"J'ai tué ma mère", le premier film du jeune canadien Xavier Dolan m'avait tellement déplu (narcissique, déplaisant, prétentieux, désagréable) que j'avais conclu ma critique en affirmant que lorsque le deuxième sortirait, "j'irai voir ailleurs". Je n'avais pas imaginé à l'époque que ce deuxième film ferait partie de la sélection "Un Certain regard" de Cannes 2010 et que je ne pourrai guère faire autrement que le voir ! Catastrophe, c'est presque pire que le premier ! Pourquoi ? En fait, ce n'est que ... désolant ! En matière d'art, il est souvent dangereux de porter des jugements favorables et "définitifs" sur des œuvres lorsqu'elles font appel à des modes, que ce soit sur le fond que sur la forme. En effet, le risque est grand d'avoir une œuvre très datée, et le jugement que l'on pourra alors porter plus tard sur sur son propre jugement risque d'être cruel ! Avec "les Amours imaginaires", reconnaissons que ce risque n'existe pas. En effet, les nombreuses afféteries utilisées par Xavier Dolan ont dépassé depuis longtemps la date de péremption : ralentis chichiteux, utilisation de filtres, abus de zooms avant et arrière, utilisation des suites de Bach pour violoncelle, etc. On se croirait dans les plus mauvais films de Lelouch ! Ce réalisateur de 21 ans fait déjà un cinéma de vieux. Même le sujet du film, le trio amoureux, est usé jusqu'à la corde, après avoir donné des films autrement plus ambitieux et, surtout, plus réussis. On peut espérer, sans certitude, malheureusement, qu'après 3 ou 4 films du même tonneau rencontrant un succès certain auprès d'un certain public, ce réalisateur, ou bien disparaitra des écrans, ou bien, au minimum, s'efforcera d'être moins prétentieux. Pour celles et ceux qui, malgré tout, iront voir ce film, je leur souhaite que la production aura décidé de sous titrer le film en français, car l'accent canadien rend ce film en français très difficile à comprendre.
PS : même pour la BO, Xavier Dolan a réussi à me pourrir son film : c'est ainsi qu'ayant décidé d'utiliser la chanson "Bang bang (My Baby Shot Me Down)", il a été prendre la version de ... Dalida ! Pourquoi pas Sheila, pendant qu'il y était ! Sans aller jusqu'au sommet avec la version du groupe ... canadien "The courage of Lassie", on aurait pu espérer Cher ou Nancy Sinatra.