Jouant pourtant de manière assez réjouissante sur les anachronismes en rapport avec la mythologie (le char de l'enfer remplacé par un taxi new-yorkais, le sac des Vents d’Éole changé en thermos, etc.), Percy Jackson : la mer des monstres se présente avant tout comme un immense fourre-tout « whatthefuckesque » ! A toujours chercher à rajouter des éléments d’une culture riche, le film finit très rapidement par se perdre dans une narration cousue de fil blanc (ou d’Ariane, c’est selon !) et bourrée d’incohérences. Certes, on pourra tolérer qu’une bonne partie des procédés scénaristiques hollywoodiens descendent justement de cet héritage, mais le débordement de références oblige perpétuellement le cinéaste Thor Freudenthal à précipiter ses péripéties dont on finit par totalement se moquer, en plus d’avoir comme base un script affreusement mal écrit. Entre deux scènes d’action mollassonnes, le long-métrage nous offre donc une leçon aussi subtile que dans un porno sur la tolérance et l’importance de la famille par l’apparition d’un demi-frère cyclope, ainsi qu’un message tout aussi prévisible sur les choix de la vie à travers une prophétie qui semble perturber notre fils de Poséidon sur sa liberté. Là où le premier épisode s’attardait au moins quelque peu sur la recherche de personnalité en tant qu’adolescent, cette Mer des monstres préfère arborer ses protagonistes unidimensionnels supportés par des dialogues qui feraient presque passer Marc Lévy pour de la grande littérature.
Avec aussi peu de possibilités de succès, on comprend alors bien vite pourquoi le réalisateur n’a pas cherché à faire d’efforts d’imagination dans sa mise en scène. Son histoire inintéressante pouvait au moins lui fournir une technique inspirée pour sublimer Scylla ou encore Cronos. Mais même ici, Freudenthal ne se contente que d’une mise en scène banale entrecoupée de plans putassiers pour appuyer sa 3D qui ne sert qu’à faire augmenter le prix du ticket. Au milieu d’une saison ayant vu apparaître de nombreux blockbusters « nolaniens » aux intentions louables de revenir à un certain sérieux, cette suite s’annonçait comme un simple divertissement fun et décomplexé centré pour un public jeune. Néanmoins, de par son scénario débile et son manque clair d’ambitions, ce Percy Jackson ne fait que cracher au visage des adolescents, qu’il prend pour des vaches à lait en leur envoyant à longueur de temps des plagiats de leurs films favoris (le Kraken de Pirates des Caraïbes 2, le Balrog du Seigneur des Anneaux, le Bandersnatch d’Alice au pays des merveilles et je passe celles tellement nombreuses sur Harry Potter). Il faut bien tous les étés un blockbuster raté et inoffensif, et cette Mer des monstres est certainement celui de 2013. On n’attendra probablement pas le numéro trois avec un épisode deux aussi mauvais, malgré son cliffhanger qui, comme tout le reste, tombe bien vite à l’eau. Il faut croire que l’industrie hollywoodienne a de l’ironie, pour ce pauvre fils du dieu de la mer !