L.A police fédéral ou LA simplification poussée au maximum. Nous allons donc exprimer ici le plus possible comment ce film arrive à développer des shémas extremement simplifiés, dans l'action, la structure narrative, le scénario surtout; et aussi que malgré cette lacune (qui en est bien une) le film arrive à développer son intrigue de manière assez surprenante; ce qui est d'autant plus surprenant face à de tels shémas simplifiés.
Pour continuer, ce qui est surprenant c'est surtout le fait que malgré ces actions hyper simplifiés, malgré ces intrigues hyper tendu en ligne droite (la direction d'un point à un autre la plus courte) le film garde des personnages qui ne sont pas si cliché que ca. Et pourtant il ne reste pas très complexe.
Le problème est encore le choix de développement des personnages. Il n'y a pas assez de développement à l'expression des personnages, comme dit dans plusieurs autres critiques : les scènes ne résonnent pas assez avec le personnage principal et donc le personnage principal n'est pas pris au sérieux ! Ce n'est plus un personnage principal au centre de l'histoire, et cela ne sert à rien de lui donner du temps car ce n'est pas ce qui fait la principauté du personnage, cela en fait juste un personnage allongé que l'on voit plus souvent que les autres, un personnage qui participe précisement à l'action, mais cela n'en fait pas un personnage au centre même de l'histoire. Il est simplement une sorte de marionnette-si c'est censé être le personnage principal-si il n'est pas au coeur de l'action, il ressemble plus ou moins à un personnage secondaire. On pourrait penser que ce n'est pas si grave (effectivement on pourrait penser que le fait qu'il n'y ait pas de cinéma du tout ce n'est pas si grave) mais le problème est que plus rien ne résonne sur rien et tout devient simple résolution d'un problème (en quelque sorte l'intrigue épiée par une sorte de chemin contenant conflits, obstacles mais, même une fois la fin du chemin atteind, ne ménant nulle part). On bascule donc vers ce qu'on nomme le divertissement, un pur produit du passe temps, en quête constante de non sens. Pour cela, une fois de plus, on regarde la télé, pas le cinéma. On regarde thor 3, mais on ne pretexte pas qu'on crée du cinéma; et surtout on ne dit pas derrière qu'on adore fight club parce que cela serait une insulte au film, ce serait la pire chose possible, aimer un film sans raison particulière, ce serait sous entendre que ce film est à classer dans la catégorie marvel et que les gens qui ont aimé ne l'ont aimé que sans raison, fight club ne doit pas devenir un phénomène de société ou de statut social : il est un film, il ne faut pas l'oublier, il est fait pour l'individu, propre à son ressenti, c'est une oeuvre d'art. Le personnage principal doit donc être au coeur du film, affronter son problème qui est et illustre le propos du film, ce qu'il a envie de dire; et derrière on doit faire connoter chaque personnage, chaque scène, chaque objet, chaque choix, chaque paysage, chaque endroit, chaque costume, avec le personnage et son problème. Tout ne doit pas être connoté par rapport au personnage : oublier les absolus. Il faut que l'idée directrice du film soit largement représenté, c'est tout, par tous les moyens. Et elle doit aussi être assez riche pour qu'elle puisse rendre chaque scène et chaque choix extremement diversifié dans l'intervalle du film, voire même pouvoir faire ca à l'infini (même si un film avec des scènes à l'infini est inconcevable). Si les choix du réalisateur ou du scénariste ne sont pas fait en connotation avec le propos du film, ni directement avec le personnage principal (on parle ici de la surface des concepts et non de leur essens car sinon ils sont plus ou moins liés) alors c'est qu'ils sont inconscients la plupart du temps. Exemple : le choix de l'été dans un film, cela signifie quelque chose : l'été peut exprimer la solitude (tout dépend encore de la manière de le réprésenter, car le symbole de l'été n'est pas ici universelle ni social mais clairement lié à l'individu à savoir au scénariste ou au réalisateur), cette solitude est relative à un problème chez l'artiste, elle est une angoisse qui remonte à la surface. Et cette angoisse traduit et crée aussi le personnage, il est donc évident que le choix de l'été et du personnages seront, d'une certaine facon, intrinséquement lié, car l'angoisse perpétue et fait remouvoir de nombreux problèmes, personnages et créations (pour être plus global) similaires, pris dans le même bain, même si il y a sans cesse de la difference il y a toujours une sorte de pot commun (infini donc pas réellement saisissable et pas réellement commun non plus, puisqu'il évolue aussi dans le temps il n'est pas si immauble que ca mais une sorte d'ensemble reste et perdure assez longtemps pour dire que globalement ce pot commun n'est pas changé); c'est pour cela que l'on va retrouver le style d'un réalisateur : précisement pour cette angoisse qui remonte à la surface qui se dégage dans toutes les formes du cinéma que sont les personnages, le problème, le propos ou même le choix que l'artiste va accorder à son oeuvre, à son film, le propos du film en soi n'étant pas si important mais baignant dans une même spirale avec de nombreuses choses qui sont toutes liées entre elles et lorsequ'on les regarde de manière globale et même précise (dans une autre certaine vue evidemment) on y retrouve une même manière de créer, un style. C'est pour cela que, même si un choix semble isolé du propos, du personnage ou pas spécialement cohérent ni en rapport avec ceux ci, il est si fort que le réalisateur a absolument besoin de le mettre : parce qu'en réalité ils sont tous liés et connotent tous ensemble, c'est pour cela que quand rien ne connote avec rien on ne sent pas l'oeuvre mais simplement une maitrise et le suivi d'un mode d'emploi pour réaliser un produit, une chose qui n'est pas une oeuvre d'art mais simplement un passe temps.
Le problème, donc, dans ce film, ce sont les shémas narratifs de l'action dans chaque scène, à chaque fois il s'agit de donner au spectateur ce qu'il attends mais en le surprenant, bref ici le problème est que le shéma est simplifier au maximum rendant le potentiel d'action-de surprise-extremement faible, limité, voire même irreductible. On peut prendre deux scènes en exemple : lorseque les receleurs de billets, les hommes noirs, se battent contre Matters et son collegue, ici on commence bien evidemment par montrer les receleurs gagné le combat (alors qu'on aurait pensé le contraire après avoir vu Matters le méchant seul dans la maison et donc qu'il a un plan. Au passage ils gardent d'ailleurs le spectateur dans le brouillon quand ils font lever Matters de sa chaise et qu'il agit calmement, on se dit alors : "bon il n'a pas de plan en fait il ne va rien se passer" alors que finalement il y a combat) et ensuite on voit Matters le gagner, simplement par un tour de passe passe dans l'action, même pas d'articulation scénaristique ou de raison, tout se fait dans la cascade, c'est assez pauvre : ils gagnent le combat alors qu'ils étaient clairement malmené, tout ca sans explication, sans même rajout d'un personnage.
[Un des thèmes du film c'est le mensonge. Mais ici ce n'est pas le mensonge des infiltrés. Ce n'est pas le mensonge qui empoisonne les personnages de manière intrinsèque, jusqu'à les rendre malade de paranoia. Ici c'est l'histoire qui est affectée par le mensonge, elle en vient par être corrumpu de toutes ses sources où tout le monde se trompe, chaque personnage subit le mensonge dans ses formes les plus primaires, de manière concrète et extrasèque, dans les faits de la vie des personnages. Ce n'est pas un mensonge qui les atteint intérieurement jusqu'à les remettre en question, les rendre dingue, fous, et en danger avec eux même. Un mensonge qui va jusqu'à créer chez eux un conflit interne (dimension que l'on repère souvent chez les personnages Scorsesien), une tension totale, une grenade prête à exploser, un désespoir, un profond malheur. Une pression prête à exploser. Ici le mensonge affecte chaque personnage, il abime leur paroi externe mais sans la briser, il ne vient pas les torturer à l'interieur d'eux]
Une autre partie pourrait être consacrée à l'excellence absolue de la scène hyper maitrisée du vol des diamants. Chaque plan est génialissime, réellement. Une scène qui renverse totalement le film et le rend assez captivant. C'est un peu l'un des caractères du film : très peu de scènes d'action, très peu de scènes de manière générale, une enquête courte, tout est consacrée autour de cette scène. Les acteurs sont doués aussi, mais les personnages ne sont pas assez développé encore une fois c'est un aspect extremement négligé dans les films d'actions.
Le film se révèle donc avoir des très bons atouts et reste pourtant globalement pauvre et peu rythmé. C'est très étonnant à voir, on est donc en face d'un film qui est moyennement ennuyant ici et attirant par là, par ci par là ambigu. C'est un film simplifié à son maximum, cela lui donne des avantages, notamment rendre la scène d'action completement incompréhensible, ce qui était le but : être confus et ne comprendre qu'une seule chose : qu'ils risquent leur vie, car lorsequ'un film est simplifié il se cache, reste timide, et ne divulgue que très peu les modalité de ses structures, sa manière de créer et de faire; il ne donne que très peu d'informations et donc ne divulgue pas les secrets de son cinéma, l'avantage de cela est qu'on ne presque rien anticiper. On décèle tout de même quelques secrets, mais ici le fait que le FBI est derrière le coup est totalement caché jusqu'à révelement. Le quasi-non étonnement des personnages durant l'action fait que l'on est presque pas étonné non plus que des mafieux soient autant armés. Le film révèle qu'il entreprend de surprendre dans chaque scène (comme celle ou les noirs et les blancs s'attaquent) et de la même manière quasi systematiquement, notamment aussi pour la scène où Carl Cody (john turturro) s'échappe finalement. C'est toujours le fameux "surprend le spectateur avec ce qu'il attend". Pourtant ici dans cette scène du vol de diamant on ne s'attend à rien car le film en est tellement simplifié qu'il ne nous donne aucune informations sur les flics, leur facon d'opérer, il ne nous donne rien sur tous les autres personnages du film, sur des scènes qui pourrait prendre en compte la psychologie des autres personnages (comme le commissaire par exemple), pour pouvoir connoter avec le reste des personnages où chaque perso aurait un effet sur l'autre : non ici on reste dans un cercle très fermé au niveau du travail de ces deux policiers. Le film garde donc d'excellentes scènes mais il reste trop simplifié et cela est à la fois un avantage (comme démontré précedemment-afin de rester secret en quelque sorte et de peu se dévoiler) mais aussi un défaut car il empeche au film de pouvoir développer un propos, d'avoir vraiment quelque chose à dire comme parler clairement, globalement et de manière détaille de la corruption et du mensonge par exemple; l'auteur prefère ici s'attacher à l'histoire et au déroulement de l'intrigue plutôt qu'au reste. C'est dommage car c'est ce qu'est un grand film : pouvoir développer un propos avec une maitrise cinématographique (de l'histoire, du suspence, de la mise en scène...), un grand film arrive à dérouler les deux en même temps, en les confondant petit à petit. Ils doivent les associer ensemble; comprendre les deux ne suffit pas, il faut pouvoir les lier ensemble, développer l'histoire en assemblant les deux sans que cela se remarque, cela doit se faire de manière naturelle; une grande histoire maitrisée et un propos parfaitement développé et détaillé à l'interieur, le propos doit être développé en même que l'histoire, les deux doivent se confondre et se répondre mutuellement, tout doit connoter avec tout, c'est cela un grand film : toutes les parties du film qui se renvoient la balle. Ici le film a un propos trop pauvre, une histoire qui est trop distincte, trop décalée du propos.
Maintenant le film attire, il n'a rien de mignon, d'attachant, de mielleux, il ne parle pas de quelque chose en soi concretement (à part evidemment de mensonges, tout le monde se ment sans cesse dans ce film), il n'a donc pas réellement de connotion. Il puise sa difference dans la facon de filmer surtout, dans la non redondance du flic cliché, mais il garde certains stéréotypes dans sa manière de construire les actions. Il est difficile d'expliquer pourquoi ce film arrive à captiver l'attention alors qu'il est pourtant si simple. Cela semble plutôt contradictoires, pourtant le film arrive à nous montrer que non, et c'est là qu'est sa force. Pourtant une simplicité reste contradictoire avec un film riche et complexe, bref avec du cinéma quoi !
FIN