On avait quitté Stephen Frears avec l'académique et boursouflé Chéri, que même la présence d'une Michelle Pfeiffer viscontienne n'arrivait pas à sauver, on le retrouve au milieu des vaches dans une comédie so british plutôt rafraîchissante. Vaudeville élégant et cru, Tamara Drewe se déguste avec plaisir et sans arrière pensée. Les personnages se dessinent les uns après les autres, chacun campé dans un archétype savoureux dont il explore les limites tout au long d'un récit rythmé, à la fois drôle et mélancolique. Tamara Drewe c'est un peu Desperate housewives en mode royal, les velléités culturelles en plus et le rêve américain en moins. Quoi que : en opposition à l'universitaire outre-atlantique venu chercher l'inspiration dans ce gîte pour écrivains (lieu central de l'action), la jeune Jody, adolescente survoltée et machiavélique est l'incarnation parfaite du "yes we can" yankee. Peines d'amour, libidos contrariées, rêves de gloire ou d'argent, quêtes d'authenticité, photos volées, portes qui claquent et scènes de ménage, messes basses et belles déclarations, il y a tout cela dans Tamara Drewe. On voit le regard malicieux de Frears derrière la caméra, devinant le plaisir qu'il a dû prendre à tourner cette comédie estampillée "made in england". Rien à dire côté casting : aux côtés d'acteur "déjà vus quelque part", notons le sexy Luke Evans, l'excellent Dominic Cooper en rock-star sur le fil du cliché, et bien sûr, l'actrice du moment, la délicieuse Gemma Arterton (sorte d'Audrey Tautou anglaise en plus jolie). Mais la révélation du film, celle dont le personnage est plus central que Tamara elle-même, c'est la jeune Jessica Barden, formidable en effrontée fleur bleue. Nous ne sommes évidemment pas au niveau des meilleurs films de Frears, mais on peut se réjouir de ce retour de jeunesse en terres anglaises, à la fois humble et bien troussé.