Il fallait bien un British pour adapter le roman graphique d’une Anglaise. Et qui mieux que Stephen Frears, réalisateur britannique célèbre pour avoir porté sur grand écran Les Liaisons Dangereuses (avec John Malkovich, Glenn Close et Michelle Pfeiffer). Saul que là, il n’est pas question de drame mais d’une comédie légère. Et bien que les thèmes de la coucherie, de la tromperie et de l’inceste soient tout de même de la partie, la différence est toujours présente. Un défaut pour le film ?
À première vue, ce qui attirait en priorité chez Tamara Drewe, ce n’est pas le nom du réalisateur ni l’histoire. Personnellement, j’ignorais tout cela et ce même s’il était au Festival de Cannes 2010, hors compétition. Non, celui, ou plutôt celle, qui portait le film sur ses épaules, c’est l’actrice principale du projet, Gemma Arterton. Vous savez, la jeune comédienne qui a démarrer dans RocknRolla et qui s’est fait remarquée en James Bond Girl dans Quantum of Solace pour enchaîner les blockbusters tels que Le Choc des Titans et Prince of Persia. Ici, elle se retrouve en tête d’affiche d’un film (en plus de La Disparition d’Alice Creed). Et, il faut le dire, la voir en tenue légère (short et t-shirt moulant) dans une bande-annonce qui n’en disait pas long à part que ça va être un chouïa chaud, c’était suffisant pour attiser les « curieux ». Voilà ce qu’il fallait retenir de la promotion de Tamara Drewe. Encore fallait-il que le film soit intéressant à suivre.
Et au final, l’histoire de Tamara Drewe est des plus basiques. Soit un village de la campagne anglaise dont la (trop grande) tranquillité va être bouleversée par le retour de Tamara, jeune journaliste ayant subi une chirurgie esthétique (le synopsis insiste sur ce détail), qui va éveiller les sens d’écrivains, de rock stars et d’autres hommes en manque d’inspiration et de sensation. Et du coup, les hormones de certains vont s’affoler ! Les faisant devenir tels des moustiques attirés par la lumière et qui ne peuvent s’en détacher. Entraînant avec eux destruction de couple (l’un des prétendants est marié, déjà coupable d’inceste et pourtant pardonné), passé qui ressurgit (les déboires de Tamara avant son opération, ce qui entraînait quelques conséquences sur ses relations amoureuses et d’un moment) et liaisons bancales (qu’elles soient amoureuses ou platoniques). Mais attention, Tamara Drewe n’est pas un film érotique ! Tout ce qui est décrit ici n’est que partiellement montré (ou du moins entendu), si ce n’est pas suggéré pour permettre aux spectateurs d’avoir de l’imagination (comparé aux écrivains que suit le film). Quoiqu’il en soit, cela ne suffit guère à rendre le tout fort intéressant.
Pourtant, Tamara Drewe détient quelques atouts qui arrivent à le rendre sympa à regarder. À commencer par son côté british (de la part d’un cinéaste anglais, ce n’est pas étonnant) : un thème propice à un drame, raconté et filmé ici avec une légèreté sans pareil. Si d’autres comédies anglaises se sont montrées bien plus convaincantes que ça (je pense notamment à Good Morning England), ce film en possède les caractéristiques. Sujet assez complexe et même par moment dur mais accompagné d’une BO plutôt gai et mélodieuse, une touche comique (malheureusement difficile à cerner par instant) qui n’a pas peur d’user de l’humour noir (ou plutôt si, tant ce genre n’est pas assez exploité dans Tamara Drewe) et des personnages hauts en couleurs (dont la rock star). Mais ce qui marche le plus dans le film, c’est sa mise en avant de l’ironie, qui se montre être le moteur principal du film. En effet, chaque relation naît ou se disloque de la sorte. Sans compter que même si Tamara a de quoi faire frémir, ce n’est pas sa beauté qui va perturber la vie du village. Mais bien l’obsession d’une seule et unique gamine, qui désire, plus que toute autre chose, sortir avec la rock star. Et ses actions pour y parvenir vont entraîner les diverses liaisons citées plus haut. Pour finir, bien entendu, sur une touche ironique adéquate, teintée de cet humour noir qui manque quelque peu.
Enfin, je terminerai sur une seconde note positive : la distribution. Tous, sans exception, joue comme il se doit. Surtout cette chère Gemma Arterton, pétillante ! Grandement accompagnée par Roger Allam, Luke Evans et plein d’autres. Mais surtout par un Dominic Cooper grandement excentrique (la rock star, c’est lui !) et par les prometteuses Jessica Barden et Charlotte Christie, les deux gamines qui vont être à l’origine de tout ce tralala sentimental.
Mais cela n’empêche pas Tamara Drewe de n’est qu’une comédie british bien trop gentillette pour être mémorable. Pour mener un projet à bien, un casting prestigieux ne suffit pas. Il faut traiter le reste. Et malheureusement pour Stephen Frears, son Tamara Drewe n’est pas assez original ni drôle (du moins, pas suffisamment) pour que l’on s’y intéresse grandement. Juste le temps d’un visionnage sympathique, et l’affaire est dans le sac bien trop rapidement.