Xavier Dolan est agaçant (21 ans, coqueluche de la critique, etc). On aimerait le détester. On aimerait détester son nouveau film (surtout si on n'a pas vu le premier). Eh bien non. Raté. Les amours imaginaires réussit à être bluffant du début à la fin, surfant sur les fils de tous les rasoirs, employant des codes cinématographiques surexploités, racontant une histoire connue par cœur de tous, tellement on l'a vue, lue, vécue. Et pourtant, maîtrisant chaque seconde du film, de l'écriture au choix des costumes, du montage image à l'interprétation, Xavier Dolan nous offre une œuvre personnelle et totalement décomplexée. Le film est beau, drôle, touchant. Alors que Marie et Francis aiment Nicolas, des inconnus témoignent d'histoires d'amours banales, mais forcément uniques, dans lesquelles on se retrouve toujours un peu, ou même beaucoup. L'amour que Marie et Francis éprouvent rapidement pour celui qui s'aime au point d'aimer plaire (à moins qu'il soit réellement naïf), démarre dans la légèreté jusqu'à s'insinuer au plus profond de leur chair. D'amis ils deviennent rivaux, s'aveuglant chacun jusqu'à se couper l'un de l'autre. Très bien écrit, d'une justesse impressionnante jusque dans les moindres détails (les pieds se frôlant au matin, les explications de Marie), stylisant le sexe mais sachant aussi l'évoquer dans sa trivialité, montrant au ralenti des images suspendues échappant à leurs auteurs, intelligent de bout en bout, le film n'est jamais prétentieux, jamais fat, jamais vain, à l'image d'un Xavier Dolan qui ne se traite ni mieux ni moins bien que les autres. Et puis, à ses côtés, le spectateur découvre une actrice époustouflante, de celles qu'on peut écouter et regarder pendant des heures sans se lasser, une fille qui a du chien, de l'humour, de la gueule, une fille comme on les aime, l'interprète de Marie, Monia Chokri. Rien d'autre à dire. Impressionnant.