Top! Tocard de nationalité allemande, je réalise des films de propagande américains dénués de tout sens artistique, j'ai filmé Will Smith en train de cabotiner après avoir abattu un vaisseau extra-terreste, j'ai fait croire qu'un monstre aussi grand qu'un building pouvait se cacher dans les égoûts, j'ai tourné un film sur la fin du monde où une faille poursuivait le personnage principal, j'ai osé mettre des mammouths sur une pyramide. Je suis, je suis? Roland Emmerich! Le maître. Celui qui fait des films sur les USA, pour les USA et qui nous montre que même menacés et touchés, les USA sont les plus beaux, les USA sont les meilleurs et même que leur président est cool car il porte des baskets.
Ce n'est même plus une surprise, je me demande encore comment j'ai pu espérer un petit film correct venant de la part de l'ami Roland. Il faut dire que j'avais bien apprécié son The Patriot à l'époque pour son côté très violent et sanglant, parce que moi j'aime le sang, les tripes et les larmes (puis Mel Gibson disait "Vive la France" dedans et ça c'est bien). Mais ici non, il n'y a même pas ce mince intérêt. Emmerich a décidé de nous emmener directement à l'autel du temple de la bêtise pour nous forcer à nous y agenouiller devant la toute puissance dévastatrice de neurones que représente Hollywood à l'heure actuelle.
A un moment donné il faudrait quand même arrêter de déconner et surtout d'arrêter de prendre les spectateurs pour des cons. Je sais bien que c'est récurrent chez Emmerich mais merde, on ne peut plus se laisser pisser dans le crâne ainsi. Tout, mais absolument tout, est merdique dans ce film.
Déjà, une fois encore, on se tape un énième film de propagande pro-US. Une fillette de 11 ans est fan du président qui oeuvre pour la paix dans le monde (ha ha ha... Non, rien), qui est trop cool car il va au contact des enfants pour être en vidéo sur leur blog (oui,oui, vous avez bien lu) et qui porte des Air Jordan tout en cognant les méchants qui tentent de les lui arracher (oui, oui, oui, vous avez toujours bien lu).
Nous avons atteint ici le summum de la bêtise mes enfants, le nirvana de l'abrutissement. Je me doute bien que le scénario de l'actioner lambda sortant sur grand écran n'est pas le point le plus important mais ici la débilité est si immense qu'on ne peut décidément pas l'ignorer.
Déjà c'est archi prévisible, on devine le comploteur dès la première séquence où celui-ci apparaît, on sait bien sûr qu'il y en a d'autres puisque son dessein est révélé au début du film et bien sûr on sait que Tatum se rabibochera avec sa fillette car encore une fois, la famille vaincra, l'Amérique vaincra, votre cerveau dépérira. Puis que cette fillette est agaçante, encore une qui rejoint le club des gosses têtes-à-claques au cinéma. D'autant plus que toutes les scènes où elle est présente sont ridicules. En particulier une, vers la fin. Où armée de son courage et de sa détermination, elle s'en va saisir le drapeau de la présidence pour l'agiter sous une musique héroïque et en slow-motion.
Je pense avoir déjà dit ça dans plusieurs de mes critiques mais là pour le coup je suis on ne peut plus formel et sûr de moi, cette scène est juste la scène la plus ridicule que j'ai pu voir au cinéma depuis un long, long, long, looooooong moment. C'était l'apothéose de ce chef d'oeuvre du nanar, la délivrance pour mon système lacrymal qui a décidé d'exploser à ce moment-là. J'en pleurais de bonheur, c'était juste fabuleux, le plus bel instant nanar que j'ai vu sur grand écran, un prodige cinématographique!
Car il s'agit bien de ça pour ma part: Un beau nanar. Ca se prend tellement au sérieux mais c'est juste pathétique et pourtant si (involontairement) drôle. Je pourrais décrire en détail chaque scène tordante de ce film mais la critique serait trop longue. Il y a quand même cet instant fabuleux où la femme du comploteur tente de raisonner son mari en lui demandant de retourner à la maison. Ben oui bien sûr, tu tentes d'enlever le président, t'as tué plein de gens mais si tu te grouilles tu pourras rentrer à temps pour boire le thé. Déjà bien drôle à la base, il fallait en plus qu'elle décide de retourner sa veste 20 secondes après pour nous livrer une fois encore un fabuleux moment nanar.
Ce film est ridicule et ça me fait de la peine de voir des acteurs que j'estime là-dedans. Jamie Foxx cabotine comme jamais, Tatum que je ne déteste pas ne dégage rien dans ce film mais le pire c'est James Woods quoi. J'adore cet acteur mais pourquoi va-t-il s'enterrer là-dedans? Malgré la bonne dose de rire que le film a su me fournir, j'étais quand même triste de voir de bons comédiens patauger ainsi dans la gadoue.
Et même en temps que film d'action ça ne vaut pas un clou. La caméra reste miraculeusement assez stable mais le film est bourré de CGI plus dégueulasses les uns que les autres, ce qui donne un rendu visuel d'une laideur sans nom, fond vert rpz. Le simple plan de la voiture dans la piscine disponible dans le trailer annonce la couleur. C'est juste moche, grossier et déjà dépassé. Puis c'est dix fois trop long également, ne rendant même pas ce film efficace en temps que divertissement.
Puis il y a aussi ce détail. Le héros s'appelle John Cale, il porte un marcel blanc, a des problèmes familiaux, se retrouve tout seul au mauvais endroit au mauvais moment face à une équipe de terroristes dont l'un est un hacker et son best friend ever est un noir. J'ai envie de vous dire sur un ton très ironique que toute ressemblance avec Die Hard ne serait que simple coïncidence, mais bon j'imagine que les connaisseurs avaient déjà saisi l'idée.
Résumons donc ce bel objet. Action moche, scénario horrible, personnages sans saveur, président américain trop cool avec des baskets, Chaning Tatum qui parle avec un écureuil (ah oui j'avais oublié de mentinner ça), un patriotisme pacifiste (la nouvelle tendance trop SWAG aux USA)... Bref, arrêtons les frais pour aujourd'hui. White House Down est un film ridicule sur tous les points mais qui conserve cependant un certain intérêt du fait de son potentiel de nanardise très élevé. Au fond n'ayez crainte, vous verrez un film de merde mais qu'on peut prendre comme une excellente comédie. Pour peu d'avoir quand même un peu de second degré parce que sans ça, WHD c'est un peu le fric ou Tché-Tché. Tu donnes le fric mais Tché-Tché quand même.
Roland Emmerich m'a surpris une fois de plus car jamais je n'aurais pensé assister à un spectacle aussi abrutissant qu'hilarant. Une nouvelle perle du nanar, White House Down est un blockbuster indispensable pour enfin comprendre ce qu'est un mauvais film d'action. Et en plus il a osé faire un clin d'oeil à un autre chef d'oeuvre de propagande signé de sa plume, le fabuleux Independence Day. Décidément Roland, Ich liebe dich.