À force de voir depuis toujours des films dits « modernes », parlants et d’être habitués à (presque) toujours tout comprendre, nous oublions parfois qu’à l’origine, le cinéma était muet et qu’il se devait de retranscrire au mieux, afin d’être compréhensible par le plus grand nombre de spectateurs, les émotions et pensées des personnages par des gestes, mimiques et expressions faciales et corporelles exagérées.
J’avoue, jusqu’à présent, ne pas m’être intéressée davantage par le cinéma muet, mais « The Artist », de par la volonté de son réalisateur, Michel Hazanavicius, de réaliser un film muet, en noir et blanc, dans les années 2010, était un moyen de me mettre, petit à petit, dans le bain afin de découvrir par la suite des « classiques » du cinéma muet d’époque.
Dans « The Artist », George et Peppy se rencontrent fortuitement, à la sortie de l’avant-première du dernier film dans lequel George Valentin est une nouvelle fois la vedette. Le culot de la jeune Peppy Miller, gonflée à bloc par sa petite « notoriété » suite à sa rencontre improvisée avec George Valentin, va se présenter à une audition pour un film, pour incarner une figurante sachant danser. Elle va se retrouver, sans le savoir préalablement, à partager l’affiche avec… George Valentin, bien entendu.
Peppy, de par son talent et sa fraicheur, va charmer Hollywood, et va gravir un à un les échelons de la célébrité et devenir une des premières starlettes du cinéma parlant. Son énergie communicative, son sourire, sa bonne humeur perpétuelle, font d’elle la « girl next door » de l’époque des années folles, la jeune femme positive et énergique que nous aurions toutes aimé avoir comme amie, celle qui remonte toujours le moral des troupes durant les moments difficiles. George, préoccupé par son déclin, et par son couple qui bat de l’aile, tombera bien évidemment sous le charme de Peppy, mais sera plus lent et réticent que Peppy à vivre cette histoire d’amour.
Nous ne verrons jamais une véritable « idylle » entre eux à l’écran, dans le sens où aucun baiser ne sera échangé, et qu’aucune étreinte ne sera visible…. juste une très belle complicité et un amour véritable que l’on imagine. Car si au départ, cela était prévu, l’équipe du film, après avoir débattu la question, a jugé plus approprié de laisser leur histoire « platonique », par rapport à la pudeur de rigueur pour l’époque.
En ce qui concerne la descente aux enfers et lente déchéance de Gorge, rien ne lui sera, ni nous ne sera épargné : son déclin à l’arrivée du cinéma parlant, sa séparation, sa ruine financière…
« The Artist » est bien plus qu’un hommage au cinéma muet, c’est un véritable film muet à part entière de notre époque, tour à tour drôle, burlesque, sensible et poétique, parfois sombre aussi. Jean Dujardin incarne à merveille un George Valentin aux multiples facettes, et Bérénice Béjo une Peppy expressive, mutine, enjouée, passionnée, amoureuse, bienveillante et protectrice envers George. Quelques scènes trainant quelque peu en longueur ne gâchent en rien ce beau spectacle, habilement mis en scène par un Michel Hazanavicius inspiré.
Mon analyse complète du film sur mon blog: reves-animes.com