Quand j'ai vu ce "Wadjda", j'ai tout de suite pensé à "Une séparation" de l'Iranien Farhadi. Pour certains ce serait là un signe de bonne augure, mais pour moi, c'est loin d'être un compliment. Que ce soit pour "Une séparation" comme pour "Wadjda", ce qui me gonfle, c'est que ce sont là deux films pensés et calibrés pour le petit bobo occidental à la recherche d'exotisme et de « bien pensance ». Le film se transforme très rapidement en petite notice très didactique pour montrer à quel point c'est pas cool de vivre en Arabie-Saoudite. En soi, le principe ne me dérangerait pas trop si derrière il y avait davantage de cinéma. Pour ce "Wadjda, j'aurais encore pu tomber sous le charme de cette réalisation "minimaliste" si au moins elle avait été mise au service d'un propos qui aille au-delà du simple plaidoyer. Parce oui, il faut bien se l'avouer, au-delà de la thématique "voilà ce qui est interdit aux femmes en Arabie-Saoudite" il n'y a pas grand-chose. Alors, je ne dis pas qu'il n'y a rien non plus. D'ailleurs, le film est sauvé du naufrage par quelques fulgurances de réalisation et surtout par le couple formé par les deux gamins. C'est la touche du film qui permet de raccrocher le propos à quelque-chose qui ne soit pas que discursif. C'est d'ailleurs pour cela, pour le côté espiègle de ces deux personnages, que je n'ai pas sombré dans l'ennui le plus total. Dommage donc que ce tandem soit si peu représenté, dommage aussi qu'Haifaa Al Mansour ait privilégié le discours aride de la démonstration à ces rares moments de fraîcheur. Mais bon... Après sûrement que beaucoup de nobles gens, notamment parmi les critiques, ont voulu témoigner de mansuétude à l'égard de ce modeste film issu d'un pays intolérant en ignorant cet état de fait. Ceci expliquerait l'engouement général autour d'un film en fin de compte bien peu créatif et pas glorieusement mené. Seulement voilà : moi, je suis un simple spectateur : je viens dans les salles obscures non pas pour faire de l'humanitaire, de la politique, ou pour bien me faire voir. Moi, je viens pour prendre du plaisir. Or, pour moi, la réalité de ce "Wadjda" c'est que ce film est trop simpliste dans son approche, trop pauvre dans sa démarche et surtout trop banal dans son propos, pour vraiment m'émoustiller... Personnellement, que ce film soit saoudien ou bhoutanais, pour moi ça ne change rien au principe suivant : quand tout ce qu'il y avait à dire et à montrer l'a été dans les dix premières minutes, le reste n'en devient que plus barbant. Je reste d'ailleurs persuadé que dans le cadre d'un film français, trois quarts des personnes qui encensent "Wadjda" se rangeraient d'ailleurs à mon opinion sans sourciller. Mais bon... Après il est du droit de chacun d'aller voir des films autrement que pour voir du cinéma. Encore faut-il que les autres ne se fassent pas berner par la réalité du spectacle proposé. A bon entendeur...