Récit déprimant et boiteux des raisons d'un geste funeste. Dommage, on commence à regarder DE BON MATIN et voilà qu'on nous inflige la fin directo ou presque: Paul tire sur deux des collègues de sa boîte qui l'a mis de côté, sur Genève. Après, back to before, on explique... longuement, lentement, laborieusement. Le travail sur l'image vire au cliché: tout semble triste, gris, pâle, mélancolique, métallique, froid. Xavier Beauvois incarne avec brio son rôle de gros con insensible, et Yannick Régnier son rôle de jeune-loup, mais leurs caractères manquent nettement de vice et de perversité: on en reste à la caricature, fade et grossière. Le manque de finesse dans les réparties indispose: on peut représenter la violence psychologique avec plus d'habilité et par conséquent obtenir un effet bien plus convainquant! Paul tient à défendre sa dignité et s'y accroche mais il sent le vent tourner. Il accorde trop d'importance à son emploi dans sa vie et, par jalousie, il va jusqu'à mépriser l'épanouissement de sa femme dans la réussite de sa modeste action humanitaire. Il possède pourtant une grande maison, une belle voiture et un bateau, qui lui permet de voguer agréablement sur le lac Léman. Mais Paul n'est pas épanoui. L'était-il? Le désaveu de son entreprise, un coup bas hypocrite, il le ressent, lui, l'élément intègre, jusqu'alors dévoué, comme une insulte, une trahison. L'esprit combattif, dégoûté, fait place à l'attitude défensive puis à la dévastation, face à des collègues qui ont déjà baissé les bras. Soudain, il se sent seul et son courage vire au désespoir. Cette évolution finit par mettre à jour un fond d'angoisse dépressive que Paul ne parvient plus à endiguer. Incapable de rebondir, il se laisse ensevelir, sans pour autant ravaler sa rage ni sombrer dans l'alcool. Trop digne... trop aliéné? On regrette le choix d'un personnage central bien installé, certes sous-fifre mais d'un statut bourgeois, un profil qui de plus ne sied guère à l'acteur. J.P. Darroussin... Qu'est-ce qu'on lui trouve? On nous le montre avec son bide, moche, traînant, tirant la gueule, tiré à quatre épingles. Si sa prestation tient la route, difficile d'y croire. Ce type d'histoire, qui s'est banalisé, se suit avec un certain ennui. La démonstration achoppe sur des lacunes dramaturgiques, ça manque d'ampleur. Pire, on en ressort triste et accablé (une horreur!) avec une seule envie, voir autre chose. D'une efficacité discutable, ce film n'est en rien attachant.