Alejandro Amenábar est définitivement un réalisateur à suivre. Un an à peine après le remarquable et oppressant Tesis - qui fut son tout premier long-métrage ; débuts tambour battant ! -, le jeune cinéaste espagnol continue d'alimenter son attirance thrillerienne par le biais d'un second film captivant et angoissant à souhait, parfois complexe mais qui s'avère être, au final, une lourde preuve du talent scénaristique d'Amenábar et de son fidèle compère Mateo Gil. Recrutant une nouvelle fois Eduardo Noriega et Fele Martínez entre autre, mais avec cette fois-ci la charmante Penélope Cruz en guest-star (casting parfait au passage!), le second film du futur même auteur du tant aimé Les Autres et de Mar adentro, également (très) bon, Abre los Ojos n'est ni plus ni moins qu'une aventure cinématographique terriblement attrayante, évoluant dans un domaine pourtant épineux, n'attirant pas un public très ample. Un peu comme le protagoniste dans ses troubles, on se demande comment le film va pouvoir se terminer sans décevoir, quel sera le dénouement final, comment cela va-t-il être géré, pourquoi ce film nous laisse dans une attente si hypnotisante (?), tant de questions à la réponse formidablement bien pensée et construite, la subtilité pure d'un dévoilement qui nous laisse pantois, bien que plus prévisible post-visionnage. Véritable labyrinthe où chaque baie contient toute sorte de sentiments, d'émotions et de ressentis différents nous conduisant toujours vers un futur endroit qui accentue la curiosité mais aussi une certaine crainte de minute en minute, Ouvre les Yeux est un fabuleux film de tension, en aucun cas décevant. Un thriller à la fois fantastique, romantique et dramatique - rien que ça ! - qui vaut clairement le détour, et qui aura l'honneur (ou pas) d'être (re)cuisiné à la sauce américaine quatre ans plus tard, avec Vanilla Sky.
Amenábar nous surprend une nouvelle fois, de la façon la plus agréable qui soit. Ce second long-métrage d'un réalisateur s'émancipant de l'inquiétude d'en faire trop pour des débuts est profondément marquant. Une nouvelle fois relatif au thème des événements passés pour ainsi évoluer crescendo jusqu'au moment tant attendu, le rythme très soutenable de ce film a donc l'effet escompté, car pour le coup, pas le temps de les fermer, les yeux. Une belle claque !