Ridley Scott a réalisé en 1982 un film qui est un chef d’œuvre, dans la droite lignée de ‘Alien, le huitième passager’ de 1979 (qui reste supérieur quand même). On peut déclarer, 35 ans plus tard, que ce réalisateur était un génie, qu’il avait tout annoncé par ces deux films, qu’aucun film ultérieur, chacun dans son genre, n’a dépassé depuis. Sa maîtrise de l’image, de l’ambiance, de la musique, des acteurs, est juste rarissime. Et ses effets spéciaux, au service du reste, et non l’inverse comme aujourd’hui, ne dilue pas cette atmosphère. Existe-t-il, dans le registre de la science-fiction (qui ne soit pas pure fantaisie) un film avec autant de densité que ce Blade Runner de 1982? Une demi-douzaine de scènes sont mémorables et de l’ordre de l’anthologie (ce qui ne sera peut-être pas le cas de Blade Runner 2049) ; le jeu des acteurs est parfait ; la musique, lancinante et inquiétante, est tellement juste (Vangelis). Et l’histoire est infiniment plus simple en 2019, par rapport à 2049, ce qui permet d’ailleurs au réalisateur de se concentrer sur la densité, et d’éviter les digressions. –Cela dit, de 2019 à 2049, on a l’impression que la planète n’a pas évolué : c’est la même pluie, la même pesanteur, les mêmes rues, les mêmes voitures qui volent. Seuls les réplicants Nexus ont changé, évoluant de la version 6 à la version 9 en 30 ans, soit dix fois plus lentement que l’iPhone! C’est peut-être bien une erreur du film de 2017, car le film de 1982 qui se passe en 2019 est ressorti récemment, et les gens qui l’ont vu s’attendent à un changement notable dans le paysage de 2049, en dehors des rides qu’a pris Harrison Ford en 35 ans. Mais ça n’accuse pas le film de 1982 !