Blade Runner, classé dans les 100 plus grands films américains de tous les temps selon l’AFI, a acquis un véritable statut de film culte au cours du temps, bien qu’il soit très mal accueilli par la critique et le public à sa sortie. Dans un univers sombre où l’action rythmée violente se mêle aux personnages pittoresques, la merveille de Ridley Scott fait figure de mythe et continue de faire parler d’elle, alors même qu’une suite de Denis Villeneuve est sortie cette année.
Blade Runner fait partie de ces rares films irréprochables et intemporels que vos enfants et petits enfants pourront se permettre de regarder sans problèmes tant il vous dépayse. Focus sur le film culte qui fête ses 35 ans cette année.
Avant tout, il faut savoir que le scénario de Blade Runner est en partie basée sur l’œuvre Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, roman de science-fiction écrit par Philip Kendred Dick en 1966. A noter que peu avant de mourir d’une crise cardiaque l’année de sortie du film, l’écrivain visionne un montage d’une vingtaine de minutes du film. Très impressionné, il déclara que les images qu’il vient de voir correspondent exactement à la vision qu’il avait lorsqu’il écrivit son ouvrage. De son côté, Ridley Scott, le réalisateur, indique que l’aspect visuel du film correspond précisément à ce qu’il voulait, mais qu’en revanche il n’avait jamais le livre, le jugeant « trop dense » …
Ainsi, le long-métrage se situe à Los Angeles en 2019. Il met en scène Rick Deckard, interprété par Harrison Ford, un ancien policier qui reprend du service pour traquer un groupe de Réplicants, androïdes créés à l’image de l’Homme, menés par un certain Roy Batty, que joue l’acteur Rutger Hauer.
Par ailleurs, il est important de préciser que Ridley Scott a largement été influencé par le genre cinématographique qu’est le film noir, apparu en France dans les années 50. Globalement, ce courant a pour particularité de mettre en scène un personnage emprisonné dans des situations qui ne sont pas de son fait et acculé face à des décisions désespérées. Ainsi, des thèmes comme le meurtre, l’infidélité, la trahison ou encore la jalousie sont privilégiés et nombreux sont ceux que nous retrouvons dans le film.
C’est pourquoi Blade Runner intègre de nombreux attributs spécifiques du genre, tel que l’incontournable imperméable porté col relevé de Deckard, le cynisme des personnages, ou encore un univers sombre, sale, nocturne, fouetté en permanence par la pluie.
Le réalisateur ira même jusqu’à déclarer que l’inspecteur « Deckard, c’est Philip Marlowe », une référence plus qu’explicite au personnage créé par le romancier Raymond Chandler, un des chefs de file du roman noir.
Pareillement, nous pouvons également constater, dans les dix premières minutes du film, un building aux formes du célèbre Millenium Falcon, vaisseau de Han Solo dans la saga Star Wars. Les fans apprécieront.
Dès le début du film, nous sommes imprégnés de ce qui caractérise tant Blade Runner avec une des scènes cultes du film, à savoir l’interrogatoire de Rachel. Les tons bleutés et dorés du film, la musique narcotique, les jeux de lumière autour de la fumée. Tout y est.
A travers Blade Runner, le réalisateur retrace le parcours d’un héros duel sous le charme fou d’une réplicante qu’il est chargé d’assassiner. Parallèlement à ça, bien qu’il décrive son œuvre comme un divertissement, Ridley Scott suscite quelques moments de réflexion en amenant parfois le spectateur à se demander ce qui caractérise vraiment l’humanité. La preuve est que beaucoup de personnages du film ne font simplement pas la différence entre des androïdes et des êtres humains, à commencer par le policier Deckard.
Du côté des comédiens, nous ne sommes pas en reste avec des acteurs de qualité. A commencer par Harrison Ford, étincelant dans la peau du pragmatique Deckard, inoubliable par son impair et son véhicule rétro-futuriste.
C’est notamment la première de Sean Young, à l’époque une jeune inconnue de 23 ans qui se fera connaître dans le monde entier après la sortie du film. Elle y incarne une Rachel resplendissante, l’amante de Deckard, très convaincante dans son rôle de Réplicante, à la fois énigmatique et impassible.
Blade Runner, c’est aussi un Rutger Hauer délirant. Un regard bleu acier, une musculature taillée pour le combat, et un charisme certain : l’acteur compose un impressionnant Roy Batty, le personnage qui prend la tête de la rébellion des Réplicants.
De plus, le comédien est illustre pour son monologue final, l’un des plus célèbres de l’histoire de la science-fiction au cinéma, qu’il improvise en partie. L’acteur déclara plus tard qu’il estimait que son personnage, en train d’agoniser, ne pouvait parler plus longtemps.
Que dire de la mise en scène qui nous bouche laisse bée tout au long du film ? Les scènes sont d’une intensité rare. Tout à tour très intimes, comme celles entre Deckard et Rachel qui témoignent d’un amour quasi impossible, mais aussi très violentes avec la traque inébranlable des Réplicants.
D’autre part, la mise en scène est caractérisée par de nombreux plans contemplatifs, où nous avons l’impression de méditer devant des tableaux en mouvements tellement la qualité d’image est élevée.
Justement, concernant l’image, elle contribue grandement à la forte notoriété de Blade Runner.
Beaucoup de jeux de lumière sont réalisés dans le film, notamment autour de la fumée qui est omniprésente et des néons bleus.
Les effets spéciaux n’en sont pas moins impressionnants. Ils sont dûs à un spécialiste du genre nommé Douglas Trumbull, à qui on doit notamment les effets spéciaux de 2001 : L’Odyssée de l’espace ou encore le premier film de la saga Star Trek. Il sera nominé pour l’Oscar des meilleurs effets spéciaux en 1983.
D’autre part, les décors ne sont pas négligés non plus. Le réalisateur a été particulièrement exigeant sur le degré de crédibilité. Que ce soit l’état de vétusté des bâtiments qui côtoient d’immenses gratte-ciel, les trottoirs grouillant de monde, la toute-puissance du monde de la publicité avec des panneaux géants à perte de vue, ou encore les costumes réalistes rappelant la mode des années 30, tout est fait pour nous exiler dans une mégalopole tentaculaire au look rétro-futuriste qui rappelle parfois un certain Ghost in the Shell.
L’équipe décoratrice sera également nominé pour l’Oscar des meilleurs décors en 1983.
Enfin, il serait indécent de ne pas évoquer l’épique bande-son aux airs hypnotiques qui a marqué les esprits de bon nombre des spectateurs.
La bande originale de Blade Runner est l’un des thèmes musicaux les plus célèbres du septième art. On la doit au compositeur Vangelis, travaillant quasi exclusivement avec des instruments électroniques.
Pendant près de deux heures, nous nous laissons bercer par une bande-son mielleuse, parfaitement coordonnée avec l’atmosphère rétro-futuriste du film.
Somme toute, voilà le constat que nous pouvons faire de Blade Runner. Un chef-d’œuvre que l’on pourrait qualifier d’épique, tant ses personnages, ses décors, sa bande-son ou encore son scénario rendent inoubliables. Un de ces films mystiques qui ne laisse personne indifférent.