Depuis le chef-d'oeuvre "Gone Girl", je suis avec intérêt les adaptations des romans de Gillian Flynn. Récemment, j'ai adoré la mini-série d'HBO "Sharp Objects" adaptée d'un roman de la même auteure, j'ai donc entamé ce "Dark Places" avec appétit, et si il n'est pas du niveau des 2 projets cités plus haut, c'est un film que j'ai globalement apprécié. Déjà, le pitch est pas mal du tout
(des meurtres familiaux et une enquête sur plusieurs périodes; un club de faits divers original, le temps restreint (3 semaines avant destruction du dossier de Ben) et l'argent voulue par Libby)
et a de quoi rapidement intriguer (Libby a dénoncé Ben alors qu'elle était très complice avec lui pendant l'enfance (la colline de sel)), une caractéristique qui se confirme quand les allers-retours temporels aux différents points de vue dévoilent progressivement les contours des protagonistes et les mobiles de chacun
(la ferme familiale en faillite, la mère a utilisé l'assurance-vie pour payer l'avocat de Ben; Ben, adepte du satanisme, aurait pratiqué des rites et attouchements non consentis sur des filles, dont Krissi, membre de son groupe de soutien; le père parti quand Libby avait 2 ans est un dealer de drogue en conflit financier avec son ex et devant de l'argent à un bookmaker que connaît bien Diondra, la petite-copine de Ben jalouse par nature, enceinte et qui a peur que son père découvre qu'elle a perdu sa virginité, ce que l'une des soeurs de Ben (Michelle) savait)
, avant une fin à 2 visages. En effet, on pouvait s'y attendre, l'issue serait tarabiscotée, et c'est l'un des soucis du film, partant dans une explication un peu trop tordue et sortie du chapeau
(l'Ange des endettés tue ses clients et fait passer cela pour un meurtre afin que les enfants touchent de l'argent)
ou bien insuffisante
(pourquoi Lyle est autant attaché à cette affaire? On le saura jamais. J'ai cru à un moment que c'était le fils de Ben mais non
), heureusement compensée par quelque chose de plus attendue certes mais aussi plus logique
(Diondra a étranglé Michelle pour protéger son secret; Ben est innocent)
. Au-delà de cette finalité mi-figue mi-raisin, "Dark Places" dépeint surtout une morale usuelle et légitime sur le mensonge
(il a détruit tout le monde: Krissi qui a inventé les accusation contre Ben, Diondra qui s'est enfuie et n'a pas avoué son meurtre, Ben qui s'est pas défendu à l'époque pour protéger Diondra et leur fille, Libby et son faux témoignage)
et la vérité
(qui libère les protagonistes, autant mentalement (Libby peut tourner la page) que physiquement (Ben sort de prison))
. Enfin, sur la forme, si le film tire un peu en longueur par moments et que la voix-off était dispensable, il peut compter sur la performance de Charlize Theron et une photographie soignée, où la lumière de ce qu'aurait dû être la réalité se confronte à la noirceur des événements. Bref, tous les parti-pris narratifs ne sont pas réussis et la fin laisse une impression mitigée, mais le contenu sombre et dense façon puzzle m'a happé.