Valeria Bruni Tedeschi (VBT), seule femme retenue dans la sélection officielle au dernier Cannes, livre là un nouveau "long" (son troisième, depuis 2002) qui parle d'elle, et de ses proches, mais ce n'est pas une autobiographie pour l'écran, et on aurait tort d'y voir du nombrilisme verbeux, même si elle creuse le sillon de son mal-être, notamment sur la question de sa maternité contrariée, et même si "Louise", qu'elle incarne, bien sûr, lui ressemble par ailleurs tant, au caractère (enfant gâtée, femme angoissée), et dans les fragments de vie contés (ses amours compliquées en Louise avec Nathan/ Louis Garrel, son cadet de 18 ans, sa mère, Marisa Borini - qui ne change même pas de prénom et joue du piano comme la concertiste qu'elle fut - son frère chéri "Ludovico", se mourant de la même affection que son cadet Virginio dans la vraie vie..). Le "Château en Italie", qui donne son titre au film (scénarisé à 6 mains comme "Actrices" déjà, VBT, Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy), est aussi un "château en Espagne" (synonyme de projets irréalisables : guérison du frère, maternité..), mais c'est d'abord un (magnifique) édifice bien réel, "Castagneto Po", ex-propriété près de Turin des industriels Bruni Tedeschi, symbole du raffinement et de la décadence de cette famille de très grands bourgeois (acheté par un cheikh en "vrai", par un oligarque russe dans l'histoire), où VBT a pu tourner.
Valeria se livre ici avec à la fois humour et autodérision (nombreuses scènes piquantes, flirtant aussi avec l'absurde, intermèdes "bouffons" avec l'excellent Xavier Beauvois, plus en "choeur" à lui tout seul qu'en Candide - le tout souvent autour de la religion), et tendre impudeur, résolument côté sentiments (filiaux, fraternels, amoureux), comme dans "Il est plus facile" (où elle était "Federica"), plutôt que côté métier, à peine esquissé (alors qu'en "Marcelline", "Actrices" ne parlait que du paradoxe de la comédienne). Retour du deuil - après le père (opus 1), le frère (parfait Filippo Timi). Le ton de ce psychodrame (ou de cette auto-psychanalyse ?) est très personnel, très abouti et très séduisant. Solide équipe technique, entièrement féminine ! Une très bonne surprise cannoise - évidemment oubliée du palmarès.