De ce parcours chaotique qu’a été la vie de Violette Leduc et qui a servi d'unique source d’inspiration de son œuvre littéraire, Martin Provost et ses scénaristes ont choisi de démarrer leur récit au moment où le déclic de l’écriture survient chez ce futur auteur qui connaîtra une renommée tardive. Ce choix peut surprendre dans la mesure où le personnage est à ce moment déjà trentenaire et dont les tourments et les expériences désastreuses vécus jusqu’alors entretiennent sa souffrance intérieure depuis quasiment sa naissance. Là où le bât blesse, c’est que cette entrée en matière est particulièrement opaque et qu’elle empêche le film de réellement décoller avant un bon moment, les relations que Violette entretient avec Maurice Sachs étant par ailleurs mal définies. Il faudra vraiment attendre la rencontre et le développement de la relation partagée avec Simone de Beauvoir pour enfin se laisser porter par ce portrait de femme écorchée. Si les faiblesses sont dues à un scénario pas assez maîtrisé et un peu sec dans son traitement, elles ne peuvent en aucun cas être imputées à la direction artistique du film où costumes et décors font merveille. La composition d’Emmanuelle Devos pâtit peut-être de l’approche un peu trop clinique de l’écriture de son personnage. Parmi les seconds rôles, se distinguent brillamment (mais est-ce une surprise ?) Catherine Hiegel et Olivier Gourmet. Mais celle qui selon moi domine le film par sa présence, son jeu nuancé et qui est d’une justesse époustouflante, c’est Sandrine Kiberlain qui une fois de plus démontre ici toute l’étendue de son registre d'actrice.
Film soigné mais qui manque d'émotion. On n'y croit pas alors que l'histoire est réelle. Les deux actrices sont bonnes mais ne correspondent nullement aux personnages .L’intelligence de Simone de Beauvoir ne se lit pas dans les yeux de Sandrine Kiberlain.C'est dommage !
Le réalisateur Martin Provost, après Séraphine et ses sept César, présente Violette. Violette raconte la vie de cette écrivaine Violette Leduc, magnifiquement interprétée par Emmanuelle Devos. Violette Leduc, sur le conseil de l’écrivain Maurice Sachs, commence à écrire ses souvenirs d’enfance. Elle remet son manuscrit à Simone de Beauvoir qui lui ordonne de continuer. Lorsque Violette rencontre Simone De Beauvoir, l’amitié est immédiate. Une amitié qui va durer toute leur vie. Violette Leduc avait le sentiment de ne pas avoir été désirée. Ce sentiment a été longtemps une source de souffrance pour l’écrivaine. D’ailleurs Simone De Beauvoir a beaucoup aidé Violette Leduc dans "ce combat". Le film est entrecoupé de scènes du passé qui nous permettent de mieux comprendre les comportements excessifs de cette femme. Toutes les étapes de sa vie sont racontées dans ses livres, comme par ex, son avortement qu’elle évoque dans ravages…Le film est fin, intelligent et sobre.
Le casting est parfait, le rôle de Violette Leduc a été écrit en pensant à la talentueuse actrice Emmanuelle Devos. Le réalisateur a demandé à Emmanuelle Devos de s’enlaidir (faux nez…) pour coller au personnage. Emmanuelle Devos est magnifique dans ce rôle, une fois de plus. Elle est entourée de Sandrine Kiberlain qui interprète avec beaucoup de sobriété et de justesse Simone De Beauvoir, d’ Olivier Gourmet, Catherine Hiegel, Jacques Bonnafé… un bonheur !
Violette nous emmène à la rencontre de Violette Leduc, femme écrivain au destin hors norme. Simone de Beauvoir fut sa grande protectrice et sa muse. Un film sobre servi par deux magnifiques comédiennes !
A voir absolument. Des images d'une beauté saisissante. Martin Provost sait rendre visible le sensible. Un film synesthésique qui nous fait être et sentir. Sentir le frémissement du vent dans l'herbe, la caresse du soleil sur une peau mais aussi éprouver le contraste de l'ombre et de la lumière, le froid de la solitude et de l'enfermement en soi, la traversée de la folie et l'accomplissement par l'écriture. Des scènes d'intérieur qui rappellent les maîtres de la peinture flamande du XVIIe s. Une interprétation remarquable portée par les personnages féminins. Violette, violente et fragile, avide d'amour, en quête d'elle-même, rendue magnifiquement par Emmanuelle Devos. La composition magistrale de Sandrine Kiberlain d'une Simone de Beauvoir, tout en retenue et en maîtrise, mais agissante et protectrice. Catherine Hiegel, enfin, immense comédienne, dans le rôle ingrat de Berthe : une mère, c'est forcément coupable des maux de sa fille ! Elle campe avec l'énergie qu'on lui connaît un personnage rude et tendre, à la vitalité débordante. Un film né de la littérature et qui y reconduit en nous donnant les mots pour dire nos émotions et nos blessures intimes ("maman ne m'a jamais tenu la main"). Il devrait donner envie de lire et d'écrire, d'écrire et de lire : Violette Leduc mais aussi Simone de Beauvoir, Jean Genet, René de Ceccatty...
Violette Leduc nous est présentée comme un bloc de colère et de solitude qui reprochera sans cesse à sa mère, à la fois adorée et détestée, son existence. "Tu m'as faite !" lui jette-elle à la gueule, entre violence et larmes. Son premier livre commence par cette phrase : "Ma mère ne m'a jamais tenu la main." C'est l'exceptionnelle Catherine Hiegel qui campe la mère à la fois envahissante et impuissante face au malheur de sa fille. Emmanuelle Devos, elle, incarne magnifiquement cette femme en proie à toutes les frustrations, au premier rang desquelles un amour fou et unilatéral porté à Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain au sommet de son art) qui voit en elle un grand écrivain mais aucunement une amie ou amante.
...
Martin Provost construit, l'air de rien, une œuvre de plus en plus intéressante, le plaçant parmi les cinéastes français actuels de premier plan.
Beau et émouvant, ce film nous fait partager l'incroyable parcours de Violette Leduc au travers de son écriture et de sa troublante rencontre avec Simone de Beauvoir...A voir absolument !
Qui lit Violette Leduc ? Le film fait un pari audacieux, puisque l'écrivaine est semble t-il oubliée... A tort ou à raison ? je crois que la lecture d'un de ses livres s'imposent, quoique son œuvre semble très autobiographique. Pour en revenir au film, je l'ai trouvé gracieux et au fond assez précis sur les relations de Violette Leduc avec Simone de Beauvoir..... On suit un moment clé de sa vie, ses premières publications et le film avec sobriété et émotion pudique apporte une lumière surtout intime sur l'écrivaine (?) On retrouve la même dynamique que dans le précédent film de Martin Provost, mais avec deux actrices généreuses et fortes (Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain).... Cette dernière est parfaite en Simone De Beauvoir..... Sans dévoiler le film leur amitié fut essentielle à la carrière de Violette Leduc...... Le travail photographique est sobre, ajusté à l'époque, les années 50, 60, et on note parfois de splendides plans qui interpellent le spectateur attentif.... Pas de sensations de longueur non plus, malgré les 2h 19, et au fond un film où la quête d'amour l'emporte sur l'œuvre à proprement parlé..... Sans être didactique, par ce film un auteur renait et nous est offert comme Séraphine et sa peinture.......Je conseille....
On passe des mois à attendre de voir enfin à nouveau un vrai film de cinéma, lumineux, sensible, intelligent. Et puis ça arrive! Violette de Martin Provost est ce film qu'on attend désespérément depuis presque le début de l'année 2013. Un sujet fascinant, des comédiennes inattendues, un réalisateur sincère, sobre, inspiré, qui à chaque film progresse dans un style tout en finesse, loin des effets, sans tomber non plus dans l'ascétisme. Un film qui se donne progressivement. Une émotion qui se révèle petit à petit. Un grand moment de cinéma tout en nuances...
J'avais adoré Séraphine, je craignais d'aller voir Violette de peur d'être déçu, je n'ai heureusement pas été déçu car j'ai retrouvé une qualité rare: une vision hypersensible des détresses humaines, une émotion palpable. Merci!