Clint Eastwood est définitivement un de mes réalisateurs préférés parmi tous ceux que je connais, avec Quentin Tarantino et le regretté Stanley Kubrick. C’est la huitième réalisation que j’ais visionné aujourd’hui même lors de sa sortie, sans pour autant savoir à quoi m’attendre. En même temps, « Jerseys Boys » n’est pas un film qui a bénéficié d’une promotion exceptionnel de la part de Warner car il s’adresse plus à un public américain qu’à un public européen, de plus il fait la biographie d’un groupe de chant et de musique quasiment inconnu du grand public et dont, moi-même et beaucoup d’autres, ignorent le nom ou même l’existence de ces quatre gars ainsi que leur carrière et leur histoire.
Honnêtement, je me contrefiche de savoir à qui s’adresse ce film, si c’est pour un public américain ou européen, des gens qui ont des connaissances spécifiques en chanson ou en musique, je ne critique pas un film sur ce genre de futilité ou de petit détail. Je m’intéresse avant tout au film lui-même et à ce qu’il représente pour moi, ce qu’il ma fait ressentir, comment j’ais vécu le visionnage et l’opinion que je me fais de ce film. Dans ma critique sur « Aviator » de Martin Scorsese, je disais que le genre du film autobiographique était un style qui ne m’attirait pas toujours car, tout dépend du personnage et de l’histoire du personnage que le film cherche à raconter. Mais pour le coup, si j’avais adoré la biographie sur Jordan Belfort, celle sur le quatuor du groupe Four Seasons composé de Frankie Valli, Bob Gaudio, Tommy Devito et Nick Massi le dépasse, ce film ne mérite peut être pas la note que je lui attribue puisqu’il vient de sortir récemment mais pour moi, c’était à la fois instructif, distrayant, vivant, musicalement rythmique tout en conservant une ampleur dramatique avec la vie privée et intimiste des 4 artistes, surtout de Frankie Valli qui est le principal personnage du film.
Comme d’habitude avec Eastwood, on retrouve une mise en scène et une réalisation classique et sobre avec des couleurs plutôt sombre et des plans que l’on retrouve dans la plupart de ses films, mais pas que ça, car le film reprend l’univers musicale et l’ambiance de l’époque avec les looks, l’apparence des chanteurs de Jazz ou de Pop Rock américain, sans oublier les fêtes entre célébrités et les jolies femmes à la mode de l’époque. Il y a même
une référence sympa à Joe Pesci dans le film et à « Les Affranchis »,
à vous de découvrir quand et à quel moment.
Si ce film n’a pas reçu une promotion importante, c’est surement parce que le cinéaste a refusé d’engager des stars hollywoodiennes pour interpréter les personnages de sa biographie, alors que dans celui qui avait été réalisé sur « », Dicaprio tenait le rôle du personnage du même nom. Et ce n’est pas plus mal, voir un film non hollywoodien loin des gros blockbusters à budget colossal avec une réalisation ayant pour unique but d’être rentable est une expérience agréable car on a souvent la chance de tomber sur des œuvres ayant de la personnalité, un certain style et une âme propre grâce aux acteurs du film (contrairement à des blockbusters qui sont très souvent réalisés par profit et non par passion ou intérêt pour l’histoire du film), ce qui est le cas ici. John Lloyd Young m’est totalement inconnu, pourtant il était excellent dans le rôle de la star du groupe qu’était Frankie Valli, physiquement il avait un portrait proche du chanteur lors de ses années de jeunesse et son histoire est très bien respecté dans l’ensemble, le fait qu’il voulait être coiffeur par exemple ou qu’il évolué un moment dans le milieu de la mafia, et surtout il a une voix vraiment surprenante. Je ne sais pas si sa voix ressemble vraiment à ça dans la réalité, mais la première fois ça fait tout drôle, mais avec la musique en plus que ce soit le piano, les cuivres, la batterie ou le saxophone, sa voix lui donne un énorme charisme sur scène et ça endiable le spectateur. Vincent Piazza, Eric Bergen et Michael Lomenda offrent une belle interprétation des autres membres du groupe, à savoir Tommy Devito, Bob Gaudio et Nick Massi et leur histoire ainsi que leurs origines sont aussi globalement respecté et la plupart des éléments de leur parcours aussi, comme
la composition de la chanson qui leur avait valu un aller simple pour la gloire « Short Short » par Bob Gaudio, la rencontre avec le producteur Bob Crewe également
en revanche, je n’ais pas trouvé grand-chose sur Tommy Devito et Nick Massi donc je ne peux pas assurer que ce qui est dit dans ce film est vrai, mais venant de Clint Eastwood je crois qu’on peux s’y fier les yeux fermés sans problème. Christopher Walken a un rôle moins important que je ne le pensais, mais son interprétation d’Angelo Gyp DeCarlo était bonne et son personnage venait se rendre utile quand il le fallait dans l’histoire, le casting féminin s’en sort bien aussi, notamment Freya Tingley.
Toutefois, il y a quelques libertés prit par rapport à l’histoire d’origine que j’ais été voir mais qui permet à ce film d’avoir une construction solide qui permet une bon enchaînement dans le scénario, après tout chaque biographie ou film tiré d’une histoire vraie et réaliste a sa part de faux même lorsqu’il se veut le plus proche de la réalité, et très souvent c’est un mal nécessaire pour bonifier l’histoire. Par exemple dans « Titanic » : James Cameron avait évincé le fait que les troisièmes et secondes classes ne pouvaient pas se rendre sur le pont au risque d’être fusillé afin de pouvoir construire l’histoire d’amour entre Jake et Rose, un troisième classe et une première classe, certains râlent encore et considèrent surement ce film comme une trahison par rapport à la réalité, ce qui est assez justifié quelque part, mais c’était nécessaire pour écrire la romance du film et ce n’est pas plus mal, on a eu le droit au final à une vraie perle du septième art. Ici c’est un peu pareil, même si les modifications ne sont peut être pas aussi flagrantes que dans le film de James Cameron, quoiqu’il en soit l’intrigue et le parcours des personnages avaient de la logique et une bonne mise en place.
Après, pour parler des thèmes que ce film traite à travers la vie du groupe, je tiens à préciser quelque chose qui fera peut être que le public européen n’appréciera peut être pas autant le film que j’aimerais espérer et dont j’ais parlé un peu plus haut : c’est un film qui vise un public américain et non pas le public européen car, déjà ce film qui relate le parcours du groupe est également inspiré d’une comédie musicale de Broadway dont la réputation n’est plus à faire, et l’univers est uniquement centré autour des Etats-Unis et de sa culture, et même si je ne suis pas un grand fan de leur culture, je considère qu’on a beaucoup à apprendre de cette culture que les américains ont à apprendre des européens et de notre culture. Clint Eastwood analyse dans ce film le milieu du Show-business ainsi que l’évolution du temps, le thème de la vie à travers la vie privée de Frankie Valli et encore, j’en ais surement oublié un ou deux voire plus. En plus, ce film a un véritable aspect biographique puisque les quatre membres du groupe donnent leurs impressions en s’adressant aux spectateurs durant le long-métrage, ce qui fait qu’on entre plus encore dans le propos, et surtout c’est bien aboutie car les personnages ne parlent pas pour ne rien dire et on n’a ni trop ni pas assez de narration, c’est très bien dosé.
Mais surtout, ce qui est le plus plaisant dans ce film c’est sans aucun doute la musique et les titres du groupe Four Seasons qui sont tout simplement génial. De « Sherry » jusqu’aux titres en solo de Frankie Valli comme « I love you baby » en passant par « Big Girls Don’t Cry » ou encore « Walk like a man », quasiment tout les titres que j’ais entendu dans la version du film sont superbe à tel point que j’avais envie de me lever de mon siège pour danser et remuer dans tout les sens au rythme des voix et de la musique. Et surtout, j’adore la toute dernière chanson
au générique ou l’on revoit tout les personnages du film avec la version originale d’un titre que Claude François avait reprit de son vivant et qui est devenu culte
, l'ambiance du film est renforcé avec quelques scènes marrantes et des dialogues qui apportaient une jolie touche d'humour dans ce bel univers.
Pour conclure, « Jersey Boys » m’a fait passer un formidable moment en deux heures et quinze minutes que je n’ais pas vu passer : j’ais voulu chanter et danser avec le quatuor lorsqu’ils étaient sur scènes, j’ais souri et ri plus d’une fois, j’ais même été ému et je ne sais même pas si je dois le classer comme mon film préféré de Clint Eastwood, j’hésite à le mettre entre « Gran Torino » et « Sur la route de Madison », quoiqu’il en soit, courrez vite le voir si vous aimez Clint Eastwood, et allez-y tout de suite si vous aimez les bonnes biographies musicales, que ce soit en version originale ou en version française.