Ralalah Tavernier...
Il faut qu'il arrête franchement, parce que là ça devient gênant.
Un tel manque de relief, de création et de pertinence, je trouve ça effarant.
Premier naufrage : les dialogues.
Très didactiques, récités platement, sans relief ni subtilité.
Ils choquent d’autant plus que la prestation de Lhermitte est d'une assez bête et que cela révèle d’autant mieux le fait que chaque personnage n’est en fin de compte qu’une caricature monocorde et bien plate (...avec un grand LOL pour la participation de Bruno Le Maire et surtout de Sonia Rolland : un choix de casting même pas assumé tant on cherche à le justifier en permanence).
Mais finalement, cette pauvreté d'écriture des personnages est en adéquation avec la pauvreté d'écriture globale. Le deuxième naufrage.
Dans le fond, ce "Quai d’Orsay" a vite fait le tour de son propos.
En gros ce film nous dit que l’administration à la française a ses lourdeurs et ses incohérences, et que c'est ça qui lui donne une inertie monstre et une apparence absolument ubuesque.
En deux minutes, le principe est illustré et verbalisé, le reste du film n’est que redite sur redite de ce même propos. On ne fait que tourner en rond en illustrant sempiternellement la même chose, avec la même démarche et le même verbiage.
En gros, ça dure comme ça pendant plus d’une heure et demie pour conclure finalement sur cette idée ultra-téléphonée que « bon certes, ça a de l’inertie, mais à la fin ça a son petit plus, donc ce n’est pas si mal que ça en fin de compte. »
Le pire c’est que j’aimerais tellement dire la même chose de ce film, c’est-à-dire qu’il est certes très ampoulé et atavique en termes de réalisation mais qu’en fin de compte, il apporte quelque-chose de spécial...
Mais franchement non, ce film n’apporte rien de spécial, de bon ou d’efficace.
Les verbiages pompeux qui servent de dialogue n’insufflent jamais une touche de subtilité dans le propos ou dans la forme.
De même, je ne vois rien à sauver de ce style de réalisation très vieille France - ce troisième naufrage - fait à base de musiques ringardes et d’une mise en scène aussi rigide que celle qu'aurait produite un séminariste à qui on aurait greffé une demi-douzaine de balais dans le derche.
(...Pour dire : il n'y a que deux uniques mouvements de travelling lors de la scène de l’entretien d’embauche, mais ils sont tellement mous et forcés que j’en ai ri, comme si je voyais un film de jeunes ados qui essayaient de faire comme les grands. Véridique).
Enfin - et c’est peut-être ça le pire - que dire des fioritures formelles que Tavernier a foutu là-dedans pour coller au décorum du vieux bourgeois intellectuel ?
Non mais franchement, les citations d’Heraclite qui déboulent comme ça comme un cheveu sur la soupe, c'est juste du « pitié au secours ! »
Elles arrivent de manière rugueuse, elles donnent au film un aspect pièce de théâtre d’antan très scriptée et intellectualisée et – en plus – elles ne servent à RIEN.
Encore une fois, ce n’est qu’une banale illustration un peu forcée, même si le vrai but au fond avec ce subterfuge n’est pas d’enrichir le propos, mais de faire prout-prout.
Après je ne dis pas : effectivement sur les petites populations prout-prout ça marche.
J’entendais des rires aristocratiques s’étouffer dans ma petite salle de cinéma d’auteur de centre-ville.
Mais bon, à part satisfaire les classes sociales les plus aisées dans leurs mœurs et dans leur codes, à qui ce film peut-il parler ?
Moi, perso, j’ai ma réponse et je ne suis pas sûr qu'elle soit bonne à entendre pour tout le monde...