« Blade Runner » fait partie de ses classiques du cinéma dont j’en avais beaucoup entendu parler mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir. J’avais peur de ne pas accrocher, peur que ce ne soit pas ma came et au final, j’ai toujours évité de le regarder. L’approche prochaine d’une suite au cinéma m’a donc donné une occasion d’enfin sauter le pas, de mettre mon Blu-ray et de me plonger dans cette œuvre futuriste considéré par de nombreuses personnes comme culte.
Très vite, j’ai compris pourquoi le film pouvait plaire (tout comme je peux comprendre aussi les autres avis plus négatifs que j’ai pu lire à son sujet). De nombreuses versions existent de ce récit. Pour ma part (et aussi pour la précision), c’est la version final cut que j’ai découverte et qui semble être la version définitive qui à l’aval de Ridley Scott. Mon avis se base donc uniquement sur cette version et je ne ferais pas de comparaison avec les montages précédents.
Quoiqu’il en soit, et pour en revenir au film, j’ai bien aimé à ce scénario écrit par David Webb Peoples et Hampton Fancher, d’après le roman « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » de Philip K. Dick. C’est assez bavard avec un univers bien à lui mais j’ai bien accroché. En temps normal, ce n’est pas trop mon genre de délire mais je dois bien avouer qu’ici ça passe plutôt bien.
Le scénario possède pas mal de « bavardages techniques » que l’on retrouve toujours dans ce genre de projet et qui peuvent sonner comme une sensation de combler des trous mais même si je n’accroche pas à tout ceci, je ne me suis jamais senti perdu fort heureusement. L’éternel thème de ce qui fait de nous des humains et sur notre âme, nos souvenirs, notre conscience… est abordée de façon plutôt plaisante.
Pour l’époque en tout cas, je veux bien croire qu’il s’agisse d’une vision futuriste assez marquante. Le long métrage a une ambiance bien à lui avec un léger humour que je trouve agréable et un portrait d’une possible évolution de notre société que je trouve intéressante sr la place de l’homme et sa faculté d’étouffer notre planète au point que l’on doit même répliquer des animaux. Les écrans omniprésents avec ses publicités (Coca-Cola, Atari, Pan Am, Budweiser, TDK…) qui font partie intégrante de notre quotidien dans ce monde étouffant en sont aussi un bon exemple.
Ce qui m’a le plus surpris, c’est que je m’attendais à ce que l’on mise tout sur les répliquants. Cette humanité qu’ils doivent apprivoiser, la façon dont ils doivent s’intégrer, s’asservir aux profits de ceux qui les ont créés. Avant de me lancer dans ce récit, je pensais vraiment que l’on jouerait avec tout ceci. Au final, le scénario est davantage centré sur Deckard tandis que la place de Roy Batty est plus en retrait sauf dans l’affrontement final prévisible qui finit par arriver.
J’ai bien aimé aussi la façon dont on joue sur une certaine ambiguïté sur le statut de Deckard. Répliquant ou humain ? On peut voir cette aventure avec ses deux visions et cela nous permet d’avoir deux lectures du film bien différente et assez passionnante. Le film n’ouvre jamais ce débat, c’est assez intelligent, c’est plutôt le spectateur qui se pose la question, le scénario n’ayant pas besoin d’en rajouter.
Si l’on se laisse bien prendre au jeu de cette société, c’est aussi parce que le casting est très convaincant. Le temps qui passe fait que certains costumes et autres maquillages font un peu kitsch mais ça donne un certain charme à mes yeux. Une ambiance futuriste pourtant bien ancrée dans les années 80 et les acteurs parviennent à ne jamais être trop ridicule malgré certains excès dans leurs traitements.
Harrison Ford (Rick Deckard) signe par exemple un nouveau rôle emblématique dans sa filmographie. Je trouve qu’il est plutôt bien habité par son personnage et même si parfois, il joue un peu trop le « héros de base », le comédien possède un charisme qui fait qu’il s’impose à l’écran. Face à lui, Rutger Hauer (Roy Batty) est lui aussi très efficace même si j’aurais bien aimé que l’on joue davantage sur ce duel. Il y a avec ce dernier quelque chose que l’on aurait pu un peu plus creuser je pense plutôt que de tout mettre dans le final.
Parmi le reste de la distribution, j’ai bien aimé, notamment dans ses premières scènes, Sean Young (Rachel) qui tient bien son personnage. Daryl Hannah (Pris) m’a un peu plus fait sourire. J’ai eu parfois du mal à la prendre au sérieux tout comme Joanna Cassidy (Zhora). Si cela accentue un peu plus l’ambiguïté du statut social de Deckard dans la tête du spectateur, on aurait aussi pu en voir plus concernant les humains. Parmi ses derniers, j’ai eu une légère tendresse pour William Sanderson (J.F. Sebastian) dont je trouve le rôle assez touchant et bien loin de Joe Turkel (Le Docteur Eldon Tyrell) que je trouve plus glacial.
La restauration du film (image et son) pour la ressortie du film en salle ainsi que pour mon Blu-ray doit jouer pas mal mais j’ai beaucoup aimé également la réalisation de Ridley Scott. Pourtant, ce réalisateur me fait un peu peur parfois (je préfère le dynamisme et l’efficacité de son regretté frère) mais là, c’est quand même vraiment beau malgré les années qui passent.
Il y a bien sûr un petit coup de vieux parfois avec certains effets visuels qui trahissent l’âge de ce long métrage mais dans l’ensemble, les différents plans qui composent cette œuvre sont vraiment très sympathique avec d’excellents décors (j’aime bien ce côté très urbain avec de nombreuses touches asiatique) qui nous plonge à merveille dans cette société et des choix de cadrages pertinents qui nous offre pas mal de scènes assez iconique.
J’ai énormément apprécié aussi l’excellent travail sur la photographie et son exploitation de la lumière. Associée à un très bon montage, on a quelque chose d’abouti. Le rythme est lent, il n’y a pas toujours beaucoup d’action le film se concentrant sur son fond, mais cela donne une ambiance bien lourde comme un bon polar noir et l’on ne s’ennuie pas. De mon côté, ce fut même l’inverse. Ce genre de projet ne me passionne pas toujours mais là, j’ai vraiment été surpris de voir la rapidité avec laquelle ses deux heures de programme sont passés sous mes yeux.
La musique composée par Vangelis est aussi très agréable. Elle joue un rôle essentiel dans cette atmosphère de polar et ce côté assez pesant que l’on ressent. Elle accompagne bien le récit mais ne se fait jamais trop ressentir. Il y a une ou deux scènes où je l’ai moins aimé (je ne les nommerais pas pour ne pas spolier) mais dans l’ensemble, j’ai trouvé cette musique très agréable.
Pour résumer, mes craintes concernant ce « Blade Runner » se sont vite envolées. J’ai vraiment beaucoup aimé ce spectacle, plus que je m’y attendais, notamment pour son excellente ambiance et sa mise en scène soignée. Il y a bien quelques petits détails qui font que je n’en ferais pas mon film de chevet mais maintenant que je sais à quoi m’attendre, je le reverrais avec plaisir et je suis vraiment très curieux de découvrir sa prochaine suite au cinéma. Avec le recul, je pense même que de nouveaux visionnages pourraient me permettre d’apprécier encore davantage cette œuvre, c’est ce que l’avenir me dira. Un classique du cinéma en tout cas qui a marqué son époque et qui vaut le coup d’œil.