Adapté du roman éponyme de Gillian Flynn, l’auteur de Gone Girl, Dark Places est la preuve que l’adaptation d’un roman à succès peut donner le meilleur comme le pire. Là ou David Fincher nous plongeait dans un labyrinthe émotionnel inattendu et persistant, Dark Places de Gilles Paquet-Brenner n’arrive qu’à faire perdurer un ennui pesant.
En 1985, la mère (Christina Hendricks, la voix de Zarina dans Clochette et la fée pirate)et les deux sœurs de Libby Day (Sterling Jerins/Charlize Theron) sont assassinées. Traumatisée, la jeune fille témoigne contre son frère (Tye Sheridan/Corey Stoll, malheureusement déjà vu dans Non-Stop) et ce dernier est condamné à une lourde peine de prison. Trente ans plus tard, contacté par un certain Lyle (Nicholas Hoult, le Fauve dans X-Men: Days of Future Past) Libby, en grande difficulté financière, accepte d’aider un club de détectives amateurs convaincus que son frère est innocent.
Dark Places… avec un nom pareil, on s’attendait à être transporté dans les recoins les plus sombres de la psyché humaine. Finalement, nous voilà seulement en train de découdre trop patiemment les fils de nylons transparents d’une intrigue insignifiante. Des le départ, le long-métrage de Paquet-Brenner rate la caractérisation de ces personnages. La voix off blasée de la principale protagoniste nous pousse immédiatement à nous désintéresser de ces états d’âmes. On se sent très peu concerné par ses remords de petite fille qui devant prendre sa vie en main, se plaint comme une adolescente avant d’aller en cours. Pas plus que l’on peut s’émouvoir de ses antécédents dramatiques, tant Charlize Theron, constamment affublée d’une casquette et filmée sous une lumière sombre, semble pâle et désintéressé du scénario. Malgré une histoire qui pourrait être poignante, les seules larmes qui couleront sur vos joues résulteront sûrement de vos bâillements.
Dark Places, en plus d’offrir des personnages au charisme inexistant déroule également une histoire diablement ennuyante. Ici, vous ne trouverez aucun de ces faux-semblants qui font le charme d’un thriller réussi, seulement une succession de pistes sans charmes vers une résolution sans panache. Franchement, résoudre une énigme par l’intervention d’un élément totalement extérieur à l’intrigue, c’est un peu le comble en matière de paresse scénaristique. Presque deux heures de pellicules gâchées pour nous expliquer qu’au final, quasiment tout le monde est ce qu’il semble être. Et il y a aussi cette fâcheuse tendance à user jusqu’à la corde l’analogie fan de metal/sataniste, tout en faisant semblant de l’écarter. Comme si Paquet-Brenner avait compris que cet artifice scénaristique éculé faisait flop dans un thriller moderne qui se respecte. Enfin, esthétiquement Dark Places est aussi froid qu’il est dénué d’émotion. Les lumières n’éclairent jamais les visages, les lieux sont toujours sombres, Paquet-Brenner semble confondre classicisme et banalité pour développer un style sans aucune personnalité.
Éprouvant, Dark Places ne l’est que pour vos paupières qui risque d’être mis à rude épreuve pour ne pas transformer votre après-midi cinéma en dortoir au confort douteux.
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