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Patrick Braganti
93 abonnés
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2,5
Publiée le 5 octobre 2011
L’enjeu du film consiste à retracer le parcours d’un homme en tentant de cerner les mécanismes implacables qui l’ont conduit à l’irrémédiable. Si les conditions de travail sont désignées comme facteur aggravant et déclencheur, il serait néanmoins faux de limiter la portée du film à l’unique terrain de l’entreprise. Le personnage de Paul – impeccablement interprété par Jean-Pierre Darroussin – se révèle complexe et difficile à circonscrire. Le réalisateur ne le cantonne pas à un rôle de victime rejetée, mise à l’index et enfin déclassée par sa hiérarchie au seul motif d’objectifs non atteints et d’une mauvaise intégration au sein de la nouvelle équipe dirigée par Xavier Beauvois et Yannick Renier, personnages froids et calculateurs sans le moindre état d’âme. La dépression qui envahit Paul, l’amenant à consulter un psychiatre auprès duquel l’envoie la médecine du travail – quelques scènes que l’on peine à rattacher au reste de l’intrigue – trouve ses origines au-delà de la dégradation de l’environnement professionnel et du cortège d’humiliations et d’ostracisme. Paul se perçoit d’abord comme une victime d’un système qui l’a modelé et formaté, annihilant ses facultés de réflexion et d’analyse par le manque de recul et un investissement total (énergie, intelligence et temps cités par Paul lui-même), le transformant en prisonnier de sa propre existence qu’il pense subir plus que choisir. La privation de liberté et la sensation d’enfermement qui en découle deviennent par conséquent les terreaux d’une décompensation inéluctable, prémisses aux actes les plus radicaux.
Sobre et sec, tournant le dos au pathos, à l’image des locaux gris et déshumanisés de la banque, De bon matin développe une narration qui fait la part belle aux flashbacks qui remontent plus ou moins loin dans le temps. Certains apparaissent moins judicieux et donnent lieu à des séquences moins convaincantes, comme l’appel téléphonique au beau milieu de la nuit à un ami éloigné depuis vingt-six ans. D’autre part, la description du milieu bancaire paraît plutôt fade et convenue, comme si ses modes de fonctionnement ne pouvaient porter en eux toute la responsabilité de la descente aux enfers de Paul. Ou plus précisément, le cinéaste ne parvient pas toujours à rendre palpables les manœuvres qui se jouent en coulisses en vue de l’éviction de Paul. D’ailleurs, la jeune collègue licenciée sur-le-champ ne présente pas les mêmes réactions : à la place du désir de vengeance, elle choisit l’oubli.
Sans jamais juger, ce qui contribue à le désincarner quelque peu, se contentant de mettre à jour les mécanismes de l’anéantissement que tous participent à actionner, Jean-Marc Moutout conclut son film par un long travelling énigmatique, renvoyant chaque spectateur à sa conduite et à sa part de responsabilité.
Jean-Marc Moutout adapte un fait divers remontant à 2004 et offre le premier rôle à Jean-Pierre Darroussin, celui d’un père de famille et chargé d’affaires dans une grande banque qui, petit à petit, commence à se rendre compte que son supérieur fait tout pour l’évincer. Constamment mis en retrait par rapport à ses collègues, rabaissé, humilié et trompé, il craque et doute de lui. Jean-Marc Moutout nous fait revivre le calvaire enduré par cet homme et ce qui l’a motivé à réaliser son acte criminel (assassinant son supérieur hiérarchique ainsi quelques-uns de ses collègues se trouvant sur son passage avant de retourner l’arme contre-lui). C’est relativement rare de retrouver Jean-Pierre Darroussin dans un rôle aussi puissant et où il donne autant de sa personne, c’est d’ailleurs ce qui nous marquera le plus, face à une mise en scène assez aseptisée et trop amorphe, rendant ces 90 minutes relativement longues. De bon matin (2011) dépeint de façon ultra réaliste, l’univers du travail, où l’humain n’a plus sa place au sein de l’entreprise, face au profit, au rendement et à la compétitivité. A noter aussi, en plus de l’excellente prestation de Jean-Pierre Darroussin, la présence de l’irascible (mais parfaitement interprété) Xavier Beauvois (le réalisateur de l’excellent Des hommes et des dieux - 2010), sans oublier Yannick Renier.
Sur un sujet redoutablement actuel(un cadre expérimenté soudainement rabaissé,qui se met à douter de sa vie entière,passée et présente),Jean-Marc Moutout montre à la fois la déshumanisation du monde du travail,l'instabilité d'un poste et d'une situation face à un climat de crise et la remise en question radicale d'un quinquagénaire à priori bien sous tous rapports.Moutout,par l'intermédiaire de multiples flash-backs,décortique et ausculte tous les éléments amenant cet homme à commettre l'irréparable.Il le fait cependant avec une telle froideur clinique et une mise en scène aseptisée que l'émotion ne nous parvient pas,et que seule la démonstration implacable reste.Jean-Pierre Darroussin dans le rôle titre est évidemment formidable,subtil et affecté.Difficile d'imaginer quelqu'un d'autre à sa place."De bon matin" permet aussi de revoir le talent d'acteur de Xavier Beauvois,ici en patron sec et ingrat.Le film est dramatique,mais s'embrouille dans un montage compliqué.Il est aussi nécessaire que vain.
Jean-Marc Moutout s’était déjà intéressé de près à l’évolution des rapports humains dans l’entreprise avec « Violence des échanges en milieu tempéré » en 2004. Sept ans plus tard, les choses n’ayant fait qu’empirer avec le triste constat des suicides dans des grandes entreprises du CAC 40, il n’est pas étonnant de le voir approfondir le sujet en relatant le parcours d’un cadre supérieur qui n'arrivera à se sortir de la nasse qu’en tuant deux de ses responsables hiérarchiques avant de se suicider. Jean-Pierre Darroussin compagnon de route du très engagé Robert Guédiguian n’a jamais été lui non plus insensible aux répercussions des mutations sociales sur les êtres humains. Déjà dans « Rien de personnel » de Mathias Gokalp en 2009 il participait à la mise en scène d’une charrette lors d’un séminaire au sein d’une société pharmaceutique. Ici le propos aborde un autre versant du problème, celui encore plus pernicieux de la lente descente aux enfers d'un cadre supérieur qui se trouve progressivement relégué au second plan, voyant une à une ses prérogatives et les marques de reconnaissances s'envoler en fumée sans qu'aucune raison objective et réellement argumentée ne lui soit fournie. Dans ce processus, toujours un peu le même, le salarié s'il n'a pas l'instinct de préservation suffisamment développé risque de plonger dans ce que l'on appelle communément de nos jours le "burn out" et dans les cas les plus graves d'aller jusqu'à retourner la violence éprouvée contre lui-même ou plus rarement contre les auteurs des brimades. C'est le cheminement mental de Paul (Jean-Pierre Darroussin) que Moutout ausculte au plus près de manière quasi clinique et donc un peu froide pour bien nous faire ressentir l'implacable travail de sape patiemment orchestré en sourdine par l'entreprise qui trouve toujours des cadres zélés pas toujours foncièrement méchants qui sans vraiment le vouloir se transforment en petits tortionnaires. Les fréquents flashback où Paul repense aux moments heureux de sa vie intime étroitement liés à son ascension à la force du poignet nous alertent sur le risque de trop impliquer son affect dans des structures professionnelles qui désormais ne laissent plus la place à l'expression des faiblesses humaines mais exigent plutôt une soumission aveugle en échange de promotions rapides quelquefois illusoires et destructrices. Jean-Pierre Darroussin avec son visage débonnaire sait quand il le faut laisser transparaître la violence et une profonde angoisse. Il participe une fois de plus à une œuvre salutaire qui sera utile à ceux qui auront la lucidité de penser que le destin de cet homme les concerne. La conclusion du film est implacable avec un long et lent travelling sur les collègues de Paul réunis dans une de ces fameuses cellules de soutien psychologique, bonne conscience des entreprises qui organisent ces jeux de massacres où quelquefois il y a des morts. Au suivant... comme chantait autrefois Jacques Brel.
Du bon cinéma, efficace, mais qui m'a laissé totalement hermétique à ce drame. Pourtant la mise en scène semblait inspirée et l'interprétation impeccable. Peut-être est-ce un peu froid, pour ne pas dire glacial ?
Jean-Paul Moutout ne parvient pas ici à retrouver la force de son "Violence des échanges en milieu tempéré". Construit en flashbacks, le récit reprend le même univers, le même message désespéré et critique que la réussite précédemment citée mais la mayonnaise a cette fois un peu de mal à prendre. Jean-Pierre Darroussin est une fois de plus parfait et le film a le mérite d'exister mais n'apporte rien de neuf et fini par provoquer un certain ennui. Dommage.
Je n'ai pas accroché à la réalisation que je trouve bien trop lisse et molle pour une histoire de la sorte.Du coup je n'ai pas ressenti la détresse ou en tout cas pas compris les déclencheurs qui ont fait que pour notre personnage principal c'était une nécessité d'en arriver la,si ce n'est le jeu d'acteur de Darroussin qui lui la joue bien (la détresse).Mais bon il manque quelque chose de plus profond et surtout une réalisation un peu plus poignante.2/5
Le réalisateur et scénariste ne s’est vraiment pas fait une entorse au cervelet ! On a l’impression d’avoir vu ce film vingt fois déjà : un cadre d’une banque, que ses supérieurs mettent peu à peu au placard, et on ne saura pas pourquoi, débarque un matin au bureau, muni d’un pistolet (la presse, toujours bien renseignée, mentionne « un revolver » !), et abat deux de ses supérieurs, puis il se tire une balle dans la bouche. Tout le film est donc en flashback, mais cela n’explique pas grand-chose.
Ce pamphlet, au dialogue faiblard, sur la tyrannie de l’économie et de la finance reste très inférieur au chef-d’œuvre de Laurent Cantet, « Ressources humaines ». Ici, on ne s’intéresse guère qu’aux deux acteurs principaux, Jean-Pierre Darroussin et Xavier Beauvois.
Ce film traite d'un fait d'actualité : la pression et le mal-être que l'on peut ressentir dans notre vie professionnelle. Ici l'action se déroule dans le secteur bancaire, mais elle aurait tout aussi pu l'être dans n'importe quel autre secteur. On suit Paul, un homme qui a tout pour être comblé (réussite professionnelle, belle famille, amis...), subir une descente aux enfers progressive dont la cause principale est son travail, qui subit la loi du marché et sa recherche constante du profit (au détriment des salariés), qui ne colle plus avec ce qu'il avait connu auparavant. Il décide donc de s'alléger de ce poids devenu trop dur à porter et de commettre l'irréparable. Cet acte "irréparable" est celui dont on prendra connaissance dès le début du film. Un choix a été fait par le réalisateur à ce niveau-là et j'avoue qu'à 1ère vue ça ne m'a pas plus dérangé que ça, étant donné qu'on savait sur quoi portait le film dès le départ. Non, personnellement, ce qui m'a énormément gêné c'est le montage plus qu'approximatif. Les flashbacks c'est bien, voire très bien, mais il faut que ça apporte un vrai plus au récit, et surtout que ça ne parte pas dans tous les sens ! Ici, on se perd dans les multiples flashbacks, ceux-ci découpant le film en de multiples mini-séquences qui, au bout du compte, finissent par lasser. On connait le sujet traité et il n'y a aucune surprise, donc pourquoi ne pas rester plus sobre et nous laisser rentrer complètement dans ce personnage ? On a vraiment envie de se battre avec lui, on a envie d'être aussi enragé que lui devant autant d'injustice, mais le problème c'est qu'on ne nous en laisse pas le temps ! J'aurais largement préféré un film totalement linéaire (début-milieu-fin), même si c'est beaucoup moins original je l'admets, mais au moins on aurait eu plus le temps de s'identifier au personnage. C'est vraiment dommage parce qu'une nouvelle fois Jean-Pierre Darroussin est impressionnant de justesse, et le Xavier Beauvois "acteur" est irrésistible en véritable patron autoritaire et sans pitié ! A voir néanmoins pour le traitement de ce fait de société qui peut, malheureusement, toucher chacun de nous tous.
Le film de Jean-Marc Moutout est tout mou. Un des pires films depuis la rentrée c'est à se tirer une balle d'ennui, le réalisateur se la joue "auteur" avec des plans un peu longs type "il prend une gorgée de café", "se brosse les dents" avec un angle un peu particulier, alors que son film est une merde, une merde raciste qui plus est. Y a UN noir dans le film et il a un gros accent de nègre et doit tout à la famille du banquier névrosé, il étudie la médecine c'est une singe savant qui est émerveillé quand il est sur le bateau de son maître à qui il doit tant, je grossis vaguement le trait, mais c'est méprisant. C'est le film le plus "français" (dans le sens péjoratif du terme) depuis R.I.F ... C'est vous dire si c'est mauvais.
Pourquoi consacrer une vie à 'quelque chose' de l'ordre d'une carrière est-ce une absurdité aussi bien qu'une incohérence ? Comment sort-on de la spirale infernale de la cadence et du travail si ce n'est pas un renoncement total, une fuite vers un monde différent ? .. Malgré une trame forte, sombre et noire de bout en bout ainsi qu'un Jean-Pierre Darroussin au top de sa forme 'De bon matin' ne décolle pas vraiment et laisse très peu de place à l'émotion. Cette satyre sociale est donc difficile à cerner ; mise en scène froide, lente, pessimisme jusque dans ses moindres recoins, fatalisme et presque déterminisme ; tous les éléments étaient réunis pour produire un grand film, hélas l'ennui rode constamment et s'immisce dans plusieurs scènes/passages qui en viennent alors à sonner comme 'vide' de sens et de sentiments surtout.. Au final, une impression mitigée, d'un côté une noirceur réaliste, une vive critique de la société et du système dans les entreprises plaisante et de l'autre un scénario plutôt pauvre, pataud voir disons le, chiant..
L'histoire d'un homme qui se tue à la tâche au boulot, et il n'est pas le seul à mourir ! Le genre de film qu'on a pas envie de critiquer tout de suite, de peur de se remettre dans le sujet. Mais 3 mois après il faut bien que je m'y colle. Le harcèlement moral dans l'entreprise est d'autant plus savoureux quand il s'en prend à ceux qui le vivent le moins bien, ceux qui croient en la valeur travail. Le sujet est traité en flash back mais ça ne gêne pas puisque l'on peut se concentrer sur le cheminement du geste. Darroussin est franchement formidable en français moyen un peu csp plus vrai que nature. La séquence émotion du bateau est superbe et les scènes d'entreprise sont suffisamment vraisemblables pour donner le dégoût comme dans la vraie vie. Un très bon film sur un sujet qui risque de prendre de l'ampleur, après tout, il y a de moins en moins d'accidents de la route.
ça colle à l'actualité , c'est réaliste certes mais pas au point d'être captivant malgré la bonne performance de Darroussin . c'est un peu poussif et plombant , parfait pour un jour gris .