Phénomène de 2011, gloire de Cannes à l'outre-Atlantique offrant à Bérénice Bejo sa palme et à Jean Dujardin son premier Oscar ainsi que le premier pour un acteur français. Un phénomène doublement glorieux pour cette aventure franco-américaine car, en plus d'avoir pulvérisé les statuettes, il est le premier grand récit en noir et blanc avec l'option ultime, muet, à avoir été mis sur pied depuis bien des décennies.
Un défis donc pour un genre éteint et qui ne pouvait assurément que créer les craintes, curiosités et convoitises puisqu'à force de soulever sa gloire, plus grand chose ne pouvait l'arrêter. Une découverte et redécouverte pour la quasi totalité des spectateurs qui évidement n'étaient plus habituer à voir un film de plus d'1h30 sans aucune parole, faisant cruellement écho à la fresque récente "Babylon" ou, à l'époque, les salles braillaient leur joies et indignations alors qu'aujourd'hui, on n'est à l'inverse complet. On à donc découvert l'importance crucial de la musique de film qui, très clairement, avait et possède toujours le rôle secondaire majeur d'un récit. Une bande-son ultra dynamique par instant comme douce et molle par d'autres qui aura valut au français Ludovic Bource sa statuette d'or. Quant à notre duo d'intéressés, leur show est naturellement endiablé et respecte absolument toutes les cases du jeu des années 20 à 40 à savoir, une exagération comique corporelle, une théâtralisation monstrueuse typique de ces décennies, la dramaturgie et romance XXL de l'époque alors qu'aujourd'hui, toutes ces compositions sont aussi dépassées que ringardes. Le duo réussis donc cette prouesse en plus de parler, sans parler, et c'est bien là le côté absurde et inutile des récits muets, quel intérêt de faire parler le casting si finalement, jamais on ne comprenait rien et que les fameuses "pancartes" de script n'étaient que très limités disons le carrément. Quant à John Goodman, il incarne avec excellence ces producteurs qui disaient royalement leur pensées sans jamais se soucier du casting, juste leur bénéfice, croyant connaître la voix du publique alors que, par inversement, il n'y connaissait en vérité, que la valeur de leur porte-monnaie. Le 3ème récit de transition d'époque muette au parler après "Chantons sous la pluie" et donc désormais "Babylon" qui montre une nouvelle fois le choc brutal, le changement artistique radical et la disparition totale du silence ayant conduit certains au suicide ou à la perte simple de leur travail sur ordre des producteurs. Une scène intense entre Dujardin et son chien, une reconversion ludique et lumineuse pour notre duo qui se sera offert "La Scène" anthologique mais trop courte à mon goût. Un final brutalement parlant et sonore qui, sans le voir venir, m'aura aussi surpris que "choquer" tant sa durée expresse n'aura presque servis à rien.
Le ou l'un des recordman de nominations aux Oscars depuis "Le retour du roi" qui aura parfaitement marquer de son empreinte, une réal soignée et respectueuse d'une époque morte, Cotillard & Dujardin désormais seuls détenteurs "moderne" du Graal qui aujourd'hui encore, leur val tous les honneurs. Chapeau les artist.