Ah, Xavier Dolan, chouchou de la croisette, acteur, réalisateur et j’en passe, on ne peut pas nier que c’est quelqu’un qui sait ce qu’il veut, et qui s’investit dans son art, reste que Les Amours imaginaires ce n’est pas franchement ce qu’on peut appeler un bon film !
L’histoire n’a rien d’enthousiasmant. Histoire d’amour très simpliste, trio amoureux mâtiné d’un poil de singularité par l’introduction d’une relation homosexuelle (quoique !), le film dure 1 heure 40 avec cette base et se déploie de façon tout à fait conventionnelle, ne cherchant jamais le drame, jamais l’humour, se plaçant sur un juste milieu séducteur mais sans audace notable. On pourrait presque qu’ici Dolan se prend une sorte de récréation, mais il n’a pas, dans le marivaudage amoureux, les talents d’un Emmanuel Mouret par exemple.
D’ailleurs j’ai eu l’impression que Dolan cherchait, avec une certaine roublardise, à nous séduire par un joli emballage. La bande son est très séduisante, bien qu’exploitée de façon relativement simpliste (en dehors de Bang Bang les autres chansons m’ont paru laborieusement intégrées), les images sont belles, avec une mise en scène pleine d’effets de style (caractéristique du réalisateur au demeurant), mais ça reste souvent au stade de l’expérience superficielle. C’est fait proprement, mais on ne sent jamais l’intention de servir l’histoire, de servir les acteurs, c’est comme si c’était faire de l’effet de style pour l’effet, ce qui renforce la dimension superficielle d’un métrage trop pompeux. Reste de très beaux plans, c’est vrai, une belle photographie avec des couleurs attrayantes, néanmoins dans les regrets que j’ai-je mets les décors. Par exemple ça parle de campagne à un moment, elle est soi-disant belle, mais nous on n’en verra rien !
Le casting est composé d’acteurs peu connus, du moins à l’époque et de ce côté de l’Atlantique. Je souligne le jeu très juste de Monia Chokri, celle qui tire son épingle du jeu à n’en pas douter, face à des acteurs masculins plutôt tiédasse, dont Xavier Dolan en personne. J’ai surtout eu l’impression que l’écriture de leurs personnages laissait vraiment à désirer par rapport à celle du personnage de Chokri, ce qui joue forcément sur la qualité apparente de leur prestation. A noter la présence de la récurrente du réalisateur, Anne Dorval.
Pour ma part Les Amours imaginaires m’a paru être un exercice de style pas foncièrement déplaisant, mais très vain et superficiel. Finalement on se demande bien ce qui a changé entre le début et la fin du film, et pourquoi il a fallu 1 heure 40 pour cela. Certes, on retient de jolis tableaux, et après tout le cinéma c’est aussi cela, mais il ne faut pas pour autant oublier que le cinéma c’est autant une forme qu’un fond. J’ai envie de donner la moyenne malgré tout, car on sent un style, une volonté de faire différent, mais je n’irai pas au-delà.