Quai d’Orsay c’est le nouveau film du réalisateur français Bertrand Tavernier qui s’essaie cette fois, et avec réussite, à la comédie en adaptant la célèbre bande-dessinée française Quai d’Orsay de Christophe Blain et Abel Lanzac. Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Etrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé de « langage » au ministère des Affaires Etrangères. Pour faire simple c’est lui qui a la lourde tache de rédiger les discours du ministre. Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du ministre, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares. Bertrand Tavernier s’essaie donc pour la première fois avec Quai d’Orsay à la comédie. Mais ce film n’est pas une comédie populaire comme on a l’habitude d’en voir chez nous en France, ce film est une satire politique et une comédie plus subtile qu’hilarante. Adaptée de la bande-dessinée à succès de Christophe Blain et Abel Lanzac, pseudonyme du diplomate Antonin Baudry, Quai d’Orsay est certainement une bonne adaptation car à en juger les critiques de la presse française, le film de Tavernier s’en sort très bien et connaîtra certainement un très beau succès dans les salles obscures. Les fans de la bande-dessinée se rueront dans les salles c’est sûr, les amateurs de comédies aussi, les fans de Tavernier, Lhermitte et compagnie mais ceux qui ce retrouverons dans la salle sans avoir entendu parler du film et n’aimant pas ce genre de comédie se demanderont ce qu’ils font là et s’ennuieront surement. Le film n’est pas mauvais il est même très bon à certains moments mais certaines scènes de dialogues assez longues font retomber le rythme et si vous ne comprenez pas toutes les blagues qui font références à des évènements politique vous ne rirez certainement pas. Mais le film possède tout de même d’excellents gags tels ceux des stabilos, le dialogue entre Raphaël Personnaz et Niels Arestrup sur les anchois est juste excellent, l’idée des claquements de porte et des feuilles qui volent à chaque entrées de Lhermitte est très drôle et certaines répliques sont vraiment excellentes. Après sur la forme, à savoir la réalisation, je ne peux comparer par rapport aux autres films de Bertrand Tavernier car Quai d’Orsay n’est que le deuxième que je vois de ce réalisateur, Dans la Brume Electrique avec Tommy Lee Jones ayant été le premier. La réalisation est en tout cas très bonne, c’est propre et bien fait bref Tavernier maîtrise bien son film et aussi le scénario. Ensuite j’aimerais parler de la force numéro un du film et qui lui vaut en partie son grand intérêt : Thierry Lhermitte. L’acteur de la célèbre troupe du Splendide connu pour la trilogie des Bronzés et pour le film Le Père Noel est une Ordure trouve en le personnage d’Alexandre Taillard de Worms un rôle à sa mesure et qui lui permet de s’amuser comme un petit fou. L’acteur apporte du dynamisme, de l’énergie et bien sur de l’humour au film grâce à sa présence et son caractère. Poussant son rôle à fond dans l’humour absurde et dans celui du personnage politique un peu fou on ne peut s’empêcher de penser à la personnalité politique qui a inspirée les deux auteurs de la BD : Dominique de Villepin. Certes Lhermitte ne fait pas une imitation mais sa coiffure, sa grandeur et son rôle de ministre le rapproche de l’homme politique qui avait, aux Nations Unies en 2003, connu son heure de gloire en portant le « non » de la France à la guerre en Irak. Mais l’acteur est tellement excellent dans son rôle qu’on ne peut s’empêcher de sourire à chacune de ses blagues. En tout cas Bertrand Tavernier a signé une bonne comédie qui s’encre dans la satire politique et nous emmène ainsi, avec humour, dans les arcanes du ministère français des Affaires Etrangère.