes sont bons, là n'est pas la question, mais ils manquent d'intensité et ne transcendent pas l'émotion...
[TOTAL: 3,8/5]
"Dark Places" est un thriller noir, lent et poisseux qui parvient, grâce à une habile maîtrise de la chronologie, à nous tenir en haleine jusqu'au bout du film. Si vous aimez les casse-têtes, dédales et autres énigmes piégées vous vous retrouverez sans doute dans cette nouvelle adaptation d'un roman de Gillian Flynn dont les inspirations, revendiquées ou non, pourraient s'apparenter à "True Detective", de Nic Pizzolatto, "Prisoners" de Denis Villeneuve ou encore "Killer Joe" de William Friedkin. Il manque néanmoins au film un soupçon d’intensité et d’émotion qui auraient pu le porter encore plus loin.