Ce qu’il y a quand même de bluffant dans ce film, c’est que le réalisateur, Xavier Dolan, qui joue aussi le rôle de Francis, sorte de petit James Dean brun à la mèche savamment crantée, véritable pub vivante pour stu-stu-studio line, et bien il n’a que 21 ans ! Il est tombé dans la marmite du ciné quand il était petit, Papa artiste, pub télé à 6 ans, courts métrages, premier film en 1997, etc., etc. et l’an dernier réalisateur de « J’ai tué ma mère » à 20 ans.
Xavier donc, qu’on déteste ou qu’on admire pour son génie précoce; il arrive à sortir un film qui est à la fois d’une maturité et d’un modernisme étonnants sur l’éternel thème si souvent visité depuis Jules et Jim : Le trio amoureux, ses affres et dommages collatéraux, si ce n’est qu’ici l’objet de tous les tourments ce n’est plus Jeanne Moreau mais un jeune éphèbe blond à la beauté troublante d’un véritable Apollon grec.
Je précise toutefois qu’il s’agit d’une production MK2, vue au Mk2, avec un public très … MK2, qui ne fait pas de K2 ou de Kdo, certains sont mêmes sortis de la salle après la première ½ heure : Donc ça ne va pas plaire à tout le monde ! Et comme j’aime bien laisser traîner mes oreilles au milieu de la cohue de sortie de salle, là encore les avis étaient très partagés…Donc voici le mien, qui vaut ce qui vaut, je vous aurai prévenus.
Donc oui j’ai beaucoup aimé et sans pouvoir l’expliquer, et pour les mêmes raisons que certains détesteront, en voici quelques-unes.
1° Déjà le film est canadien, et il a la bonne idée d’être persillé par de brèves interviews de jeunes qui racontent leurs déboires amoureux avec un accent du Québec, tellement prononcé que le sous-titrage s’impose. C’est super drôle, en particulier la demoiselle à lunettes qui nous fait un véritable one-woman show comique.
2° Il est avant tout esthétique, et si on lit le générique de fin, on s’aperçoit que Xavier Dolan il a mis sa patte un peu partout : Les costumes, la musique, le scénario… Artiste complet qui veut tout maîtriser : De la couleur tangerine d’un pull que tout autre penserait orange aux ralentis colorés qui subliment la chute de reins ou le port de nuque perlé de Monia Chokri, qui affiche dans ce film un goût prononcé pour le style vestimentaire des années 50-60 vintage.
3° Ces nombreux ralentis permettent de mettre en exergue la magnifique bande son, et perso, réécouter Dalida chanter Bang bang en italien avec une voix cristalline, et bien ça me fait capoter, je trippe, je trouve ça full hot (comme ils disent là-bas !).
4° Non…j’ai assez fait mon pépère, allez-le reluquer, et dites-moi s’il vous a planté en plein face, donné le mal de bloc, si vous l’avez trouvé cossin, si vous avez sacré votre camp avant la fin, si vous avez eu le piton collé…Okidou ?