C'est que je vais finir par vraiment bien l'aimer, Martin Provost ! Après la douche froide d'ennui qu'était « Séraphine » et avant le très joli « Sage Femme », celui-ci signait un joli portrait de Violette Leduc, auteure aujourd'hui un peu oublié mais proche de Simone de Beauvoir et ayant une réelle importance dans l'évolution du féminisme, notamment à travers les sujets abordés. Il y a peut-être quelques longueurs et une légère austérité formelle, mais « Violette » reste un beau portrait de femme, habilement resitué dans son époque et sachant dresser une vision sensible, complexe de celle-ci, sans jamais l'idéaliser ou l'aseptiser, le jeu toujours aussi subtil et délicat d'Emmanuelle Devos s'y prêtant merveilleusement. Au contraire, il y a une réelle dureté décrite, que ce soit à travers les différentes situations, les lourds échecs qu'elle subira ou les différentes relations qu'elle tissera, toutes difficiles, que ce soit avec les hommes, sa mère (excellente Catherine Hiegel) ou donc Simone de Beauvoir, remarquablement incarné par Sandrine Kiberlain. Leurs échanges, l'évolution de leur relation, entre respect, admiration réciproque et incompréhension, tensions, en partie dues au tempérament passionné de Violette sont le cœur du film et sans doute ce qu'il dégage de plus intense, de plus marquant. Sans être captivé, j'ai pris du plaisir et un réel intérêt à découvrir cette figure de la littérature féministe, insaisissable, attachante, excessive, mais rebelle et toujours en accord avec elle-même : sensible, séduisant.