Doublure cascade de Tom Ryder, la plus grande star de cinéma du moment, Colt est un homme heureux au travail comme en amour, épanoui dans sa relation avec Jody, une camera(wo)man sur le point de faire de ses débuts à la réalisation d'un blockbuster.
Hélas, une terrible chute lors d'une séquence vertigineuse le prive de sa passion pendant plus d'un an et demi et le conduit à une rupture avec sa bien-aimée.
Rappelé sur le tournage du premier film de Jody, il tente tant bien que mal de renouer avec elle... avant de se voir confier une étrange mission par l'agent de Tom Ryder...
Alors que l'on n'avait pas été vraiment convaincu par le voyage sous-Tarantinesque à bord du "Bullet Train" proposé par David Leitch, nos attentes étaient plus que mesurées à l'idée de découvrir "The Fall Guy" par peur d'un nouveau long-métrage balbutiant des influences pour lesquelles il ne se montrerait pas encore à la hauteur. Eh bien, grand mal nous en a pris car David Leitch nous a agréablement surpris en signant ce qui est à la fois une très bonne comédie d'action romantique, une déclaration d'amour au métier ingrat de cascadeur et le retour de la coolitude gaffeuse et nonchalante de Ryan Gosling à son meilleure niveau depuis que Shane Black l'avait brillamment révélée dans "The Nice Guys"!
Sur le premier point, et c'est vraiment sur ce terrain plus sentimental que l'on n'imaginait pas voir David Leitch s'aventurer, cette adaptation lointaine de la série "L'Homme qui tombe à pic" va évidemment bénéficier de la bonne alchimie de ses acteurs principaux mais il va aussi utiliser, avec un amusement manifeste, un double langage où les écueils romantiques de la relation de leurs personnages vont se mêler au cinéma et les vicissitudes de ce milieu (parfois même de façon méta sur la forme employée des scènes) en vue de leur faire expliciter leurs sentiments du moment sur ce tournage caricatural de blockbuster.
Prenant étonnamment le temps de s'attarder sur ces états d'âmes (sans trop en faire pour autant) grâce aux savoureux échanges de son couple, le film parvient à faire vibrer une touchante corde sensible autour ce couple cherchant à se retrouver malgré les épreuves au milieu des situations pourtant hors-normes dans lesquelles le versant comédie d'action les entraîne tous deux (Colt met ses capacités professionnelles au service d'une enquête en forme de parodie du star system hollywoodien).
Sur une tonalité ambiante toujours légère et, pour le coup, renouant réellement avec un esprit qui n'est pas sans rappeler celui de grosses productions d'antan (d'il y a quelques décennies), "The Fall Guy" réussit à produire un cocktail détonnant de séquences d'action, de comédie (on se marre franchement devant l'improbabilité de certains événements que le film parvient à rendre vraisemblables dans son univers), d'amour et de remarques cinglantes sur ce microcosme que l'on imagine aisément décrit comme pas si loin de la vérité.
Finalement, avec son parcours de cascadeur devenu réalisateur (et devant avoir de sacrées anecdotes de tournages à partager), David Leitch était bien le choix idoine pour un tel film, rendant avec "The Fall Guy" un bel hommage sincère à la profession de ses débuts et pour laquelle, par exemple, les Oscars ont toujours détourné le regard sur le fait de lui offrir sa propre catégorie (ce qui ne manquera pas d'y être fait remarquer avec ironie).
Enfin, Il en va de même avec son bras armé à l'écran, incarné par un Ryan Gosling parfait d'humour de grand maladroit beau gosse. Non pas que sa collègue Emily Blunt démérite mais ce cascadeur est bien LA star pivot, tout terrain (en termes d'alliance de registres) et complètement représentative du doux vent que fait souffler cette comédie d'action sur une concurrence trop souvent atone et moins généreuse à bien des niveaux. Non sans rappeler la personnalité du rôle de Brad Pitt dans "Bullet Train", Gosling s'éclate de façon irrésistible dans ce registre décalé et, oserait-on le dire, surpasse même son aîné.
Bon, on sortira moins convaincu de la dernière demi-heure du long-métrage qui cède à une forme de surenchère bien moins enthousiasmante ("The Fall Guy" aurait dû durer... disons... 1h40 pour son propre bien) mais on ne peut que regretter son petit flop au box-office à travers le monde car rares sont les divertissements de ce type qui touchent autant à leur but aujourd'hui. À croire que le jeu de mots du titre s'est malencontreusement retourné contre le film. Dommage, vraiment.