Copié, détourné, recherché... Blade Runner demeure toujours, plus de 40 ans après sa sortie, un objet volant non identifié. Peut-être le plus beau film de Riddley Scott, le plus abyssal, qui plonge le spectateur dans un vertige infini, où toutes les frontières semblent effacer, le bien, le mal, le temps, l'espace, la vie, la mort, l'amour, la peur... Tout devient flou, renversé, secoué, le tout nimbé du rêve de l'immortalité, baigné dans une atmosphère de fin de monde pour les humains, terrifiant, sidérant et désespéré.
Jamais Riddley Scott ne touchera si bien du doigt l'aspect terrifiant de l'humanité qui à force d'aller toujours plus loin, plus haut, finit par perdre sa raison d'être. A lui seul, le personnage d'Harrison Ford (sans doute son plus beau rôle) résume ce négationisme de l'humanité toute puissante. L'homme est un roi aux pieds d'argile qui s'enfonce dans la boue et la désespérance. Anti-héros mythique, presque désincarné, sans illusion, défait, Blade Runner s'en va confronter notre monde à l'inhumanité, à cet autre versant de lui qui finira par le faire disparaître. C'est beau et mystique. Un chef-d'oeuvre de cinéma qui traverse le temps et l'espace.