Hollywood n’a plus beaucoup d’inspiration ces temps-ci, voilà la transposition sur grand écran de la série "L'Homme sui tombe à pic". Enfin… Ce n’est pas une tranposition car il n’est nulle question ici d’une cascadeur chasseur de prime qui cherche des fugitifs, le film s’éloigne grandement du propos de la série éponyme. Le réalisateur David Leitch propose une comédie d’action, mi comique-mi-romantique atour du personnage du cascadeur. Comme tous les films d’action, ça bouge beaucoup, il y a des cascades (forcément, beaucoup…), des poursuites en voitures, des explosions, de bagarre, le son est fort, les effets appuyés et la musique tonitruante (mais hyper connue et agréable). Truffé d’humour, et de clins d’œil au cinéma et aux séries TV, le film se laisse déguster sans problème comme on sirote un cocktail un tout petit peu trop sucré, mais qu’on aime bien et qu’on termine jusqu’à la dernière goutte. En guise de dernière goutte, puisqu’on en parle, on nous offre en cadeau un générique de fin à base de making-of (avec la musique country de la série originale, ce n’est pas grand-chose mais ça fait plaisir)
et une scène post générique un peu attendue mais qui fait son effet, et qui prouve aussi que le temps passe…
Mais avant cela, on a vu un film qui passe vite, avec des petites innovations de mise en scène rigolotes (l’écran coupé en deux), des running gags (la café impossible) et des détails amusants ici et là, comme ces innombrables post-it. Il faudrait prendre le temps, presque de faire des arrêts sur image pour lire les bêtises qui y sont griffonnées, je suis sure qu’il y a des pépites. Au rayon des petits défauts, on peut légitimement trouver que les marivaudages des deux personnages principaux sont un peu nombreux, un peu trop longs et un peu trop bavards. Le film est difficile à situer sur l’échelle de la parodie, on sent qu’on est parfois à la limite parce qu’il y a pas mal d’autodérision, mais il ne franchit jamais clairement la ligne de la comédie pour toujours rester dans les schémas du film d’action. Alors c’est sur qu’on ne s’ennuie pas mais cet entre-deux pas réellement assumé est une toute petite déception. Emilie Blunt est plutôt bien en réalisatrice anglaise aux prises avec son premier film. Je ne sais pas si elle est super crédible avec son premier long métrage improbable de cow-boy de l’espace, mélange étrange entre « District 9 », d’ « Independance Day » et de « Cow-Boy et Envahisseurs », un film qui ne fait pas très envie, en tous cas… C’est Ryan Gosling qui incarne Colt Seavers. Je n’ai jamais été grande fan de Gosling mais là je le trouve plutôt bien, très second degré, charmeur sans trop cabotiner, il est crédible en cascadeur. Il n’a pas poussé le curseur jusqu’à faire ses propres cascades, la mise en abîme ne va pas jusque là. Mais bon, il donne généreusement de sa personne et n’hésite pas à forcer un peu l’autodérision, ce qu’il fait très bien. Le scénario n’est pas très compliqué à suivre :
une vedette (forcément une star insupportable, egocentrique et capricieuse) disparait et pour sauver le film de son ex (et reconquérir son cœur, car Colt Seavers est un homme sensible qui verse des larmes d’amour en écoutant Taylor Swift, on est quand même loin de Lee Major !), il accepte de le rechercher. Ce faisant, il tombe la tête la première dans les ennuis mais comme il est cascadeur, tomber la tête la première est une chose avec laquelle il peut composer.
Voilà, le scénario n’est pas hyper élaboré, il y a un rebondissement, une trahison, une fin romantique pour les deux tourtereaux, tout est bien balisé, professionnel, efficace. Bien-sur cela manque d’audace dans l’écriture des personnages, « The Fall Guy » n’est pas fait pour autre chose que pour divertir. Mais il le fait bien, on peut s’amuser de plein de choses : essayer de repérer les clins d’œil au cinéma ou aux séries, déchiffrer les post-it, admirer le regard bleu acier de Gosling, prendre un plaisir innocent devant un film sans prétention, le tout est garantie zéro prise de tête.