Avant toute chose, je tiens à préciser une chose : je n’ais vu aucun des autres films d’Alexandre Aja, pas même le remake de "La Colline à des yeux" ou "Piranha 3D" dont on me dit autant de bien que de mal. De ce que je sais sur le réalisateur français, il est aujourd’hui autant réalisateur que scénariste et producteur, sachant qu’il a été acteur dans plusieurs films d’Alexandre Arcady pour des petits rôles avant de se lancer dans une carrière de réalisateur avec "Haute Tension" qui lui avait permis de se faire connaître avant de réaliser le très apprécié remake de "La Colline a des yeux". C’était donc pour moi une première avec un des films d’un réalisateur français qui évolue à l’échelle international en dehors de Luc Besson et de son dernier film assez prétentieux.
Il faut savoir qu’"Horns" est un film qui m’intéressait depuis très peu de temps seulement et dont j’ais suivi la promotion avant la sortie du film dés le mois dernier, car la bande-annonce montrait clairement un mélange de plusieurs genres pour un conte fantastique assez imprévisible mais dont l’histoire n’arrivait pas à trouver un bon équilibre entre les genres qu’Aja avait décidé de mélanger pour adapter le roman Corne de Joe Hill sur grand écran. Malgré tout, il y avait trois raisons qui me poussaient à aller le voir en salle : la première, c’était l’envie de voit ce que pouvait faire un autre réalisateur français évoluant désormais à l’échelle international comme Luc Besson, la seconde raison a pour nom et prénom Daniel Radcliffe alias le Harry Potter du cinéma, et oui étant un fan de la série de film adaptant l’œuvre de J.K Rowling j’était vraiment attiré par l’idée de voir l’acteur britannique évoluer après le succès des films dont il était le héros, et la troisième raison j’aime les contes adapté au cinéma, et j’avais en particulier adoré "Le Village" de Shyamalan alors j’avais aucune raison de dire non à une première avec Alexandre Aja pour un conte fantastique.
Et au final c’était une drôle d’expérience mais je ne suis pas du tout mécontent de l’avoir vécu, je comprends un peu mieux pourquoi autant de monde considère son style de cinéma comme particulier mais ça ne va pas plaire à tout le monde et les avis vont être partagés sur ce film mais je vais quand même essayer d’expliquer en quoi ce film vaut le coup d’œil. Et pour garder les bonnes habitudes on va parler des acteurs et évidemment quoi de mieux que de parler de Daniel Radcliffe : et honnêtement ça fait du bien de voir qu’il est largement capable de jouer des rôles plus matures et très éloigné du petit sorcier auquel il nous fait vraiment pensé, il est crédible et parfaitement à l’aise devant la caméra, son personnage est aussi intéressant par l’interprétation qu’on peut donner grâce à son parcours et à son évolution, l’idée du héros accusé
à tord
du meurtre de sa petite amie n’est pas nouveau et tout est mis en place pour qu’on le prenne plus ou moins en pitié mais là ou le film ainsi qu’Ignatius gagnent en originalité, c’est avec l’idée de faire du personnage le diable sur terre capable de connaître les désirs les plus noirs et secrets dans son entourage afin de poursuivre son enquête montrons clairement en quoi le personnage est lui aussi une victime dans cette affaire. Le seul reproche que je pourrais faire, c’est le fait qu’on ait gardé Keylan Blanc pour prêter sa voix à l’acteur dans la version française, alors ne vous méprenez pas c’est pas mal doublé et on sent que le comédien fait vraiment son travail mais en prenant en compte le fait qu’on a un adulte et non plus un jeune adolescent à l’écran, ça risque d’en gêner certains, personnellement je m’y suis habitué mais j’aurais préféré qu’on trouve un comédien avec une voix plus mature pour l’acteur.
Juno Temple était bonne aussi, son personnage apparaît assez souvent dans les flash-back qui posent un problème de rythme au film mais j’y reviendrais, et elle était convaincante et bien investie pour les scènes qu’elle avait à jouer, au moins son rôle ne se limitait pas à simplement être la copine du principal protagoniste et même si son personnage de Merrin reste assez classique dans son développement et sa création, elle reste assez attachante pour qu’on l’apprécie (et au moins il n’y avait aucun problème avec Kelly Marot pour la VF, bien au contraire). Max Minghella, que je suivais à la plupart de ses apparitions depuis la première fois que je l’ais vu jouer dans "The Social Network", était assez bon pour paraître crédible mais là encore, son personnage n’est pas spécialement nouveau non plus
en tant que gros enfoiré qui se veut pure et bienveillant alors que c’est le grand coupable qui était également amoureux de Merrin et avait mal interprété la soirée ou elle a mis fin à sa relation avec Ignatius
. Joe Anderson était très convaincant lui dans le rôle du grand frère drogué et totalement paumé au final, et en plus de ça il offre une des scènes les plus fortes du film
lors de son overdose démoniaque quand Ignatius le pousse à consommer toute sa drogue après lui avoir fait le point sur ce qu’il était réellement en le faisant culpabiliser à mort
. Kelli Garner elle, faisait plus office de soutien morale qu’on oubliera rapidement et d’élément comique lorsque Ignatius découvrira ses pouvoirs, mais elle le fait bien pour le peu de temps qu’elle apparaît. James Remar et Kathleen Quinlan étaient correct pour le peu de moment ou l’on voyait les parents d’Ignatius à l’écran quoiqu’ils avaient l’air trop ridicule à un moment mais on y reviendra, par contre David Morse aurait mérité d’être plus mis en avant avec le personnage qu’il interprétait mais il n'est que secondaire au final. Dans l’ensemble, Aja sait diriger ses acteurs et ça ne déçoit pas de ce point là mais ça aurait pu être bien de développer d’avantage les personnages secondaires.
En revanche, niveau musique : c’est assez oubliable, ce n’est pas mauvais et elle accompagne en général bien la plupart des scènes du film mais je n’en avais aucune en tête et souvent c’était des tubes repris par Robin Courbert pour le film dont certaines chansons de Rob Zombie ou David Bowie qui sont certes sympa et marchent bien avec les scènes ou ils sont utiliss mais bon ce n’est pas mes artistes préférés, ce n’est pas désagréable mais ce n’est pas avec ça que le film se distingue et quand ça intervient pour passer d’une scène violente et extrême à une scènes qui se veut plus émotionnelles, ça fait une transition qui ne fonctionne pas. D’ailleurs ça va être l’occasion de parler de la réalisation d’Alexandre Aja, techniquement on sent que le mec sait gérer la caméra et s’amuse même à filmer certaines scènes.
Mais lorsqu’il fait une transition d’une scène à une autre ça pose souvent problème : par exemple, passer du moment présent à un flash-back qui dure trop longtemps entraîne certaines longueurs assez frustrantes et agaçantes, je ne dis pas qu’ils sont inutiles au contraire ça a son importance mais parfois ça traîne inutilement et ça casse l’atmosphère qui s’était crée précédemment, il aurait fallu les rendre plus court et mieux les placer dans l’intrigue pour que la transition soit vraiment nickel chrome, et puis certains passages font vraiment série B pour un film qui avait un si bon concept
comme la mort de Lee qui, bien que jouissif et m’ayant laissé un sourire, n’est pas vraiment en bonne liaison avec le reste du film et gâche assez le final.
Mais ce n’est malheureusement pas le seul point problématique de cette adaptation, passons maintenant au scénario qui représente tout ce qui pourra plaire ou pas au public. Alexandre Aja mêle à travers ce film 6 genres différent du cinéma et tente d’apporter des nouveautés à travers ça, en gros il mélange l’horreur, la comédie, le fantastique, la romance, le thriller et le drame.
Et pour être tout à fait honnête, c’est très farfelue et audacieux comme tentative mais en soi c’était même une bonne idée de faire un tel mix et en soi le scénario se tient bien et la plupart des genres fonctionnent la plupart du temps et apportent une atmosphère étrange qui est volontaire. L’horreur est là avec certaines scènes qu’Aja s’éclate à filmer, la comédie marche plutôt bien voire même très bien et amène parfois un ton décalé et un humour noir vraiment hilarant
comme la scène ou l’on voit une mère dans la salle d’attente chez le médecin qui avoue à Ignatius vouloir tuer sa fille et forniquer avec le joueur du golf en ajoutant au passage qu’il est noir et qu’il a une sacrée manche à l’entrejambe comme tout noir qui se respecte selon la madame, je pourrais aussi parler de la scène ou le docteur saute l’infirmière qui lui sert d’assistante alors que Radcliffe était encore en plein sommeil et qu’il devait se faire couper les cornes, et encore j’en passe.
La romance marche bien également même si ça n’apporte pas grand-chose de nouveau non plus les deux personnages concernés sont assez bien écrit pour qu’on apprécie leur histoire d’amour et leur drame, l’aspect thriller fonctionne et le fantastique aussi au final mais il y a un paquet de moment bizarre qui fait que ce film se noie littéralement dans son mélange de genre et n’arrive plus à trouver ses repères au bout d’un moment.
Le meilleur exemple que j’ais en tête est
le passage ou Daniel Radcliffe rend visite à ses parents après avoir eu ses cornes et que ces derniers lui avouent leur secrets les plus sombres : comme sa mère qui ne veut plus l’avoir comme fils et en passant je ne sais pas si le fait qu’à chaque fois qu’elle le voyait lui donnait envie de chanter était censé être comique ou pas du coup j’étais resté très perplexe à ce moment là, et ça ne s’est pas arrangé avec le père et ses révélations qui arrivent juste après et se veulent sérieux en apparence alors que la scène précédent était carrément ridicule et pathétique.
C’est l’un des principaux soucis du film : Aja a des idées intéressantes pour réussir à les transposer et les mélanger, il ose des choses et on ne peut pas lui reprocher ça mais c’était trop gourmand pour lui et ça vient souvent casser le rythme et l’ambiance du film quand ce dernier arrive à s’installer. Et pour revenir au scénario, il y a quand même quelques inutilités et incohérences qui viennent entacher un peu le travail du réalisateur,
par exemple le laboratoire dont on parle au début du film, il sert à quoi au juste ??? On ne le voit jamais, on nous le mentionne mais on n’a pas d’image de l’incendie en question ou de quoique ce soit et les paroles du père d’Ignatius sont trop vague pour être vraiment utile sur ce point. Autre élément qui a été trop vite oublié et mis de côté, la nana du petit fast-food qui avait menti aux journalistes pour paraître dans les journaux et faire accuser à tord Ignatius se fait attaquer dans sa voiture par les serpents sous ses ordres et ressort plein de morsure et… c’est tout… on n’a pas plus sur elle et on ne sait pas du tout si elle a crevé (ce qui est très probable) ou si elle a prévenu les flics, comment on peut oublier un détail pareil en sachant qu’elle est un élément clé dans cette affaire ??? Et en ce qui concerne Lee, pourquoi ce dernier ne tente pas de tuer immédiatement Ignatius lorsqu’il le revoit vivant, sans brûlure juste devant chez lui alors qu’il lui a avoué son meurtre un peu plus tôt, c’est complètement stupide ??? Ou encore, est-ce normal que Terry puisse sortir aussi vite de son lit d'hôpital et venir sur les lieux du crime alors qu'il était au lit un instant plus tôt ??? Et pourquoi avoir mêlé le flic homosexuel dans le climax, c'est pas comme si il était important et si c'était pour lui donner une mort de cartoon gore, c'était pas nécessaire ???
J’ais surement oublié d’autres éléments, après tout je ne suis pas le premier à donner mon avis sur ce film et certainement pas le dernier, mais est-ce que je n’avais pas dis que l’expérience en valait la peine ? Et bien, certaines scènes fonctionnent vraiment comme le moment ou Ignatius découvre pourquoi Merrin voulait le quitter, ou encore le plan séquence du début du film qui en soi est vraiment très bon et dans l’ensemble, ça reste un film intéressant mais qui ne séduira pas la majorité des spectateurs.
Pour conclure : si la première heure fonctionne en grande partie mais que le film perd en intensité ensuite, ça n’en reste pas moins un film spécial avec un ton décalé, une bonne esthétique dans la mise en scène, des bons acteurs et un concept de base intéressant mais ça n’empêche que le film manque de maîtrise dans sa seconde partie et pas mal de mauvais choix ont été fait empêchant le tout d'être entièrement mémorable et palpitant, malgré tout on peut respecter le réalisateur pour avoir tenté un style moins conventionnelle et plus personnelle en apportant quelque chose. Et je le redis mais, ce film ne fera pas l’unanimité, le mieux c’est d’aller le voir par vous-même et d’en faire votre avis.