Le Gamin au vélo est un film agréable, évidemment si l’on adhère au style des frères Dardenne, et si l’on accepte de se plonger dans ce qui fait finalement le monde très terre à terre d’aujourd’hui ! Car oui, ce film est très ancré dans le quotidien.
Pour ma part j’ai trouvé que l’atout du film s’était sa simplicité. Pas de fioriture, pas de sous-intrigue, on reste collé à l’évolution du personnage sur un laps de temps court et important de sa vie. Du coup ça avance vite, ça va à l’essentiel, c’est fluide, et il faut reconnaitre un naturel certain au métrage, essentiel si l’on veut se confronter à la réalité. Néanmoins quelques bémols : l’intrigue reste un peu convenue, sans doute par le choix du « conte moderne » car c’est de cela dont il est question ici. Il n’y a jamais vraiment d’accroc, on devine ce qui va survenir, ça coule presque trop bien pour un film vrai. Je note aussi une fin plutôt ratée. On dirait que les Dardenne ne savait pas trop comment bouclé leur film, et à vrai dire ce n’était pas chose aisée, mais la durée assez étriquée du film (1 heure 20) pouvait laisser espérer une petite dizaine de minutes supplémentaires histoire de trouver une conclusion plus concluante.
Au niveau réalisation c’est très bon. Beau travail sur la photographie, lumineuse, fraiche, parfois éthérée qui m’a rappelé un peu le cinéma d’Emmanuel Mouret. Un cadre bien choisi et convaincant, et la mise en scène est carré mais jamais roide, elle se fait discrète pour accentuer l’aspect « cinéma vérité » des images, et en même temps elle reste toujours là pour éviter de sombrer dans l’objectivité pure et dure. Je ne m’étendrai pas sur la bande son, généralement parent pauvre chez les Dardenne, ici réduite à quelques brèves apparitions.
Le casting est inégal. Thomas Doret et Cécile de France sont à la hauteur et campent des personnages intéressants bien que parfois agaçants (surtout la deuxième qui relève quand même sérieusement du manichéisme du conte). En dehors de ces deux-là le petit dealer est très bien campé, mais les autres acteurs ne sont clairement pas aussi investis. Jérémie Rénier apparait peu et il m’a pourtant déçu, ne semblant pas crédible dans son personnage, étant trop théâtral dans un film qui se veut naturel. Les seconds rôles de manière générale ne m’ont pas paru avoir suscité une grande attention d’écriture, et ce sont un peu des coquilles vides.
Je dirai en conclusion que Le Gamin au vélo est un métrage que je conseillerai malgré tout, du moins à ceux qui aiment ce registre bien particulier. Le film est très propre, fluide, séduisant par sa simplicité. C’est quelque chose qui manque souvent à ce cinéma vérité, boursouflé sous les effets, le pathos et les messages engagés. 4